Des sagouins qui osent blasphémer en plaquant le Requiem de Mozart en ouverture de leur second album, pour mieux nous cracher à la tronche une sauvage reprise de BATHORY en fin de parcours sont forcément des gens recommandables. C’est en tout cas ma vision des choses, qui semble-t-il est partagée par une fanbase fidèle depuis la sortie du cacophonique Storm of Evil il y a de cela…neuf ans. Pas vraiment pressés les américains de PERVERSION, visiblement à l’aise à Détroit, et pas vraiment des bourreaux de travail. Depuis 2013, à peine quelques friandises bestiales à nous mettre entre les oreilles, des démos, un pauvre EP et c’est tout, et pas de quoi sustenter notre soif de violence…Jusqu’à ce Dies Irae, fort en gueule, en décibels et autres riffs mortels.
Portés par l’institution nationale Hells Headbangers Records, les membres de PERVERSION ont enfin remis le couvert pour tous les sauvages de la planète, prêts à déguster une tranche de Death/Thrash tartare et bien saignante. Loin des standards du cru, prônant une simplicité de ton et une brièveté d’action, PERVERSION a toujours développé sa musique avec ambition, nous offrant des morceaux d’une durée rallongée, pour mieux exploiter cette brutalité viscérale qui les caractérise. Et en termes d’ambitions, Dies Irae se pose là, et même ailleurs.
Immédiatement, la production sourde et primaire agresse les oreilles. Avec un son diffus et touffu, le trio (Alan Hoover - basse, Pete Gibbs - batterie et Fernando Conde - guitare/chant) distille ses à-coups mortels, et nous entraîne dans des enfers personnels certes légèrement paillards, mais pas moins effrayants pour autant. On a le sentiment parfois que notre AGRESSOR national a percuté l’écurie sud-américaine des années 80 lors d’une tournée commune, accident aboutissant à cette incroyable déflagration que répercutent des titres comme « Bhagavad Genocide » ou « Decapitator ».
Le principe est simple : jouer le plus grave possible, se souvenir des enseignements de SUFFOCATION et VADER, jouer comme si son casse-croute en dépendait, sans oublier le plus important : construire des titres évolutifs en déconstruisant la violence la plus crue.
Dies Irae, vu de l’extérieur, est un marigot infâme, marais de la misère et de la mort charriant son lot de corps putréfiés. En se calant sur la ligne du parti nostalgique, et en poussant le bouchon de la canne à pêche le plus loin possible, PERVERSION nous bouscule de tous les côtés, mais montre un visage séduisant, et une aura brillant dans le noir. Il faut dire qu’entre cette barbarie à la VENOM/HELLHAMMER et cette puissance à la DEICIDE dans la boue, Dies Irae est largement plus conséquent que la concurrence, trop portée sur les hymnes bâtards de deux ou trois minutes chrono. Et si les deux premiers morceaux restent raisonnables, la cassure se produit à l’occasion de « Axioms of Domination », premier titre à annoncer la déferlante à venir.
A partir de là, les choses sont claires et la musique de plus en plus grave. Les accélérations sont miraculeuses, les interventions vocales immondes, les blasts épars et les riffs toujours aussi circulaires. Sans aller jusqu’à convoquer les dieux de l’originalité aux agapes du culot, les trois résidents du Michigan parviennent à imprimer leur sale patte sur un Death/Thrash beaucoup moins prévisible que la moyenne, méchant comme un rat enragé, et vilain comme un boogeyman à moitié cramé.
Joyau sur la couronne d’excréments, « Unveiling the Primordial Revelation » et ses huit minutes et quelques de démonstration pure et dure. Après une intro en grandes pompes, le titre prend son envol, et résume trois ou quatre décennies de violence musicale, piochant Thrash pour mieux poser Death, trouvant de fait un équilibre très stable entre les deux genres.
On pourra regretter le son de batterie un peu trop Pleasure to Kill, et la guitare mixée avec les asperges, mais la puissance phénoménale que dégage cet album nous ramène aux grandes heures de l’évolution de la méchanceté, lorsque des groupes comme INCUBUS ou SADUS commençaient à grogner plus fort que les autres. Cryptiques d’une certaine façon, ces jours de colère en sont vraiment, et pas une vulgaire plainte sans écho. On prend note de ces ralentissements glauques, on déguste ces montées dans les tours fatales, et on se satisfait pleinement de cette vilénie sans excuses, qui a les arguments de sa morgue.
Très probant sur son propre répertoire, PERVERSION l’est aussi lorsqu’il s’approprie l’œuvre d’autrui, comme le démontre ce « Possessed » emprunté à feu Quorthon, et refermant l’album sur un hommage tout à fait légitime.
Dies Irae excuse donc largement de ses qualités ces neuf années de silence, passées à se demander si la perversion serait à nouveau à l’ordre du jour. Pervertis, soyez youpi, vos héros sont de retour et visiblement toujours pas aigris.
Titres de l'album :
01. Dies Irae (Intro)
02. Bhagavad Genocide
03. Decapitator
04. Axioms of Domination
05. Fathomless Cruelty
06. Unveiling the Primordial Revelation
07. Barbaric Execution
08. Migration into Darkness
09. Possessed (BATHORY cover)
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