Si vous avez lu Da Vinci Code de Dan Brown, le concept du cryptex doit vous être connu. Souvenez-vous, cet espèce de petit objet renfermant un papyrus secret qui se dissout au contact du vinaire s’il est forcé, et que Robert Langdon parvient à ouvrir pour enfin trouver le St Graal. Le néologisme inventé viendrait de la contraction des mots cryptologie et codex, mais la trouvaille n’est pas dénuée de sens pour peu qu’on la résume à son statut de mini coffre-fort inviolable. Le mystère donc, le jeu de pistes, la connaissance d’une légende ou d’une partie de l’histoire, mais surtout, quelque chose qu’on se transmet de génération en génération, pour qu’un secret reste bien gardé. Cette analogie est parfaite au moment de parler de CRYPTEX, groupe étrange venu d’Allemagne, et accusant plus d’une décennie d’existence. Les albums du trio ont en effet cette patine opaque qui les rend si précieux, mais aussi difficile d’accès pour le néophyte découvrant leur art par hasard, ou le chaland préférant les choses plus marquées et précises. Il est donc très difficile de situer la musique de ces musiciens au long cours qui ont décidé un jour de ne pas choisir entre Rock, Pop, Progressif, expérimental, alternatif, pour proposer un mélange délicieux, sucré mais corsé, alambiqué mais simple d’aspect, et reposant sur deux éléments majeurs : la dextérité technique et une imagination débridée. Nous sommes donc loin des produits proposés habituellement par SPV/Steamhammer, et très loin d’un Heavy Metal de base ou d’un Power Metal classique. Ici, la folie créative est à l’honneur, la sensibilité est exacerbée, et la démence douce et contagieuse, et certains morceaux proposent une échappatoire magique à la réalité de la production qui privilégie souvent une normalité confortable.
Fondé en 2009, CRYPTEX est avant tout un trio d’iconoclastes (Simon Moskon - chant/claviers/basse, Marc Andrejkovits - guitare/basse et Andre Jean Henri Mertens - guitare), qui en une poignée d’albums ont défini les non-limites de leur propre monde. Si les auteurs jugent leur second album un peu formel et osons leur propre terme, « constipé », leur premier album reste un modèle de naturel pour eux, naturel qu’ils ont souhaité retrouver avec cet Once Upon a Time. Avec l’aide du batteur Simon Schröder, les trois comparses ont cherché le son parfait pour illustrer leur démarche 2020, et l’ont visiblement trouvé selon ce que j’ai écouté sur ces treize morceaux riches aux textures profondes et complexes. En résumant l’affaire à un Metal progressif expurgé de toute prétention trop arty, on peut facilement dessiner les contours d’un disque qui se propose de traiter la mélodie et le rythme différemment, de façon plus instinctive et spontanée. Toutefois, ce travail est réfléchi n’en doutez pas. Chaque arrangement est à sa place, mais cette musique sonne organique, comme le fruit d’une collaboration entre trois poètes musicaux se laissant guider par leurs humeurs. C’est ainsi que l’on passe d’une contemplation de clavier à une fièvre de guitare, sans que la transition ne choque. L’aspect un peu poppy de l’affaire pourra sans doute rebuter les puristes, mais ces instants, loin d’être déplacés confèrent à l’ensemble une énergie incroyable, à l’image du souple « Haunted » qui évoque un mariage entre PLACEBO, MARILLION et THE TEA PARTY. Pas étonnant dès lors que le groupe ait pu tourner et jouer avec Alice COOPER, PAIN OF SALVATION, THRESHOLD, et quitter leur Allemagne natale pour jouer aux Etats-Unis. Leur musique leur permet de s’adapter à tous les contextes, à tous les styles, sans paraître trop générique ou le cul entre deux chaises. On reste admiratif face à cette façon presque opératique de traiter une harmonie simple et pure, qui entre leurs mains devient un signal lancé du paradis de la musique, une corde tendue entre le ciel et la terre.
D’un autre côté, ne prenez pas cet album pour une petite chose fragile qu’il convient de manipuler avec précaution. Once Upon a Time, comme tout conte de fée qui se respecte recèle aussi des moments d’agressivité et de tension, et lorsque la guitare lâche ses riffs, elle ne fait pas semblant. J’en veux pour preuve le monstrueux et élastique « Body Language », qui mélange QUEENSRYCHE, DREAM THEATER, YES et OOMPH !, et qui propose un refrain dantesque, laissant un lick énorme rebondir sur une rythmique en trampoline. La brièveté des morceaux n’entame en rien leur richesse, et il n’est pas rare de trouver deux ou trois plans porteurs pour quatre minutes d’agencement, sans que la cohésion n’en pâtisse. La voix de Simon Moskon, particulière mais attachante permet à l’instrumental de partir un peu où il veut, mais jamais n’importe où. Certes, cet instrumental est plus Rock que Metal dans le fond, mais un peu d’ouverture d’esprit n’a jamais fait de mal à personne, d’autant plus que lorsque le côté métallique se réveille, il ne le fait pas à moitié comme sur le refrain aux tonalités subtilement orientales de « Two Horned Crown ». Il y a donc de tout sur cet album, susceptible de séduire le plus grand nombre, mais surtout, les amoureux d’une musique affranchie de tout carcan. Parfois, l’optique du groupe s’affilie à une forme simplifiée de PORCUPINE TREE matinée de Devin TOWNSEND orchestral (« Reptiles »), et de temps à autres, elle s’éloigne radicalement du Rock pour fricoter avec une Pop anglaise délicieuse et ludique (« I Don’t Know Why », petit plaisir coupable au clavier taquin). Tous ces aspects différents et complémentaires confèrent à l’œuvre une personnalité unique, sorte de conte pour les oreilles, qui s’écoute comme on lit une histoire merveilleuse à ses enfants. Sauf qu’ici, le propos n’est pas d’endormir, mais bien d’éveiller à d’autres possibilités, de proposer quelque chose de différent, de plus cristallin mais pas mièvre pour autant (« I See It In Your Eyes »), et lorsque la voix termine sa narration sur « Leaving », l’aventure se termine, laissant un souvenir impérissable dans les mémoires.
Rarement musique n’aura sonné aussi libre et naturelle, et le talent des allemands éclate au grand jour par l’entremise de Once Upon a Time, fable pour grands enfants encore capables de croire que la musique n’est pas une affaire de style, mais de culot et de sincérité. Une œuvre fascinante, qui demande plusieurs écoutes pour être apprécié dans sa globalité et ses détails, et une très belle surprise dans l’actualité musicale. Ici, pas de nostalgie bon marché, pas de conformisme rassurant, mais de la curiosité saine, et une aventure hors du commun.
Titres de l’album :
01. Once Upon A Time
02. Because The Reason Is You
03. Bloodmoon
04. Body Language
05. Two Horned Crown
06. Haunted
07. Reptiles
08. I Don’t Know Why
09. The Promise Keeper
10. I See It In Your Eyes
11. A Mo(u)rning
12. Leaving
13. Closer
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