Nous tombons à l’occasion de cette chronique dans la fange de l’humanité, en direct de New-York City, mégapole suintant le malaise, le désespoir, et le crime désorganisé. Les grandes agglomérations déshumanisées sont le théâtre de crimes de plus en plus violents, de trafics d’êtres humains dans les rues pourrissantes, et de découvertes macabres sur les quais, entre puanteur insupportable et eye-candy pour pervers déviants.
Rien de bien folichon, encore moins de quoi illuminer un avenir qui a déjà été avalé goulument par les ténèbres. Le terrain de jeu dédié à tous les bruitistes de la terre, qu’ils évoluent dans un registre Hardcore provocant, ou sur un terrain de jeu Death/Black qui truque les parties comme un homme politique les cartes.
GRAVESEND est donc le plus parfait exemple d’une maladie qui pourrit les systèmes nerveux et qui embrume les cerveaux au point de les rendre perméables au vice et allergiques à la vertu. Depuis quelques années, ce trio s’échine à retranscrire un quotidien fait de morts suspectes, de souffrance réelle, tout en composant une musique agressive, sale, sombre et étouffante de poussière noire.
Deux ans à peine après l’entame longue-durée Methods of Human Disposal, GRAVESEND revient d’une humeur encore plus maussade. Toujours en équilibre sur les potences Black/Death/Grind, les trois new-yorkais (A - guitare/chant/synthés, S - basse/chœurs/synthés et G - batterie) nous proposent aujourd’hui seize tranches de vie aussi épaisses que les boursouflures d’une mort par noyade, et reviennent sur la scène de crime de leurs exactions passées. Et le résultat n’est pas très joli à entendre, le boucan dégagé étant au moins proportionnel au volume d’une trentaine de sirènes de police à l’approche.
Très concret, ce Crossover noisy nous rappelle à quel point la vie est un tas d’ordures entre trois merdes de chiens. En écoutant les seize morceaux de ce second long, on peut humer la transpiration des prostituées fatiguées, ressentir le dernier souffle d’une victime au mauvais endroit au mauvais moment, et tester la résistance d’une bande de sans-abri qui se tiennent chaud à la bibine et au tonneau enflammé.
Gowanus Death Stomp est plus un long couloir de métro empestant l’urine qu’une allée dégagée à la pelle le matin de Noël. Accident de la route fatal, il décrit un quotidien fait de frustrations et de déceptions, de résignation et d’acceptation d’un sort peu enviable. Mais ce tableau brossé avec grossièreté n’est pas exempt de petits détails qui se remarquent avec un peu d’attention. Et dans ce maelstrom de brutalité surnagent des plans tout à fait accrocheurs, comme si la mort était un gimmick que l’on peut vendre comme le dernier gadget à la mode.
Si BATHORY et HELLHAMMER s’étaient donné comme point de rendez-vous le premier EP de MAYHEM, le résultat eut été le même. Fondamentalement irritant mais fascinant, Gowanus Death Stomp est une course en avant pour échapper à un destin peu enviable, entre deux commerces décatis et deux macs tapant la causette sur le trottoir humide.
L’ensemble tient debout, collé par divers fluides séminaux. Le Death est putride, le Black analogique, et le Grind un peu plus sale que la moyenne. Emmené par une voix immonde toujours à la limite de la rupture d’une rhino-pharyngite, GRAVESEND aligne les cartouches, et tire à vue sur tout ce qui bouge un peu trop rapidement. Noirci comme la gueule d’un mineur après quatorze heures de boulot sous terre, Gowanus Death Stomp n’est pas vraiment l’hymne « on rentre du boulot », mais plutôt, « à peine fini, on remet ça le lendemain ».
Les flics qui tournent dans la ville ferment les yeux sur les délits et quelques crimes, pour mieux se concentrer sur les beaux quartiers, au dépend de ceux plus populaires ou la masse humaine effectue un tri sélectif par elle-même. Nul besoin d‘intervenir lorsque les couteaux sont plantés dans les bides, et lorsque les portefeuilles disparaissent des poches. On se réserve pour des trucs plus crades, des corps qui flottent ou des éviscérations nocturnes.
Et le bilan est lourd en cette nuit crasseuse.
On soulignera le travail remarquable opéré par les transitions, passant d’un son lourd et oppressant à une cavale dans les ruelles les plus mal famées, et on se laissera séduire par les clins d’œil torves à la scène BM américaine la plus odorante.
Les GRAVESEND pissent sur les cartes postales, et préfèrent tenir un journal intime des douleurs les plus sourdes d’une ville en piège à rats. Rats qui restent évidemment, pour mieux refourguer leurs maladies et fouiller dans les poubelles de restaurants en plein manque d’hygiène. Les attributs rigides, les accélérations fatales, et les ambiances à la limite de l’Indus transforment cet essai en nouvelle écrite la main levée, lorsque la nuit commence à renifler le cul des chiens errants.
Moche, mais terriblement concret. Et ces mouches à merde qui volent autour de vous sont autant d’indices sur les possibilités de rémission d’une ville qui crève petit à petit dans l’indifférence des grands ensembles.
Titres de l’album:
01. Deranged
02. 11414
03. Even a Worm Will Turn
04. Festering in Squalor
05. Code of Silence
06. Gowanus Death Stomp
07. Streets of Destitution
08. Make (One's) Bones
09. Crown of Tar
10. Thirty Caliber Pesticide
11. The Third Rail
12. Mortsafe (Resurrection Men)
13. Lupara Bianca
14. Carried by Six
15. Vermin Victory
16. Enraged
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
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Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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