Plantons le décor avant de rentrer dans le (très) vif du sujet. D’une, Bordeaux est passé hier soir sous la coupe EELV, ce qui est plutôt bon signe, à l’instar d’autres villes françaises. De deux, pour les ignares (dont je faisais partie avant ce matin), Anaxagore dit « de Clazomènes » en Ionie (près de Smyrne, en Asie Mineure), est un philosophe présocratique grec, né vers 500 av. J.-C. et mort en 428 à Lampsaque, considéré comme « le plus grand penseur du milieu du ve siècle av. J.-C.1 », et qui s’est entièrement consacré à la recherche savante et à l’explication rationnelle des phénomènes naturels. Voilà qui est posé, les deux éléments n’ayant rien à voir l’un avec l’autre sauf que…Les ANAXAGOR (sans « e » donc) viennent de Bordeaux, et méritaient donc une introduction claire et nette. Pourquoi parler de ce groupe de Nouvelle-Aquitaine sans avoir de bonnes raisons ? Justement parce qu’ils sortent leur premier album, et que celui-ci regroupe du beau monde, en périphérie du projet principalement. D’abord, parce qu’on retrouve à la production de cet éponyme début Sylvain d’EXOCRINE, qui a fait bosser nos amis girondins comme des ânes pour obtenir le son idoine. Ensuite, parce qu’avec le soutien du label référentiel Great Dane Records, nos amis furieux du jour sont hébergés par une écurie fameuse. Outre leurs têtes de gondole CARCARIASS et NIHILISM, les responsables de Great Dane ne sont jamais les derniers à chercher la perle rare dans les locaux de répétition, et c’est sans doute alertés par l’excellence des compositions qu’ils ont décidé de prendre sous leur aile ce quintet sans peur ni nom de famille (Alex - chant, Jérémie - batterie, Mathieu - basse, Antonin et Rémi - guitares). Mais pour être plus exhaustif, d’où viennent donc ces preux chevaliers de la défonce sonore ? De Bordeaux comme déjà indiqués, où le concept de violence a été agencé par Antonin et Fed (parti depuis). Après quelques ajustements, le groupe nouveau-né a balancé une démo à compte d’auteur (Only the Strongest, un live au studio Barbey), avant de se concentrer sur un avenir plus professionnel.
Ce futur prend aujourd’hui la forme d’un premier full lenght, auto-intitulé, qui se cache sous une sublime pochette dessinée par Fed et reprise en couleur par le magicien Jeff Grimal. Faites le calcul vous-même, Sylvain, Great Danes, Jeff Grimal, en gros, des gens qui ne s’associent pas avec n’importe qui pour faire la charité, et je sens votre curiosité aiguisée au maximum. Et vous avez de quoi être impatient d’écouter les dix compositions qui jonchent cette première œuvre, œuvre qui se cache derrière une caution Thrash/Death, la plus opaque qui soit, puisque le mélange à tendance à toujours plus pencher d’un côté que de l’autre. Mais chez les ANAXAGOR, pas question de céder aux coups de boutoir d’un Death impitoyable, ou de s’en remettre uniquement à la fluidité du Thrash, et les deux sous-genres trouvent donc tribune égale sur ce premier long, qui sous couvert d’un caractère très formel, propose une recette éprouvée, mais intelligemment et brutalement exploitée. Rien de neuf à attendre d’un album comme Anaxagor, si ce n’est une efficacité de tous les instants, quelques moments de flair plus intimes, une puissance à décorner Satan lui-même, et une relecture des canons du genre avec un regard contemporain. D’ailleurs, les bordelais n’hésitent pas à injecter à leur passion old-school un peu de sang neuf, histoire de ne pas se faire enterrer dans une époque qui n’est pas la leur. Avec quarante-quatre minutes au compteur, la crainte principale de ce genre d’écoute reste une linéarité roborative et lassante, écueil que les cinq musiciens ont brillamment évité de leur approche multiple. Basant leurs thèmes sur des jeux vidéo et des ouvrages de science-fiction, les compositeurs nous ont troussé un effort de premier choix, et étonnant de maturité pour un groupe formé il y a si peu de temps. On sent évidemment que les influences qu’ils revendiquent ne sont pas là pour faire joli et attirer le chaland (SLAYER, MEGADETH, METALLICA, LAMB OF GOD, DECAPITATED, EXODUS, DEATH ANGEL, HAVOK, WARBRINGER, TESTAMENT, MACHINE HEAD, GRIP INC., LOUDBLAST, SEPULTURA, subtil mélange d’arrière-garde et de presque jeunes loups), et si la musique présentée sur cet album revêt un caractère très classique, certains morceaux n’hésitent pas à plier le moule un peu trop solide pour se montrer plus originaux que la moyenne.
En témoigne le très malin et sombre comme de la poix « Fame of Thrash », au titre cliché, mais au développé/couché très intéressant, avec ces riffs dark et ces grognements plus retenus qui collent un peu les miquettes. Evidemment, tout ceci reste légèrement prévisible, mais entre une production nickel et claire, une énergie ne se démentant pas, des intervenants très capables dans leur domaine, et une osmose générale qui fait plaisir à entendre, ce premier LP se déguste comme une petite friandise Death/Thrash relevée, mais qui ne crame pas totalement les esgourdes. Tout commence d’ailleurs aussi Thrash qu’un grognement d’AT THE GATES, et « The Plague » d’imprimer la cadence pour ne pas perdre le cap. Entre des cassures précises et des breaks millimétrés, les bordelais nous attaquent par la face nord et sud en même temps, et font montre d’un panache certain dans la créativité classique. A mi-chemin entre le Thrash de Papa, le Death de tonton, et celui qu’écoute le fiston, Anaxagor est un concentré d’époques et de méthodes, toujours alerte, et perméable à des arrangements plus personnels, comme l’intro très finaude de « Shepard ». Vous l’aurez compris, le but du jeu est de s’inspirer du passé pour se sentir à l’aise dans le présent, joindre les époques avec des transitions intelligentes, et se faire plaisir dans l’hommage sans le transformer en paraphrase bête et méchante. On apprécie particulièrement le jeu de batterie de Jérémie, qui blaste quand il le faut, et qui n’abuse pas de sa double pédale, et la complémentarité des riffs. Le chant d’Alex, assez rauque et monolithique garantit la caution Death, et brille dans les moments les plus furieux (« Panopticon »).
C’est donc du presque tout bon, avec des inserts plus caractéristiques de la première vague de violence mondiale (« Blood Lord »), un parallèle intéressant à dresser avec les NO RETURN, quelques facilités qui restent à gommer (« Louder than All », trop facile les gars !), mais un bilan global plus que satisfaisant. Pas étonnant de constater le soutien dont a bénéficié le groupe, qui se montre sous un jour flatteur, et qui mérite largement la confiance qui lui a été accordée. Pas certain que la fumée qui se dégage de la rondelle soit bonne pour l’environnement girondin, mais ANAXAGOR semble à même de s’inscrire sur la durée et de cautionner la nouvelle optique écolo de sa ville, avec quelques slogans hurlés du fond d’un champ de blé.
Titres de l’album :
01. The Plague
02. Shepard
03. Stomping on a Face
04. Rise from your Grave
05. Fame of Thrash
06. Panopticon
07. Blood Lord
08. Louder than All
09. Born to Frag
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@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
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Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
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