Une pochette étrange pour un disque plutôt franc… c’est le paradoxe du premier longue-durée de LUST HAG, qui comme beaucoup de projets BM tourne autour d’un seul musicien. Ou plutôt d’une seule musicienne. Derrière LUST HAG se cache Eleanor Harper, artiste omnipotente qui gère sa carrière d’une main de fer, mettant sur pieds de nombreux concepts. Mais celui-ci est évidemment le plus important de sa petite écurie, avec déjà pas mal de formats sur le marché.
Eleanor Harper est fondamentalement brutale. Composition, enregistrement, production, mixage, artwork, elle prend tout en charge et s’en sort à merveille. Et si d’aventure, l’étiquette Raw Black qui lui est accolée vous gêne, dites-vous qu’elle n’est qu’une facette de sa personnalité et de son travail. Pas question ici de grotesque ragout de sons disparates, vaguement assemblés par des cris et une fine ligne directrice, mais bien de chansons, rudes, âpres, mais construites, logiques, mélodiques, mais pas moins violentes pour autant.
This is extreme Heavy Metal dedicated to the beautiful pissed off princess in us all.
Cette phrase en dit plus long qu’il n’y parait sur les intentions de l’auteure. Avec un lettrage rosé, et des allusions à la princesse qui est en nous, Eleanor s’adresse à ses pairs, ses consœurs, et un peu à tout le monde, en prônant une brutalité sourde et sèche, mélancolique parfois, mais très aride, avec en contrepoint de cet ascétisme une poignée de riffs et d’ambiances plus « mainstream ». Autrement dit, le résultat est plus proche d’un album de BM ambitieux noyé dans une production maison approximative, que de la bouillie sonore profitant d’un son immonde pour se faire passer pour du trve plus vrai que nature.
Tout est réduit à l’essentiel. Les instruments ont tous leur place, les cris de la chanteuse percent les tympans comme à la grande époque des fêtes païennes norvégiennes, mais l’instrumental réserve de grosses surprises. En prenant l’exemple probant de « Dagger of Magdalene », on parvient à situer le champ d’action, entre Black vraiment sombre et Death Metal décharné, le tout recouvert d’un nappage d’arrangements synthétiques tout sauf gratuits. Eleanor parsème ses créations de breaks, de silences, de reprises abruptes et de déviations mystiques, pour rendre l’écoute ce cet éponyme encore plus passionnante.
« A Deep Gouge » est lui aussi un chapitre intéressant. Très dur et sans concessions, il accepte néanmoins l’apport d’un riff accrocheur, pour mieux s’éloigner du piège du BM minimaliste et chaotique. Et en définitive, malgré les avertissements de rigueur et les alertes de genre, Lust Hag est un album tout à fait abordable, qui laisse un souvenir durable.
Mais les plus fêlés des accros au bruit et aux dissonances sont aussi les bienvenus. Eleanor a tout simplement profité du meilleur des deux mondes, pour garder une approche artistique et non nihiliste. Elle ne rejette aucunement les fans classiques, et leur propose une alternative fascinante : un Black raw, mais dense et créatif.
L’éthique se situe plus au niveau de la forme que du fond. Avec un travail plus accompli au niveau du mixage, Lust Hag eut été une nouveauté plus classique, et plus à même de fédérer les masses noires. Mais le parti-pris de LUST HAG est justement de cacher ses ambitions derrière un mur sonore infranchissable et une misanthropie musicale manifeste. Le tour n’est pas pendable, et confère justement à cette première œuvre une aura indicible, de celles qui nimbent les œuvres les plus cultes de l’underground.
Le pinacle est atteint lors de la conclusion « A Narrow Escape » qui justement combine tous les éléments déjà cités. Une sècheresse de ton sans adoucissement, des plans qui se percutent en toute logique, et une ambivalence entre mélodies amères et vocaux décharnés, qui aboutissent à un décalage énorme entre l’attachement au minimalisme et les ambitions plus musicales.
LUST HAG se place donc en directe lignée des influences les plus classiques du BM nordique. Avec ce petit plus de cruauté nord-américaine (« Pursuit of the Nameless Hag » et « An Evening Most Dire » en sont les exemples les plus parlants) qui permet à Eleanor de briguer un trône qu’elle mérite, et de laisser parler la princesse noire et rose qui est en elle.
Et ne comptez pas sur elle pour baisser le volume ou nuancer son propos.
Titres de l’album:
01. Pursuit of the Nameless Hag
02. A Deep Gouge
03. Dagger of Magdalene
04. Safety for Now...
05. Mother Miriam
06. An Evening Most Dire
07. A Narrow Escape
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09/12/2024, 12:15
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09/12/2024, 10:26
Si j'ai bien compris il sera encore à pied d'oeuvre en studio.Et c'est le batteur de British Lion qui prend sa place en Live. C'est pas foufou comme annonce.
08/12/2024, 16:04
Il reste officiellement membre du groupe pour les albums etc ou c'est un départ officiel et définitif ?
08/12/2024, 15:12
À plus de 70 balais c’est compréhensible. C’est déjà incroyable cette longévité et ils peuvent arrêter maintenant ça ne choquera personne. Merci et bon vent
07/12/2024, 20:27
La vache ! Très curieux de savoir qui prendra son tabouret. En tout cas, pour avoir rencontr&eac(...)
07/12/2024, 17:46
Hey !! Mais merci pour cette super chronique !!On aurait pas fait mieux !!!
07/12/2024, 16:52
Couillu de sortir ça en France, je compte les jours avant un strike d'une assoc' ou d'un justicier des RS pour "isme", "apologie de", ou tout autre joyeuseté de la sorte.
05/12/2024, 08:36
ça m'a rappelé un film qui aurait apparaitre ici : get him to the greek ;)
04/12/2024, 09:46
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
Bravo pour remettre en lumière un groupe à part et spécialement la partie la plus ancienne de l'histoire de Stille Volk, largement méconnue (j'ai appris des choses). C'est en partie à cause du faible nombre d'interviews qu'ils ont pu fai(...)
02/12/2024, 20:13