Le label :

« Pas de sons cristallins, pas de solo émouvant ou peaufiné, pas de virtuosité, ceci est du METAL. Et rien d‘autre, sous sa forme la plus pure, tirant son inspiration du début des années 90 et du culte de la mort. La destruction de la civilisation telle que vous la connaissez s’accompagnera d’explosions nucléaires, et au son des hymnes composés par UPON THE ALTAR »

Le groupe :

« Un diabolique et pur hommage aux années 90. Cette haine sombre et un seul leitmotiv : détruire toute existence. Si vous n’êtes pas convaincus, barrez-vous. Mais si c’est le cas, accompagnez-nous le long des dangereuses allées des cimetières, où la mutilation rituelle s’accompagne des plaisirs charnels. Et essayez de ne tuer aucun être vivant en écoutant cet hymne morbide à l’extinction totale ».

Avec ça, les polonais d’UPON THE ALTAR et leur maison de disques nationale Putrid Cult mettent les choses au point, un peu de la même manière qu’ont certains réalisateurs underground d’accoler un avertissement sur leurs films les moins recommandables. Fondé en 2019, le collectif de Tarnów a d’abord proposé une démo l’année dernière, sans nom, avant de préparer son grand sabbat pour nous en revenir chargé de haine et de ressentiment. La hype les accoude au zinc du Blackened Death Metal, mais on peut les envisager comme un groupe extrême, dans le sens le plus généraliste mais noble du terme. Car ces trois polonais, armés des plus mauvaises intentions, nous offrent avec Absid Ab Ordine Luminis et son latin un peu pompeux l’un des efforts les plus lubriques et sales de cette année 2021.  

Dans un style qui ne supporte ni la demi-mesure, ni les erreurs de jugement, les polonais s’en sortent avec bien plus que les horreurs : ils acceptent le prix de la luxure le plus mérité du moment. En teintant leur Death putride et souillé d’une touche de Black des origines, celui de BATHORY et BEHERIT, ils parviennent à suggérer des émotions primales, et torchent hymne sur hymne, jouant avec le tempo et la gravité des riffs pour nous enfoncer encore plus profondément dans leur obsession pour l’occulte et la macabre. Mais loin des exactions les moins tolérables du genre (Amérique du Sud, Sud des Etats-Unis), Absid Ab Ordine Luminis garde son intérêt et sa cohésion de bout en bout pour explorer les tréfonds d’une humanité agonisante qui finira de souffrir dans la chaleur des égouts les plus obstrués d’immondices.

Après tout, et sans établir de comparaison gênante, peu de groupes sont capables de composer une ignominie de la trempe de « Mortuus Est Rex », qui grouille comme du HELLHAMMER rongé par les vers, et qui swingue comme du CANCER en phase plus que terminale. Acmé de lourdeur oppressante et de moiteur ignoble, ce morceau est un manifeste à lui seul, et la preuve que les UPON THE ALTAR sont au-dessus de la mêlée des groupes maléfiques constellant l’underground.  

Sur ce premier album, tout est crade, noir comme la poix, épais comme un glaviot craché à la face du bon goût, mais séduisant dans la décadence. « Crown Of Weakness », malgré son entame sans pitié pour nos tympans, place les pions, et démontre que les musiciens en sont, et qu’ils maîtrisent leur sujet. Ce Death des origines maltraité pour sonner encore plus diabolique convainc sans forcer, même si les instrumentistes mettent le paquet pour nous persuader de les suivre dans leur quête terminale. « Wolfs Of Napalm » de sa violence ouverte mais rieuse nous ramène à la grande époque d’IMPALED NAZARENE, en trempant toutefois la plume dans l’acide des bains coprophages d’AUTOPSY. Vitesse raisonnable mais intensité incroyable, ce premier effort des polonais n’en fait aucun, et découle de façon si naturelle qu’on se demande si effectivement, ces trois-à ne remontent pas des enfers.

Les arguments promotionnels du groupe et de son label prennent alors tout leur sens au fur et à mesure de l’avancée des pistes. Sans vraiment dévier de sa ligne de conduite, le groupe mixe les éléments, et délivre une homélie diabolique à même de convertir les plus sceptiques. Les arrangements accentuent le sentiment de possession qui colle un peu les foies (« Blasphemare Absens Fides » a des airs de TERRA TENEBROSA repris par les IMMOLATION), et la durée restreinte du LP nous oblige à voir la réalité en face, crue, et repoussante.

En ne choisissant que les thèmes les plus porteurs, Absid Ab Ordine Luminis fédère de son horreur, et nous propose une symphonie en hommage à cette fin du monde prévue de longue date. Une fin du monde qui pourrait arriver plus vite que prévu si l’on en croit l’épilogue infernal « Hapax Legamenon », et qui nous sauvera du marasme une bonne fois pour toutes. Alors, en effet.

Pas de sons cristallins, pas de solo émouvant ou peaufiné, pas de virtuosité, ceci est du METAL. Et rien d‘autre, sous sa forme la plus pure, tirant son inspiration du début des années 90 et du culte de la mort

Mais êtes-vous prêt pour ça ?

Titres de l’album:

01. Crown Of Weakness

02. Wolfs Of Napalm

03. Expire

04. Mortuus Est Rex

05. Blasphemare Absens Fides

06. Absid Ab Ordine Luminis

07. Hapax Legamenon

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