Ils ont la tête de ceux à qui on ne la fait pas, ou plus. La photo sur leur site officiel ne trompe pas : ces musiciens savent ce qu’ils veulent, et depuis longtemps : en l’occurrence, jouer un Hardcore métallique très puissant, nerveux, street orientated, et si le Canada est le pays du bonheur et de la politesse, ces cinq-là projettent une autre réalité, beaucoup moins cliché et carte postale.
Jouissant d’une excellente réputation intra-muros, les NORTHWALK sont de ces groupes qui évoluent dans l’underground, le rendant plus passionnant et crédible que jamais. Droits dans leurs bottes, ces québécois ne font pas de quartier, et nous déroulent un mur de fil de fer barbelé en plein dans l’avenir, à grands coups de riffs mortels et de harangues vocales nettes. Crossroads est déjà leur quatrième album, mais ils ont passé la croisée des chemins il y a longtemps déjà, peut-être même dès leur naissance. Autant les prendre au sérieux donc, d’autant qu’ils s’offrent pour la première fois une distribution australe via le label recherché Core 10-54. Une première collaboration donc pour un coup de poing qui ne fait pas dans la dentelle, t’arrache les dents de devant, et se casse sans regarder en arrière.
Du coup (de boule), vingt minutes sont largement suffisantes pour comprendre le propos. Il est exposé très clairement sur « Rotting Out », et ne dévie jamais de sa trajectoire dans les mâchoires. Tout au plus notons-nous quelques crises de colère plus prononcées, via une cadence d’abattage digne du bucheron champion canadien, mais le leitmotiv est inamovible : jouer comme si sa vie en dépendait, et propager la bonne parole de la triste réalité coûte que coûte. Dans les faits, rien ne distingue les NORTHWALK de leurs homologues Hardcore new-yorkais, français, anglais ou indonésiens. La même rage perceptible qui transpire des bits, les mêmes riffs qui moulinent la noirceur de l’existence, les mêmes rythmiques en chien de fusil, et les mêmes harangues vocales éructées comme dans un dernier souffle. De la violence, chaude, de la rage, en sueur, et une énergie à décorner les désespérés de la vie qui pensent encore que plusieurs individualités ne forment pas un collectif.
Alors, on pogote, on s’agite, on saute sur ses petite jambes trapues, et on encaisse les beignes, au nombre de neuf. Du Metallic Core dans toute sa splendeur, avec quelques passages moins prévisibles comme sur ce jet de bile « Empty Words » teigneux comme une armée de pitbulls courant après les mollets d’un facteur impudent aux factures trop régulières pour être honnêtes. La réalité de la vie, la rue, les espoirs qui s’amenuisent, un avenir qui se dessine grossièrement en catastrophe, pour une musique qui se veut la bande-son d’une lucidité salvatrice : nous allons tous crever, mais réveillons-nous avant le sacrifice final.
Rien de bien nouveau, on connaît très bien tout ça depuis les années 80 et le réveil de NYC et de Boston, mais tout ça est tellement enragé qu’on se laisse convaincre de la probité, et les canadiens savent y faire pour nous fédérer comme un seul fan : une tornade aussi dévastatrice que « Fill The Void » remplit justement les trous de la conscience en hurlant sur les neurones encore actifs, et en montrant les crocs d’un Hardcore traditionnel, amplifié d’une bonne dose de Heavy sombre et poisseux. Grosse basse claire, rangs serrés, enregistré par David Plante, mixé et masterisé par Max Lacroix au House Of Gain Studio, Crossroads est un carrefour sur la route de la vie, carrefour cachant des bandes organisées prêtes à mettre le pouvoir au sol et lui tataner la tronche.
Autant rejoindre les rangs de ceux qui veulent faire bouger les choses, même si leur attitude et leur discours empruntent beaucoup aux prophètes d’hier. La rébellion et la colère étant des concepts intemporels, il est toujours digne de relever la tête pour ralentir la machine, et l’empêcher de nous broyer tout cru. Du moins temporairement.
Titres de l’album:
01. Rotting Out
02. Through Thick And Thin (feat. Get The Shot)
03. Prime Time
04. Push Me
05. Desolation
06. Empty Words
07. Fill The Void
08. Undisputed (feat. Trauma Model)
09. Reborn
Pas mal ! Très MGLA oui c'est clair. J'y trouve (un peu) de Satyricon aussi dans les passages Black'n Roll. A creuser.
29/03/2024, 13:41
J'ai cru un instant que c'était celui qui avait joué sur la compile metal militia... c'était SarcaZm, dommage.
29/03/2024, 08:37
C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.
28/03/2024, 16:07
Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)
27/03/2024, 00:16
Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...
26/03/2024, 13:16
Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)
25/03/2024, 20:05
C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...
25/03/2024, 09:21
Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.
24/03/2024, 19:53
J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)
24/03/2024, 13:34
"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules
22/03/2024, 09:04
A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.
20/03/2024, 12:18