Faut dire qu’en 2020, on avait le temps de faire quelques trucs pour échapper au COVID. Du jardinage, du tricotin, des visio-conférences, rattraper notre retard sur Netflix, prendre des nouvelles de la tante Jacqueline, emmener ses enfants au musée du bouchon à Liège, de la musculation pour perdre ses abdos kro, enfin tout ce qu’on n’a pas le temps de faire en temps…normal. Certains ont même poussé le vice jusqu’à créer de nouveaux groupes, comme les belges de MALFESTED. Se disant que le confinement était propice à composer quelques hymnes à la cruauté, ces musiciens originaires de Kortrijk ont finalement pris leur temps pour composer un répertoire solide, avec une seule philosophie en tête : réconcilier l’old-school avec l’actual-school, et réunir les deux générations de fans d’exactions brutales et viscérales. Ainsi est né en quelques mois cet EP autoproduit de six titres, qui propose une vision intéressante du Metal extrême en vogue chez nos amis belges, qui ressemblent d’ailleurs beaucoup à ce qui a pu se faire à une époque aux Etats-Unis. Admettant de solides influences consensuelles (EDGE OF SANITY, BLOODBATH, DEICIDE, CARNATION), MALFESTED ose donc le crossover occasion/neuf, et réunit dans un même élan de bestialité l’inspiration en vogue dans les nineties, mais aussi la façon d’accommoder les restes de la jeune génération.
Première constatation, malgré un travail effectué à la maison, la production de Shallow Graves est solide et méchamment professionnelle. Les invectives du chanteur semblent sortir des enceintes, les guitares sont dynamiques, et la batterie écrase tout sur son passage, bouffant les fréquences de la basse. Mais en optant pour une dualité vocale à la Glen Benton, le groupe insuffle à sa musique une sensation d’hystérie que la cadence globale accentue. Nous voilà donc en présence d’une force vive du Death européen, qui le joue avec dignité et respect, et dès l’attaque en règle de « Shallow Graves », l’enterrement est de toute beauté. Courte intro glauque, déluge de blasts, schizophrénie vocale, guitares qui virevoltent comme des vautours, l’ambiance est chaude, et les passages Thrash permettent de ne pas s’embourber dans le macabre trop forcé. Les musiciens sont méchamment en place et motivés, et ce phrasé vocal prend à la gorge sans relâcher son étreinte. On pense tout de suite à une fusion DEICIDE/BLOODBATH, et malgré le classicisme de l’affaire, on craque pour ces hymnes de débauche très judicieusement agencés.
Propre, ce LP/EP est manifestement le fruit de mures réflexions, mais a gardé cette spontanéité qui fait les grandes premières manœuvres. Inutile d’en souligner le formalisme, mais cette façon de faire la jonction entre le passé et le présent sans copier les copains nostalgiques est réellement pertinente et efficace, et les astuces rythmiques permettent de jouer avec les convenances, et de proposer un Death très groovy et accrocheur. Ainsi, « Masked with the Skulls of the Fallen » propose une véritable démonstration d’un batteur qui n’a pas les baguettes dans sa poche, et qui sait alterner les tempi avec un flair certain. C’est du brutal, mais du brutal malin et mélodique, qui n’hésite pas à casser son avancée en plaçant de ci de là quelques passages salement Heavy qui nous enfoncent le crâne dans la boue. A l’aise dans tous les secteurs de jeu, les MALFESTED sont évidemment animés de mauvaises intentions, mais ne nous veulent que du bien, et prouvent qu’ils restent d’habiles techniciens doublés de compositeurs capables. On ne recense plus le nombre de plans qui assurent de la fluidité à l’ensemble, et si les titres ne proposent rien de neuf, ils parviennent à réactualiser la légende sans tomber dans le piège de l’influence trop évidente. On évite ainsi la repompe pure et simple de MORBID ANGEL, SUFFOCATION ou DEICIDE, l’hommage un peu trop poussé à la HM-2, et de fil en aiguille, Shallow Graves nous entraîne dans son cauchemar sans avoir à forcer sur les images.
Violent, le Death des belges n’en est pas pour autant revêche et même si « Venefica (The Banished One) » n’hésite pas à pousser les BPM à fond, tous les fans de Metal extrême peuvent participer à la fête. Ayant parfaitement compris qu’une symbiose entre l’Amérique et la Suède était possible, et les vingt minutes passées en compagnie de nos amis de Kortrijk passent très vite finalement. Ce premier LP montre le visage d’un groupe en pleine possession de ses moyens, sûr de son fait, et déjà capable de plonger la tête la première dans les eaux bouillantes de la scène internationale. Un EP qui tient la dragée haute à des groupes beaucoup plus établis, et qui se savoure sur le pouce, comme une entrée roborative, mais vite digérée.
Titres de l’album:
01. Shallow Graves
02. Masked with the Skulls of the Fallen
03. Fields of Bloodshed
04. Venefica (The Banished One)
05. Incantations
06. Cistern of Souls
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19