N’en dites pas plus, Portland, Oregon, Headsplit Records (écurie ou tous les vieux canassons pouilleux Death/Grind vont s’abriter quand il n’y a plus d’herbe moisie à brouter), tout ça sent irrémédiablement mauvais bon, et m’attire dans ses filets. D’autant plus que le nouveau cheval en question a déjà laissé du crin sur l’herbe en se commettant dans un partage de faces avec les HACKSAW en 2019. Mais même sans aller jusque-là, TOUT ce qui vient de Portland est forcément digne d’intérêt, puisque vile, sale, mal débourré, et ce premier EP/LP des locaux d’APRAXIC ne fait aucunement exception à la règle. Formé en 2017 par des membres de WITCH VOMIT, PLEASURE CROSS, LORDS OF LIGHT & SEMPITERNAL DUSK, ce collectif de la terreur se propose de nous décrire le futur très dystopique qui nous attend, via cette magnifique pochette noir et blanc signée de l’artiste Matt Sticker. Cette superbe illustration aux personnages perdus dans une époque de violence et de misère nous donne donc une précieuse indication quant à son contenu, épais, sombre, bruyant et provoquant. Enregistré par Evan Mersky aux Red Lantern Studios, Edge of Human est donc une solide affaire de cruauté et de lucidité, enrobée dans un son énorme et gravissime, froid comme un hiver nucléaire, aux propos pourtant chauds de bestialité. Mais le Death Grind n’est jamais aussi efficace et terrible que lorsqu’il est joué de façon machinale et mécanique, et les huit morceaux de ce premier effort rappellent un mélange futuriste entre le Death sordide de CANCER et les écoulements nauséeux de MEATHOOK SEED.
Quatre hommes sont donc responsables de cette vision cauchemardesque d’un avenir condamné d’avance, Dustin Ferris (batterie), V.V (guitare), August Alston (chant) et J.H (basse et petit dernier depuis 2019). Et ces quatre-là ne plaisantent pas, même si leur propos n’excède pas la vingtaine de minutes. Mais ces vingt minutes sont si intenses qu’on aurait du mal à en supporter plus, l’attaque étant incessante, et les coups portés presque létaux.
Alors, bien sûr, au menu, du pur Portland qui s’agite dans ses propres caves, d’où émanent des sons étranges, extrêmement distordus, et qui s‘articulent autour d’une violence musicale visionnaire faisant sienne les prévisions les plus pessimistes des oracles sociaux. On en ressent les tremblements sismiques dès l’ouverture énorme de « The Edge of Human » qui de son down tempo éléphantesque joue le jeu d’un Death Metal très américain dans la brutalité, mais aussi terriblement suédois dans la froideur. Assourdissant, le barouf des quatre américains l’est, mais aussi très intelligent et diablement bien agencé. Sans s’en remettre à des blasts incessants et à une bestialité ouverte, le quatuor nous brosse donc le tableau d’une apocalypse annoncée, s’appuie sur une basse infrasonique, avant de laisser enfin le beat se lâcher au son de « Gap Sickness ». Les spectres des NAILS et de BRUTAL TRUTH pointent alors le but de leur nez, et il est possible d’imaginer une union entre les deux groupes pour tenter d’imaginer l’intensité produite. D’ailleurs, cette intensité continue sur fond de solo à la MORBID ANGEL via « Clandestine-Neuro-Implant », toujours aussi gras et dense. La danse est donc menée tambour battant, et la voix très rauque d’August Alston nous immerge encore plus dans ce bourbier d’espoirs foulés du pied, tandis que la guitare de V.V alterne les riffs glaciaux et les interventions mélodiques rigides.
Supporté par une rythmique inépuisable, le duo de tête se donne donc en spectacle, et il n’est pas joli-joli. Loin des concessions modernes et des arrangements faciles, APRAXIC se complait dans un traditionalisme boueux, joue avec les BPM pour nous déstabiliser, et se permet parfois des écrasements dantesques (« Room Full of Flesh ») pour occulter le peu de lumière filtrant encore par les vitres cassées. C’est évidemment aussi laid que ça peut l’être, déprimant, usant même, mais ça sent les tripes séchées et écrasées par les roues d’un tank urbain, ça empeste même les égouts de l’humanité, dernier refuge des survivants climatiques, et ça pile les tessons de bouteille au sol de ses grosses boots. Sadique, impitoyable, sans arrière-pensée autre que notre douleur auditive et morale, Edge of Human propose parfois des clins d’œil Crust de fort bon goût (« Master Blaster »), tout en s’accrochant à ce Death maladif et handicapé des sentiments, à cent lieues de la paillardise la plus Gore des représentants de la gaudriole Death tripailles.
Clinique, ce premier EP des américains est une prévision à long terme qui fait froid dans le dos, mais qui nous prépare au pire (« Brothel Of Hens »). Une façon comme une autre d’anticiper des années sombres à venir. Enfin plus bruyante que la moyenne quand même, à la manière de Portland.
Titres de l’album:
01. The Edge of Human
02. Gap Sickness
03. Clandestine-Neuro-Implant
04. Room Full of Flesh
05. Master Blaster
06. Brothel Of Hens
07. Putrid Prison
08. Baron of Ecstasy
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