Une signature sur MelodicRock Records est plus ou moins l’équivalent d’un paraphe sur un contrat Frontiers. Pour l’auditeur potentiel, cela signifie beaucoup, et surtout, des choses précises, des images musicales affinées, et la certitude de faire le plein de Hard Rock classique mais de grande classe. Dès lors, si je vous dis que Tony MITCHELL nous offre son nouvel effort en presque solo sur la maison de disques précédemment énoncée, vous saurez exactement à quoi vous attendre. Et si en sus, vous êtes un musicologue averti, vous connaitrez déjà le nom de ce multi-instrumentiste, et serez capable de citer les nombreux projets auquel il a donné naissance ces vingt dernières années, sans avoir à trop réfléchir. Pour les plus anciens, Mitchell était la voix de KISS OF THE GYPSY, groupe éphémère à l’unique album éponyme publié par la major Atlantic en 1992, époque trouble assurant la transition entre le Hard made in MTV et le Grunge made in Seattle. Pour les autres, ayant plus ou moins suivi le parcours du bonhomme, c’est aussi un musicien qu’on retrouve derrière les noms de MITCHELL, ONE, KINGDOM OF DEADMEN, BONEYARD ZOMBIES, SYD ZILLA, et plus récemment des DIRTY WHITE BOYZ, soit un vétéran de la scène mélodique européenne. Plus qu’un nom donc, Tony MITCHELL est une appellation, un sceau apposé sur un courrier adressé à tous les fans d’un Rock dur mais smooth à la fois, et la sortie de ce nouvel album en solo, le premier depuis 2011, sera une excellente nouvelle, et surtout, la garantie d’une écoute confortable, entre riffs acérés et chant apaisé, le tout emballé dans de riches arrangements, témoignant de la participation de guests à foison. Si Tony reste le maître d’œuvre indéniable de ce Beggars Gold, promettant des richesses aux pauvres hères que nous sommes, le casting de sa conception permet d’y intégrer les empreintes musicales de Chris Hunt, Paul Hume, James Marsh et Tim Manford aux guitares solo, d’Eddie Anthony à la batterie, de Daniel Sings au saxophone sur « Someone Like You » et de Sue Willetts au chant sur « What You Make It ». Soit une belle brochette de performers, pour un album qui ne trahit en rien les convictions de son compositeur principal.
Compositeur, et prolifique de surcroit. Malgré treize morceaux pour plus d’une heure de musique, on apprend vite en traînant sur la toile que vingt-deux titres avaient été composés pour Beggars Gold, avant que le prolixe anglais ne réduise la quantité pour augmenter la qualité. En résulte un album malheureusement toujours un peu long, qui aurait gagné à être amputé d’un bon quart d’heure et de trois morceaux pour devenir le classique qu’il aurait pu être. Non que les chansons deviennent vite des redites, ce qui est parfois le cas quand même, mais autant dire que certaines idées déjà bien usées à l’origine se voient réutilisées à intervalles réguliers, comme pour boucher des trous qui n’en avaient pas forcément besoin. Mais pas d’inquiétude à avoir, et au regard du parcours du bonhomme, ce nouveau LP en solo est d’une forte teneur en harmonies, en mélodies, louchant méchamment vers les années de gloire du genre, sans tourner le dos à des arrangements électroniques contemporains qui font du bien. Et l’écart séparant les conceptions AOR américaines des envies électriques européennes est d’ailleurs clairement marqué par le fossé séparant des titres juxtaposés comme le surpuissant et presque alternatif « Blind » (qu’ANGRA se serait fait un plaisir d’incarner), et le plus formel et délicat « What You Make It », qui à eux deux mesurent la distance qui sépare le passé du musicien de son présent. Très au fait des exigences usuelles de notre époque, Tony n’a donc pas hésité à tremper la plume de son respect dans les eaux des attentes du public avide de Melodic Rock moderne, et propose donc un panachage intéressant, faisant la jonction entre ses débuts Hard-Rock plutôt anonymes (mais réévalués par la suite) et sa réputation actuelle de musicien polyvalent (en sus du chant, l’homme assure les parties de guitare, de basse et de claviers). Mais comme je le disais en amont, et malgré un désir d’épurer pour mieux concentrer, l’album reste encore un peu long, et il conviendra après une écoute exhaustive de n’en retenir que ses haut-faits pour se fabriquer une compilation qui aurait pu/dû être la version définitive de ce disque plutôt attachant.
Pourtant, tout est passé en revue en termes de Hard Rock mélodique, et d’AOR musclé. De la ballade estampillée MAGNUM/FOREIGNER, qui ne recule devant aucun détail lacrymal pour nous prendre au cœur (« Someone Like You », le genre de tube que les 80’s adoraient et adulaient au point de les laisser grimper au sommet du Billboard), jusqu’au burner up in time qui ne cache en rien ses accointances Glam, en prenant quand même soin de les maquiller d’un fond de teint AOR à la ECLIPSE/W.E.T. (« Our Song »), en passant par des choix plus risqués et culottés comme ce très électronique « In Everyone Of Us », qui semble vouloir réconcilier les générations X et Y. Tony ne s’est donc pas moqué de son public, et nous offre un condensé de carrière un peu en forme de best-of déguisé, qui multiplie les allusions à sa trajectoire passée, et à ses travaux futurs qui à n’en point douter, délivreront aussi leur lot de surprises. La production, parfois un peu défaillante lorsque la puissance s’exprime à plein régime, et qui a tendance à tasser les guitares pour les écraser par les harmonies vocales, ne dessert pas vraiment les morceaux les plus mordants, mais atténue leur potentiel sauvage en les faisant rentrer dans le rang, sous-mixant des soli qui auraient sans doute mérité plus de place pour prendre leur envol. En acceptant certains interludes plus enjoués et moins englués dans des prises de position statiques, Tony titille même la corde sensible d’un groove méchamment balancé, et « Fire Me Up », de nous apporter ce petit plus d’énergie dont la fin de l’album avait cruellement besoin, joignant des mains son unique album en tant que KISS OF THE GYPSY et les EXTREME/LED ZEP/BADLANDS. Certes, et avec un timing titillant souvent les cinq minutes, on prend parfois son mal en patience, mais la versatilité permet d’occulter certaines longueurs prononcées, spécialement lorsque l’originalité pointe le bout de son nez sur le gluant « Take a Look at me Now », qui épouse le bastringue sans perdre de sa classe mélodique en meringue.
Rien de farouchement novateur, mais de l’envie, et une certaine fraîcheur, qui permet à ce LP de terminer sur les chapeaux de roue, et de nous ramener des années en arrière, lorsque le Hard des années 80 se musclait pour affronter une décennie en hécatombe à venir (« Welcome To The Revolution », parfaite conclusion). Si l’on met donc de côté une charnière centrale qui marque un temps d’arrêt, et certains segments qui n’osent pas vraiment se débarrasser d’automatismes un peu trop marqués, Beggars Gold incarne une vision décomplexée de la scène mélodique mondiale, et replace au-devant de la scène un musicien très capable et très sympathique, qui aurait sans doute mérité mieux qu’un parcours en demi-teinte. Mais on ne réécrira jamais le passé, alors autant se focaliser sur le présent de Tony MITCHELL, un présent bigarré, électrifié, qui saura contenter tous les amoureux d’une musique léchée, mais assez virile pour décoiffer.
Titres de l'album :
1. Playing With Fire
2. Never Say Die
3. Blind
4. What You Make It
5. Someone Like You
6. Our Song
7. Stone By Stone
8. In Everyone Of Us
9. Wildside
10. Fire Me Up
11. Beggars Gold
12. Take A Look At Me Now
13. Welcome To The Revolution
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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