Influence Denied

Eradicator

23/07/2021

Metalville

Déjà le cinquième album pour les vétérans allemands d’ERADICATOR et leur baptême typiquement allemand et radical. Trois ans après Into Oblivion, la troupe de Lennestadt revient donc plus décidée que jamais à nous mettre les tympans à feu et à sang, sans rien changer à la recette qui a fait son succès dans l’underground : un Thrash efficace, classique, explosif, constellé d’écrasements Heavy directement inspirés par l’approche new school de l’old-school. Distribué par le label national Metalville, Influence Denied risque donc de frapper très fort dans les rangs très soudés des fans d’un Thrash d’obédience formelle, découlant directement de l’héritage allemand en la matière, et qui rappelle méchamment ASSASSIN, EXUMER, ou même les derniers efforts de Schmier et sa bande.

ERADICATOR est le type même de groupe que l’on apprécie pour sa constance, et non pour ses prises de position individuelles. Très à l’aise dans son style sous perfusion, le quatuor aux trois membres fondateurs sur quatre (Sebastian Zoppe - basse, Jan-Peter Stöber - batterie, Sebastian Stöber - guitare/chant, depuis 2004, et

Robert Wied - guitare, depuis 2010) continue donc son chemin en corsant son Heavy musclé d’une grosse touche de Thrash raisonnablement véloce, et basé sur une épaisseur de son qui souligne que le groupe est bien né dans les années 2000, et qu’il n’a pas forcément eu à recycler les productions eighties pour exister.

Régularité, qualité d’interprétation, investissement total, voici donc les qualités d’un cinquième tome qui ne fera pas tâche sur les étagères. Dès l’entame féroce de « Driven By Illusion », privé d’intro, l’ambiance est plantée, et le riff mélodique imposé. De son côté, Jan-Peter Stöber se la joue Dave Lombardo et place quelques fills imbriqués pour tendre la rythmique, soutenu par la basse ronde et claquante de Sebastian Zoppe. La production, parfaite, ne compresse pas la grosse caisse, laisse les guitares respirer et la basse aérer, et la souplesse d’écoute permet d‘apprécier une reprise de contact classique, mais terriblement efficace. Les chœurs à l’allemande sont évidemment judicieusement placés sur le refrain, mais les arrangements sobres, la frappe d’un cogneur fluide et l’énergie développée permettent d’oublier le formalisme de l’affaire, et de se laisser aller à un headbanging qui saura se souvenir des séances d’hélicoptère provoquées par le LAAZ ROCKIT de la fin des années 80.

Mais c’est véritablement « Echo Chamber » qui met le feu aux poudres de son lick saccadé à outrance et de ses bricolages de basse rappelant le meilleur d’OVERKILL mâtiné de WARBRINGER. Très à l’aise avec son histoire, le quatuor continue la sienne sans se poser de question inutile, puisque sa dextérité instrumentale et son flair de composition permettent de faire l’impasse sur la redondance des thèmes musicaux employés. Le parfait exemple d’album qui assume ses défauts et qualités, et ne cherche pas à se survendre en singeant à la perfection tel ou tel modèle.

Refusant les standards de mixage actuels, Influence Denied sonne frais et puissant, agressif et dominant. Trempant parfois son médiator dans la sauce Techno, sans vraiment laisser couler le jus, ERADICATOR joue avec les frontières séparant le Thrash du Heavy,  mais refuse toute concession d’amplitude. Lorsque le mid tempo se tape la bourre avec les BPM, nous avons droit au meilleur de la crème allemande faite à la louche, et « Influence Denied » de se poser comme le title-track ultime dont ce genre d’effort a désespérément besoin. D’une belle lucidité, le groupe ne se prend pas pour un leader malgré ses presque vingt ans d’existence, et n’abuse pas non plus des ficelles du shibari rétro pour attacher ses fans aux poutres de la nostalgie. L’approche est moderne juste ce qu’il faut, et les riffs suffisamment futés pour ne pas sonner comme des resucées trop baveuses pour être encore consommables.

On pourra évidemment arguer du fait que les thèmes principaux ont tendance à se ressembler, et que les attaques rythmiques ne proposent qu’un seul schéma ou presque. C’est ce qu’on remarque à mi-parcours, via « 5-0-1 », mais dès le refrain plus harmonieux et roublard que la moyenne intervient, les récriminations deviennent mesquines.

D’autant que le groupe s’abandonne soudainement à la vitesse via le très SLAYER « Jackals To Chains », qui démontre s’il en était besoin la cohérence et la dextérité d’un frappeur qui nous rappelle les mouvements de baguettes de Paul Bostaph, Avec une moyenne de quatre minutes bien tassées par morceau, ERADICATOR n’a pas joué la parcimonie, et c’est justement le talon d’Achille de cet album qui traine un peu en longueur. Certes, parfois, les guitares se laissent aller à des digressions plus mélodiques, certes, l’axe basse/batterie fait ce qu’il peut pour varier les assises quand l’occasion lui en est donnée (« Mondays For Murder »), mais quelques minutes de moins ou deux morceaux laissés sur le carreau auraient permis à Influence Denied d’être plus compact et donc plus efficace.

Nonobstant ces critiques somme toute mineures, et grâce à un final DESTRUCTION moderne en diable (« Anthropocene »), ERADICATOR nous sauve du marasme old-school grâce à son sens de l’à-propos 2021, et impose ce cinquième album à la force des riffs et de la volonté. Du Thrash de qualité, travaillé pour s’accrocher à son époque, tout en acceptant les dogmes originels.

 

                                                                                                                                                                                                     

Titres de l’album:

1. Driven By Illusion 

2. Hate Preach                       

3. Echo Chamber       

4. Influence Denied  

5. 5-0-1          

6. Jackals To Chains  

7. Mondays For Murder        

8. Hypocrite

9. Descent Into Darkness      

10. Anthropocene


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par mortne2001 le 11/08/2021 à 15:15
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