QUEEN nous proposait avec classe une nuit à l’opéra, les espagnols de NASTY SURGEONS nous offrent avec crasse une nuit à la morgue. Un genre de Return of the Living Dead assez sympa dans les faits, et terriblement performant dans la forme et le fond. Il faut dire que ces ibères n’en sont pas à leur coup d’essai, puisque A Night in the Morgue est déjà leur troisième méfait. Après l’entame tonitruante Exhumation Requiem, après la séquelle crédible Infectious Stench, les originaires de Burgos reviennent remontés comme des morts-vivants affamés de cerveaux, et développent de beaux arguments nocturnes et brutaux qui se permettent de contredire la grosse majorité de la production Death/Grind actuelle. Car les espagnols ont gardé cette approche analogique qui fait leur force, et la batterie de Ramón Mur, en constant mouvement, ne nous endommage pas les oreilles d’une compression digitale très à la mode depuis une vingtaine d’années.
Death/Grind, vous pensez que tout est dit, et pourtant, cette appellation classique peut cacher des talents individuels notables. Celui des NASTY SURGEONS est évident dès les premières mesures, les musiciens ne cachant pas un manque d’innovation et une technique approximative derrière des effets gore n’cheap pour échapper à la sentence attendue. Très bon instrumentistes, compositeurs cruels, les quatre membres du groupes (Ramón Mur - batterie donc, Raúl Weaver - guitare/chant, Gonzalo Navazo - guitare et Fabián Hernandez - basse) s’en remettent donc à leur passion pour le genre, histoire de remettre les pendules Gore à l’heure. Avec quelques insertions de gargouillis à la CARCASS une fois de temps en temps, entre deux dégustations de fémur, des accélérations qui cassent les cervicales, des vrilles de guitare qui percent les crânes, les quatre ibères s’amusent beaucoup de leur enfermement morbide, et nous livrent l’un des albums les plus excitants du genre depuis fort longtemps.
Avec une moitié de répertoire qui leur permettrait de défendre leurs chances sur la scène de l’Eurovision, les NASTY SURGEONS jouent la concision et l’efficacité. Conscients de ne rien apporter de neuf au créneau, ils y montent pour prouver qu’ils peuvent dépecer rapidement et correctement, et nous offrir des hymnes à la cruauté nocturne par paquets de dix. Pas uniquement brutal, leur barouf sait aussi se faire catchy comme un gros riff de Bill Steer, et méchant comme une ruade dans les brancards de DEATHBOUND. Agrémentant leur charge de quelques samples à la MORTICIAN, truffés de cris et autres signes de torture évident, A Night in the Morgue est l’anti-Torture Porn, et nous offre autre chose qu’une succession de scènes de violence toutes plus gratuites les unes que les autres.
Alors, on danse comme dirait Stromae ? Oui, on gigote, on headbangue, on se trémousse au son d’hymnes paillards bien agencés, et remarquablement produits. A Night in the Morgue est à l’image de sa sublime pochette, et propose un Death coloré, vivant, paillard, accrocheur en diable, qui sait mettre en avant ses qualités. Il suffit de savourer une tranche de vie rigide comme « A Night in the Morgue », pour comprendre que le surgelé vaut parfois la viande fraiche du boucher, ou s’enfiler un « Trepanation (The Search of Evil) » pour se replonger dans cinquante ans d’horreur cinématographique qui a inspiré les plus grands comme les outsiders. Manuel de savoir-faire à l’usage des apprentis médecins légistes, basse grasse en avant, blasts qui tombent comme des bouts d’intestins, ce troisième album de la bande est un sans-faute de goût, et sent bon la fête qui tourne folle dans un hôpital perdu d’une ville en désertion d’humanité.
Evidemment, les titres sonnent convenus une fois lus, mais réservent de belles surprises rythmiques, les enchaînements sont classiques, les lignes de chant combinées à la perfection, mais le tout exhale d’un parfum de naturel et de spontanéité parfaitement réjouissant en tympans. « Purulent Abscess Drainage » est aussi Crust qu’une croute de fromage entre les pieds d’URSUT, « Biological Alert » est l’équivalent de Tchernobyl en version Death radioactif, « Stab by Stab » est un slasher audio de premier choix avec victimes presque consentantes et heureuses de l’être, tandis que « Genital Herpes » nous narre en final les joies d’un cunnilingus post-mortem avec léchage de champignons et MST qui se refile de chatte en palais.
C’est du brutal, assurément, c’est du bourrin, visiblement, mis c’est du joyeux, du festif, du violent qui se remue le cul pour nous offrir autre chose que quelques galéjades digitales enregistrées à la hâte pour amuser la galerie. Un truc qu’on se refile entre potes, entre deux classiques à la Hellraiser ou Re-Animator, pour que la fête soit plus folle sans alcool.
Burp.
Titres de l’album:
01. Coronary Artery Bypass Surgery
02. A Night in the Morgue
03. Liston Knife
04. Intracraneal Bleeding
05. Biological Alert
06. Cotard Delusion
07. Macabre Ritual
08. Purulent Abscess Drainage
09. Stab by Stab
10. Trepanation (The Search of Evil)
11. The Torso Murderer
12. Massacre in the Operating Room
13. Genital Herpes
Té, on m'avait pas signalé cette sortie ! Sans doute parce qu'ils ont changé de label. J'avais bien aimé les deux premiers, mais alors qu'est-ce qu'ils jouent forts !
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19