I, Voidhanger ne s’use que si l’on s’en sert. Et si on ne s’en sert pas, on passe à côté de beaucoup de choses. Comme le deuxième album des italiens de HADIT. Car HADIT est l’exemple type de groupe que le label transalpin adore. Complexe, occulte, bruyant, déstructuré, habité d’un esprit avant-gardiste ne nuisant aucunement à son efficacité, et capable de produire des sons traumatisants pour les plus aguerris des bruitistes. Bonne opération, car en plus, vous n’avez pas besoin de piles.
HADIT est un trio de Varèse, composé de musiciens énigmatiques, aux pseudos qui en disent long sur leurs convictions. XN (guitare/chant), Fulgŭrātŏr (batterie) et GG (basse), dont le parcours est émaillé de participations diverses (EXEQUIAE SACRO, INFURIA, MITRA, ROGO, FUOCO FATUO, COSMIC PUTREFACTION, SUMMIT, TURRIS EBURNEA, VERTEBRA ATLANTIS, THE CLEARING PATH, OAKEN/THRONE, THY SOLACE) se sont déjà présentés au public via un premier album déjà très hermétique, With Joy and Ardour Through the Incommensurable Path, qui avait secoué 2021 de ses énigmes et dérivations ténébreuses.
Trois ans plus tard, le groupe n’a pas changé son fusil d’épaule, et à même densifié sa musique au point de la rendre inclassable, même pour le plus chevronnés des archivistes. Les ingrédients sont toujours les mêmes, un Black cryptique, un Death critique, quelques allusions Post, et des arrangements tous plus bizarres les uns que les autres, pour un résultat s’approchant de l’underground BM le plus incorruptible, quelque part entre BLUT AUD NORD et KRALLICE.
Produit par Gabriele Gramaglia (COSMIC PUTREFACTION, VERTEBRA ATLANTIS), qui en a donc profité pour jouer un peu de basse et de synthés, Metaphysical Engines Approaching The Event Horizon est donc un mélange étonnant de lignes vocales enterrées dans le mix et d’un instrumental libre, qui fait souvent appel, à des aides extérieures pour souligner son propos. Nous sommes donc très loin d’un chaos désorganisé uniquement assemblé pour faire fuir les masses et n’attirer que les psychopathes sonores.
XN et Fulgŭrātŏr ont une fois encore conjugué leur talent pour produire une œuvre au rayonnement durable. Entre Death/Doom catatonique et Death Black atypique, les deux musiciens ont choisi de ne pas choisir, comme l’indique un titre aussi clair que « Screaming from the Throat of a Reversed Light Being » qui revisite le putride et le sordide avec une application remarquable. Assez doués pour mettre mal à l’aise et laisser la pièce sentir le renfermé, les deux partenaires s’en remettent à leur imagination fertile pour tester des sons abrasifs, hypnotiques, perturbants ou agaçants, tout en laissant une basse étonnamment claire aérer leurs sens. Mais faites attention : le but est bien de malmener votre résistance à une musique très violente et absconse, ce qui peut entraîner chez quelques auditeurs des traumas persistants.
Entre caverne oubliée par le temps et chemin de croix à travers les montagnes, Metaphysical Engines Approaching The Event Horizon est une réflexion métaphasique sur l’homme moderne, qui s’éloigne du Prométhée en laissant s’exprimer ses craintes les moins justifiées. Entre question de genre, régime alimentaire, croyance new-age et réflexes woke forcés, la société actuelle s’enferme dans ses questions de légitimité et de politiquement correct, et ne supporte plus le poids de la réalité, qui elle n’a pas changé depuis des siècles. Malgré les progrès techniques, malgré une longévité accrue, malgré une intelligence artificielle de plus en plus perfectionnée, le monde continue de tourner à son rythme, accélérant volontiers pour se débarrasser de ses hôtes les plus encombrants.
Mais ceux qui refusent de se voiler la face comprendront bien le but d’un album qui vise à ressentir les émotions les plus tribales et primitives. Par l’entremise de riffs accrocheurs et d’accélérations soudaines, HADIT regarde en contrebas et en arrière, pour mieux se ressourcer aux racines du mal. De là, il est assez difficile d’identifier la case dans laquelle ranger le duo, qui évite soigneusement les étapes les plus prévisibles.
Et entre ces borborygmes que l’on peine parfois à discerner et cette batterie au rendement inépuisable (« Blood and Gods Know Where Weakness Is », le chaos originel revu et corrigé des tendances actuelles), Metaphysical Engines Approaching The Event Horizon se montre obsédant, fascinant, et apte à devenir un classique de l’extrême pour peu que sa promotion soit suffisante.
A ne pas mettre entre toutes les oreilles, ce deuxième album confirme tout le mal que nous souhaite I, Voidhanger Records. Pur produit de l’école de pensée italienne obscure, HADIT parvient à jouer avec les limites du Progressif chaotique pour proposer une œuvre évolutive, pleine, riche et constamment sur la brèche.
Et le lapin ne frape plus ses cymbales. Non, il préfère lacérer au couteau, c’est plus efficace.
Titres de l’album:
01. Becoming the Light Eternally Driving on the Photon Sphere
02. Interstellar Medium's Rhapsody
03. Three Ways of Death After Gravitational Collapse
04. Screaming from the Throat of a Reversed Light Being
05. Find Your Death, Cosmic Wreckage
06. Blood and Gods Know Where Weakness Is
07. The Eternals' Dream Out of Time and Frames
08. Del Tramonto sul Nulla, Dove Fuoco Diventa Cielo
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36
Tiens je n'avais pas vu ce "report".J'ai vu cette affiche à Marseille.J'aime beaucoup Aluk Toolo et je les voyais relativement souvent à Paris, du coup j'étais bien content de les revoir. Effectivement c'était un peu cou(...)
30/06/2025, 01:24