Midnight Line

Rider

25/10/2020

Autoproduction

De retour au Brésil, une fois encore, non pour m’y abimer les esgourdes sur du Thrash bestial ou du BM infernal, mais bien pour y détendre mes tympans au son d’un Heavy Metal traditionnel. La vague old-school n’a donc pas épargné l’Amérique du Sud, qui de la Colombie au Venezuela, en passant par le Brésil tient à donner sa version des faits, et le premier album des locaux de RIDER mérite qu’on s’y attarde quelque peu.

Fondé en 2011, après avoir battu pavillon AGINCOURT pendant deux ans entre 2009 et 2011, ce sympathique quatuor (César Caçador - chant, Klébio Moura - basse, Luke D. Couto - guitare, Fernando Martinandes - guitare) a donc pris son temps pour développer son art, et nous offrir l’année dernière un premier long de qualité, sept ans après la publication de son premier EP Streets of Nowhere. On retrouve donc sur cette œuvre tout ce qui a fait et fait encore le charme du Heavy Metal de l’orée des eighties, mais aussi ce qui a constitué les bases de ce qui allait devenir le Power Metal, sous l’influence de groupes comme RIOT ou GRAVESTONE quelques années plus tard. Rien de novateur évidemment, puisque le propos est résolument passéiste et nostalgique, mais une énergie à décorner les bœufs, et des capacités individuelles notables. Pas grand-chose à vous apprendre sur ces originaires d’Osasco, puisque leur bio se résume à une seule ligne fort lapidaire :

Heavy metal tradicional, São Paulo/SP.  

Alors, certes, le Heavy des brésiliens est en effet traditionnel,  respectant tous les codes, mais jouant intelligemment avec les limites de vitesse pour ne pas se vautrer dans la facilité d’un Hard-Rock niais et sous influence trop marquante. Mais on sent évidemment des références sur les dix morceaux de ce premier effort, que ce soit la tutelle d’un MAIDEN des premiers jours (« Child in the Night »), ou l’ombre du RIOT des années de gloire (« Power of Thunder »). Du classicisme donc pour les lusophones, qui jouent crânement la carte de l’hommage même pas déguisé, mais incarné avec beaucoup de panache. En totale autoproduction, ce premier LP peut se targuer de jouir d’un son très compétitif, juste assez grésillant pour sonner d’époque, et si les tierces des guitares nous ramènent à l’âge d’or de la NWOBHM, si la basse ronde nous aiguille sur la piste de SATAN, les RIDER ont au moins le culot de truffer leurs morceaux de breaks percussifs et de soli incendiaires.

Dix morceaux pour cinquante minutes de musique, voilà un pari risqué que les brésiliens ont relevé, et si tous les titres ne sont pas aussi convaincants, l’ensemble est homogène, et surtout, high on energy. Si les similitudes avec le MAIDEN de la période Peace of Mind/Powerslave sont trop évidentes parfois (« Child in the Night »), le chant assez particulier de César Caçador permet de prendre ses distances avec le monstre Dickinson, et de ne pas sonner comme un petit ersatz de la vierge de fer. Plus à l’aise en tempo rapide qu’en mid un peu trop prévisible, RIDER parvient tout de même à tricoter un instrumental de toute beauté qui excuse le formalisme de la composition. Ainsi, le très classique « Flight of Phoenix » bénéficie de la créativité d’une rythmique qui multiplie les coups de poings et les boucles inspirées, Klébio Moura se permettant quelques fantaisies en duo avec la doublette de guitare sur des intros assez surprenantes. Ainsi, l’entame de l’évolutif « Inquisition » attire l’oreille, et lorsque le groupe envoie la sauce, le résultat est explosif et nous ramène des décennies en arrière, lorsque le Hard-Rock se dégageait de ses obligations Bluesy des seventies pour entamer un virage plus musclé.

Bel équilibre donc entre nostalgie et personnalité affirmée, et l’intensité que dégage ce premier effort témoigne des longues années de préparation que le groupe s’est accordé. On regrettera parfois la timidité des riffs qui se cachent derrière les saccades si symptomatiques de l’axe 80/81 (« Riders »), mais lorsque la tension grimpe d’un cran et que la vitesse peut enfin s’exprimer, le quatuor ne craint aucune comparaison et aucun rival. C’est ainsi que « False Messiah » suggère le meilleur des premiers efforts de VICIOUS RUMORS, du RIOT de Thundersteel, et du GRAVESTONE le plus agressif.

En ressort donc une aisance certaine à accommoder de vieilles recettes pour les éclairer d’une lumière plus personnelle. Et lorsque « Streets of Nowhere » se décide à attaquer le monolithe MAIDEN post-reformation, la comparaison penche du côté des brésiliens, qui font preuve d’un investissement sans failles. Ils osent même terminer leur course par un dernier sprint évolutif, qui montre que ces musiciens en ont encore sous le coude et dans les manches. On appréciera à sa juste valeur cette ambition qui se frotte aux influences les plus installées, mais aussi cette capacité à trancher dans le vif pour choisir son camp, celui d’un Heavy Metal fluide, mais violent. Mention spéciale à cette section rythmique qui ne se laisse pas écraser par les deux guitares, et à ce lyrisme qui rappelle un peu les débuts du QUEENSRYCHE pas encore trop opératique ni précieux.

RIDER se fait donc un nom sur la scène old-school, et concrétise enfin son potentiel après des années de carrière dans la discrétion la plus totale. Le second album permettra sans doute de se dégager de ces références encore un peu encombrantes, mais en l’état, Midnight Line sonne l’heure des sorcières et autres goules avec une malice sans pareille.              

                     

                                             

Titres de l’album:

01. Iron Mask

02. Nighttime Drifter

03. Power of Thunder

04. Child in the Night

05. Flight of Phoenix

06. Inquisition

07. Riders

08. False Messiah

09. Streets of Nowhere         

10. Tyrants Falling


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par mortne2001 le 24/08/2021 à 14:11
78 %    796
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Capsf1team

Il ne prends pas de risque en disant "ces prochaines années", ça peut durer longtemps comme ça...En espérant que leur album soit bon, car le dernier en date est franchement bon et s'écoute encore avec plaisir.

18/08/2025, 07:59

Alain Afflelou

C'est Impureza le nom du groupe...

17/08/2025, 22:15

Kill me all

Sûrement quelques lives par ci par là comme le font tous les retraités. Allez une réunion d’anciens combattants d’ici quelques années avec Metallica… 

17/08/2025, 12:16

Dave

On verra si la promesse sera tenue mais Megadeth mérite notre respect.

17/08/2025, 11:51

DPD

J'aurais aimé une production (juste un peu) plus root et peut-être un peu plus d'audace mais ça passe tout seul.

16/08/2025, 22:02

Chemikill

La claque dans ma gueule 

16/08/2025, 15:23

Lolo

Soen qui reprend Motorbreath ??? Je n'aime pas les tribute, mais j'avoue que cette combinaison est pour le moins intriguante !

16/08/2025, 09:34

Humungus

Bien vu la comparaison...

16/08/2025, 07:30

Buck Dancer

Sans être un inconditionnel du groupe, j'attends cet album avec une grande curiosité. Si j'ai d'abord été déçu par le morceau, l'impression d'entendre Grip inc.(?), l'envie d'y revenir commence à prendre. (...)

16/08/2025, 07:13

Buck Dancer

Donc, dans trois ans une tournée mondiale avec Slayer et Scorpions.

16/08/2025, 06:51

John Benoit

Thank you for listening, and your kind words. I though it was funny when you called the bass huge and impolite.

14/08/2025, 20:49

Dede

j’avais pas vu le lien pour l’Europe . Désolé , quelle nouille il va payer une blinde . Je vais lui envoyer le lien ça va le calmer ahah 

14/08/2025, 13:29

Dede

attention aux frais de livraison, un pote l’a preco, ca fait 62 euros sans compter la pochette surprise des frais de douane . On sera pas loin des 100 euros pour un bouquin qui coûte 34 

14/08/2025, 13:20

Nicolos

Très bon resumé, et même constat sur le groupe et la motivation des uns et des autres. Vous avez peut être oublié la qualité du son. Le mix et la balance étaient bon mais il serait bon de changer la sono qui a selon moi trop tourné.un e(...)

14/08/2025, 02:53

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Est-ce bien toi... Jean-Jacques Goldman ? 

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Gargan

... Et voici que se profile un chaos ad tour aux US à partir de septembre !

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Une fois mis mon côté vieux réac' dans la poche, et oublié les 2 ou 3 autres trucs négatifs, j'en profite pour donner mon sentiment sur les groupes (uniquement le samedi pour moi):- Le temps de quitter le taf et de faire la route, pas vu THEOREM.(...)

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"Les enfants sont toujours là, les couples sont venus attachés et en famille".C'est une des choses qui m'ont déplu: les 2 gamines devant. On voit de plus en plus de personnes emmener leur gosses à des concerts de Metal, Punk ou Hardc(...)

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Jus de cadavre, c'est évidemment une excellente nouvelle, mais pour moi, la news de l'année pourrait être l'éventuelle reformation de Kyuss (en tout cas la rumeur est lancée) 

07/08/2025, 18:15

Aston

C'est bon ça ! Et une tournée dans la foulée svp , cela fait plus de 10 ans que je les ai vu . En même temps ils sont tellement rare qu’ils passent uniquement au Hellfest de temps en temps 

07/08/2025, 17:52