Si vous aviez cinq minutes pour parler de Cthulhu, merci de ne pas coincer mon pied dans votre porte. Après tout, ma visite est moins dérangeante que celle de témoins de Jéhovah, ou d’agents immobiliers venus s’enquérir de la viabilité de votre maison. D’autant plus que je viens vous en parler en connaisseur, non avec un fascicule rédigé à la hâte via un logiciel bien connu, mais avec la nouvelle épitre des fidèles australiens de PORTAL. Oui, je sais, nous avions déjà eu de leurs nouvelles en 2021, et à la même date d’ailleurs, avec la sortie d’Avow, il n’empêche que ce second volet plus ou moins officiel est un complément qui mérite toute l’attention, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de leur album le plus et moins typique à la fois.
On le sait depuis longtemps, la musique de PORTAL n’est pas la plus facile d’accès. Souvent taxée de Black/Death expérimental, cette musique se propose de réduire les styles à leur essence même, et de noyer de Noise des structures plus conventionnelles. Ils ont d’ailleurs largement eu le temps d’exposer leurs vues via une discographie très fournie depuis 1994 (mais réellement entamée en 2003 avec Seepia), et encore très récemment sur Avow, leur sixième longue-durée. Mais pris en complément de ce dernier effort ou individuellement comme un septième chapitre, Hagbulbia tient la route, et d’une drôle de façon.
Jouons franc jeu, les réfractaires vont encore avoir des poussées d’urticaire, mais les fans hardcore peuvent aussi se sentir déstabilisés par cette musique qui encore une fois, pousse le bouchon le plus près possible du vide, comme un chat diabolique jouant avec la salière ou un verre à moutarde. Car une fois n’est pas coutume, le groupe de Brisbane et ses prêtres défroqués a joué la carte de la bouillie sonore à peine perceptible, et propre à rendre Mories fou de jalousie. Pourtant, à contrario de GNAW THEIR TONGUES qui produit comme il pond des œufs et qui défie en chaque occurrence les limites de la logique, Hagbulbia se montre cohérent dans le chaos, et terrifiant dans le moindre de ses échos.
Ne tergiversons pas, ce septième longue-durée des australiens gravite clairement dans la nébuleuse Noise la plus éloignée de la planète Death. Et dès l’entame « Stow », les satellites s’affolent et renvoient des images floues et étranges. Rythmique absente, strates de sons empilés comme des couches de douleur, voix en arrière-plan, imbuvable et graveleuse, motifs musicaux reniés au profit d’un gargouillis capté par du matériel d’enregistrement spatial, le trip est intégral, et nous entraîne non vers les étoiles, mais dans les profondeurs du magma de la terre. Sans accepter la moindre concession, le collectif austral nous offre donc la suite de ses aventures d’une façon assez péremptoire, misant sur notre passion ou notre complaisance pour faire accepter ces trente-huit minutes de bruit agencées comme un message envoyé du noyau terrestre pour nous avertir d’une fission imminente.
Même pour un groupe ayant refusé les concessions ou les adaptations quelconques, Hagbulbia est un énorme pas de plus vers le chaos et l’incompréhension la plus totale. En comparant ce nouvel essai aux tentatives les plus bruitistes des australiens, Hagbulbia bat le haut du pavé de l’Ambient le plus glauque, de quoi allécher les labels les plus obscurs portés sur la violence musicale la plus incorruptible. En écoutant « Grail », on découvre un autre monde, fait de refus instrumental obstiné, d’arrangements en gargouillis, de déconstruction de l’extrême, et pas étonnant que nombre de webzines aient comparé ce dernier effort aux cris les plus primaux de GNAW THEIR TONGUES : la sensation d’effort surhumain est la même.
Construit comme une longue descente aux enfers guidée par Lovecraft lui-même revenu du royaume des morts avec quelques fantasmes inavouables de plus, Hagbulbia ne dévie jamais de sa formule initiale, et convoque aux agapes de la destruction les démons les moins aimables. Le final orgiaque et pourtant aéré (dans une certaine mesure s’entend) « Hexodeus » parachève de saper les dernières fondations de la civilisation musicale, et renvoie TERRA TENEBROSA et LUSTMORD dans les cordes, nous faisant nous sentir comme expulsé d’une capsule et dérivant dans un espace claustrophobique.
Je pourrais digresser encore une bonne trentaine de lignes à propos d’un album qui pourtant ne supporte aucune autre description que celle de votre réaction en l’écoutant. Tentez le pari à la NEUROSIS, et jouez Avow et Hagbulbia simultanément pour voir si une troisième réalité artistique se dessine, et si la terre se dérobe sous vos pieds. Les deux albums se complètent à merveille, et sont issus du même cerveau malade. Il ne serait donc pas étonnant que joués de concert, ils fassent émerger des entrailles de la terre l’antéchrist.
Titres de l’album:
01. Stow
02. Of Straw & Cloth
03. Grail
04. Weptune
05. Hexodeus
Excellente chronique auquel je souscris évidemment, la noirceur qui sen dégage est phénoménal.
Pour moi une de leur meilleur réal...
Pomah : "Pour moi une de leur meilleur réal... "
Oui clairement
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