Unalive

Mister Misery

04/10/2019

Arising Empire

Je n’ai absolument rien contre la confiance en soi dans l’absolu, car il en faut lorsqu’on est un artiste qui désire faire ses preuves, et les pérenniser par la suite. Après tout, il faut toujours être un minimum egocentrique pour se lancer dans une carrière musicale, cinématographique, sous peine de devenir barge lorsque le public s’intéresse à vous de près. Mais lancer son premier LP en arguant du principe qu’il est « le meilleur premier album jamais sorti » est une sacrée prise de risque, et celui de se prendre une volée de bois vert par une certaine presse peu portée sur les louanges automatiques. Chapeau bas donc aux MISTER MISERY qui n’ont pas hésité à présenter leur Unalive comme tel, sans craindre de se manger une belle mandale en retour. Mais en même temps, il y a dans cet argument plein de morgue une façon d’attirer l’attention sur soi qui n’est pas pour me déplaire, et faire profil bas n’est pas toujours la meilleure manière de se faire une place au soleil, spécialement lorsqu’on a pas mal d’arguments et de qualités à sa disposition…Alors, pour disperser les derniers doutes qui pourraient planer sur cette chronique, non, Unalive n’est certainement pas le meilleur premier album enregistré, qu’on le considère sous un angle Rock ou Metal. Même pas besoin de fouiller dans les cartons de la mémoire pour dénicher cinquante contre-exemples, mais en dépit de cet état de fait, avouons que ces dix morceaux ont de la gueule, et que le groupe en question a quelque chose de très personnel à offrir à des auditeurs ne crachant pas sur un brin de Crossover malin. Présenté par Markus Staiger de Nuclear Blast comme le nouveau fétiche des anciens et actuels admirateurs du culte MARILYN MANSON, MISTER MISERY est en effet une petite curiosité assez surprenante dans le paysage musical actuel, avec ses tendances au mélange entre avant et maintenant, et son art consommé pour trousser des ambiances sombres soulignées de mélodies catchy. Alors, sans être totalement novateur, le combo ose quand même s’écarter légèrement des sentiers trop battus, nous évite la redite, la citation old-school, et s’en sort plus que bien dans son rôle de trublion Metalcore/Indus/Modern Metal qui sait ce qu’il veut.

Fondé à Stockholm par Harley Vendetta et Alex Nine en février 2018, MISTER MISERY est quelque part l’union improbable mais parfaite entre MANSON, LINKIN PARK et NOTRE DAME, soit un genre d’assemblée gothique portée sur les arrangements, les univers vampiriques et gentiment dramatiques, mais qui n’oublie pas qu’une bonne chanson est avant tout une chanson simple, portée par des harmonies efficaces, et des refrains qui s’incrustent dans la tête. Quatuor (Harley Vendetta  - guitare/chant, Alex Nine - guitare, Eddie Crow - basse et Rizzy - batterie), le gang se présente sous une lune honorée par Rob ZOMBIE et reprise à leur compte par les DIABLO SWING ORCHESTRA, avec le savoir-faire en moins et un swing Jazz-Metal transposé dans un vocable de Metal moderne, mais intelligent. Déjà très conscients de leur image, les quatre suédois se sont concentrés sur un packaging complet, et nous offrent une pochette soignée, un concept intrigant, mais surtout, des morceaux solides qui pourraient servir de BO à Ryan Murphy pour illustrer un épisode assez bon d’AHS. Ce qu’on aime dans ce genre de réalisation, c’est cette façon d’assumer sa grande gueule avec des riffs qui sentent bon la sciure de cirque morbide, tout en laissant le public siroter des refrains frais comme un corbeau à peine né qui piaille pour avoir sa becquée. Un genre de proto-Gothic-Glam, qui brille dans la nuit, mais qui ne compte pas que sur le strass et les étoiles pour se faire remarquer. On pense nineties, pour cette manière de rester ancré dans une tradition Néo naissante, mais on se fait la réflexion eighties aussi pour ce talent indéniable de proposer des thèmes accrocheurs, et pas seulement des gimmicks pour fédérer les adolescents, sans perdre de ce peps juvénile qui fait les bons premiers albums. Car oui, dans les faits, Unalive est un excellent premier album, de ces cartes de visite glissées un peu de force dans la poche, mais qu’on ressort un jour pour les utiliser. Et sans se placer d’emblée au chaud entre Portrait of an American Family et Hybrid Theory, cette première signature chez Nuclear Blast/Arising Empire n’a pas non plus à rougir de la comparaison.

On ne le sent pas forcément dès « The Blood Waltz », qui sous couvert d’une intro foraine, lâche les lions compressés et l’attaque Metalcore de tradition, entre néo light et Metal de carnaval, pas encore trop original, mais assez démarqué pour choquer. On le sent après avoir écouté plusieurs fois l’album, et en sifflotant sans s’en rendre compte immédiatement les airs de « My Ghost » ou « Tell me How », de parfaits exemples du flair de ces suédois beaucoup plus profonds qu’ils n’en ont l’air. Et si l’accent promotionnel est mis sur les clips qu’ils ont pu tourner en compagnie de Patric Ullaeus (IN FLAMES, ARCH ENEMY, DIMMU BORGIR), on retiendra plus volontiers leur parcours individuel, et leurs existences tout sauf simples qui leur ont donné envie de retourner le cours du destin pour s’offrir un peu de lumière dans les ténèbres. Et on sait très bien que la muse la plus efficace reste l’adversité, ce qui a permis aux musiciens de se sortir les tripes, et de comprendre que l’attitude n’était pas la seule composante importante. Et c’est pour cette raison que malgré ses arrangements léchés, ses astuces électroniques éparses, ses ambiances de dompteur et de clowns glauques, et son optique générale à la croisée des chemins, Unalive tient debout de bout en bout, et nous délivre un message simple et limpide. Le Rock se doit de rester un spectacle pour les oreilles et les yeux, sans manquer de délivrer un message positif et encourageant. Exutoire jouissif de jeunes musiciens professionnels avant l’heure, ce LP se démarque par son efficacité, mais aussi par ses dualités vocales (beau travail de Harley Vendetta qui grogne comme il glitterise, sardonique juste ce qu’il faut tout en restant viril), ou sa façon de contourner les codes pour citer Brian Warner et un MERCYFUL FATE joueur (« Dead Valentine » qui rappelle aussi les STOLEN BABIES).

Jamais trop longs, les morceaux respectent un format Pop qui permet de se concentrer sur l’essentiel, et un enchaînement couplet dur et syncopé/refrain sucré mais pas guimauve. Corsant leur barbe-à-papa d’un soupçon de cyanure, les MISTER MISERY proposent aux visiteurs de leur parc d’attraction des sensations typiquement Heavy passéistes (« Live While You Can » et son intro très NWOBHM avec des tierces au caramel), tout en leur assurant de rester dans un présent mélodique et subtilement tendre (« Alive », efficace et jumpy, comme une maison des horreurs avec monstres en mousse et succubes douces). Unalive est donc un show complet, et un album agréable, définissant l’univers d’un groupe de façon précise, mais en laissant des portes ouvertes. De quoi envisager l’avenir avec sérénité… 

   

Titres de l’album :

                        01. The Blood Waltz

                        02. You And I

                        03. Tell Me How

                        04. My Ghost

                        05. Legion

                        06. Dead Valentine

                        07. Alive

                        08. Rebels Calling

                        09. Stronger

                        10. Live While You Can

Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 14/10/2019 à 17:39
80 %    901

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


JTDP
membre enregistré
17/10/2019, 15:33:24
Sur les extraits clippés présentés, je leur trouve un (gros) côté AVATAR aussi, non ? En tout cas, c'est efficace, aussi bien visuellement que musicalement !

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20