Past Of

Satan's Fall

24/04/2020

High Roller Records

Ce premier album de SATAN’S FALL n’en est pas vraiment un, mais une compilation. Difficile à croire pour un groupe qui n’accuse que cinq ans d’existence, mais cette compilation n’a rien d’un best-of. Elle regroupe toutes les sorties du groupe depuis ses débuts, et propose donc tous les formats sur CD. Vous retrouverez ainsi au menu de Past Of la première démo du groupe, Seven Nights, le premier EP Metal of Satan, ainsi qu’un single de 2018, « Forever Blind ». Le tout a bien évidemment été remixé et remasterisé pour garantir l’homogénéité du son, et emballé dans un artwork signé de la main de Velio Josto (RIOT, VULTURE). Proposé par les esthètes rétro de High Roller, cette compilation atteint tout juste les trente-deux minutes, mais c’est largement suffisant pour se faire une idée du potentiel de ces finlandais au cœur pur. Avec une telle pochette, des titres de morceaux pareils, vous aurez rapidement compris que ce quintet (Miika Kokko - chqnt, Lassi Tiainen & Tomi Mäenpää - guitares, Joni Petander  - basse et Ville Aatsinki - batterie) verse dans la nostalgie la plus honnête et basique, se réclamant de la NWOBHM et de la première vague Speed européenne et américaine. Encore un représentant old-school me direz-vous, et vous n’aurez pas tort. Même si cette approche sait rester séduisante dans la plupart des cas, elle commence à accuser le poids des années, recyclant les mêmes idées, les mêmes plans, les mêmes influences, en tablant sur le regret de certains metalheads de ne pas avoir connu en temps et en heure la folie des eighties. Pas désagréable dans le fond, mais terriblement convenu dans la forme, SATAN’S FALL profite donc de ses racines nordiques pour attirer l’attention, et propose une musique classique, aux contours bien définis et à la philosophie réaliste. On retrouve donc pas mal d’ingrédients de l’époque, des références incontournables (CROSSFIRE, EXCITER, RAVEN, RUNNING WILD), mais aussi des méthodes largement utilisées par la génération actuelle qui n’essaie pas de transcender, mais juste de singer.

Le tout n’est pas désagréable, et cavale d’un bon tempo Speed, mais comme pour toutes les modes, le fan devient de plus en plus exigeant, et refuse qu’on lui refile les mêmes morceaux à peine déguisés. En choisissant la mouvance Speed, le groupe d’Helsinki évite les comparaisons avec les têtes de file old-school, mais se rapproche quand même d’une version brute de JENNER, évoque MIDNIGHT PRIEST, et fait son bout de chemin sans se poser trop de question. Alors certes, l’efficacité est bien là, la pochette est superbe, la production clean et ronde, mais on se demande assez rapidement si tout ça en valait la peine, tant on a le même sentiment qu’il y a trente ou quarante ans, lorsque les groupes de deuxième division copiaient ceux de la première sans se soucier d’une quelconque originalité. Mais ne soyons pas trop dur envers Past Of même s’il mérite son titre à double…titre. D’une, il permet de synthétiser le passé du groupe en lui-même, et de deux, de proposer un concentré de la vague Heavy/Speed des années 84/85. Mais dès « Poisonhead », tout est dit ou presque, et ACID, MANIAC, HELLOWEEN, WARHEAD remontent à la surface de la mémoire, avec cette petite pointe de vigueur allemande qu’on retrouvait aussi chez HIGH TENSION. Les riffs sont bien évidemment concentriques, la rythmique implacable, et le chant légèrement fluet, mais globalement convaincant. Rien d’original à attendre d’une telle formation qui tente d’unir la virilité du PRIEST et la fluidité mélodique, tombant à l’occasion des breaks dans un lyrisme tragique pas forcément des plus inspirés. Tout ceci sent bon l’acier, le Metal non édulcoré, les clous, les vêtements moulants, les chaînes et les poses agressives, mais on reste sous le seuil de tolérance, l’album dépassant à peine les trente minutes et ne pouvant donc pas se montrer trop roboratif.

La question qui effleure la conscience est-elle concrète et bien réelle : surfer sur la vague de la nostalgie qui déferle depuis plus d’une décade ne fait-il pas de vous un simple suiveur incapable de changer la donne ? C’est peu ou prou ce que je me demande chaque semaine en écoutant ce type d’album, qui s’il reste satisfaisant en surface, devient un peu stérile lorsqu’on approfondit les choses. Au départ, ce type d’attitude nous permettait de revivre nos jeunes années par procuration sans avoir à ressortir nos vieux vinyles, mais depuis trois ou quatre ans, la lassitude commence à pointer le bout de son nez. Lorsque les musiciens n’osent pas faire preuve de culot, et se contentent de plans déjà largement obsolètes depuis trois décennies, l’enthousiasme finit par s’envoler et laisser place à l’objectivité. Ici, rien ne dépasse, tout est crédible dans la photocopie, et on finit par laisser passer pour ne pas être trop méchant. Alors certes, des titres comme « Seven Nights » font passer la pilule de leur allant et énergie, mais en 2020, on doit pouvoir espérer autre chose qu’un cliché vivant comme « Metal Of Satan », qui malgré son cri de fouine et sa vitesse de croisière véloce ne parvient pas vraiment à faire fondre les oreilles. Heureusement, SATAN’S FALL propose aussi des choses plus nuancées et influencées par la NWOBHM, comme « Riders Of The Night », mais le poids des clous commence à peser sur les épaules, et malgré quelques syncopes sur « The Beast Rises », on attend désespérément l’idée un tant soit peu originale qui va relancer la machine et l’éloigner de rails trop bien huilés.

Alors, pour ne pas jouer les rabat-joie, je dirai que Past Of mérite une écoute si vous collectionnez tous les produits estampillés old-school, ou si vous n’avez pas encore abordé cette mode par toutes ses faces. Mais les clichés sont tous là, et si le plus nuancé « Danger Zone » n’avait été posé en probante conclusion, j’aurais pu émettre un jugement beaucoup plus cruel.       

   

Titres de l’album :

                        01. Poisonhead

                        02. Steel Highway   

                        03. Seven Nights   

                        04. Metal Of Satan   

                        05. Riders Of The Night   

                        06. The Beast Rises   

                        07. False Idols   

                        08. Forever Blind   

                        09. Danger Zone

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 17/12/2022 à 17:53
70 %    347

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report

Abbath + Toxic Holocaust + Hellripper

RBD 21/01/2024

Live Report

1984

mortne2001 10/01/2024

From the past
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Gargan

J'ai cru un instant que c'était celui qui avait joué sur la compile metal militia... c'était SarcaZm, dommage.

29/03/2024, 08:37

Simony

C'est justement ce relent de Hardcore qui en fait du Thrashcore en condition live qui m'a dérangé. Le placement du chant fait vraiment moderne, c'est con mais ça m'a un peu rebuté, dommage parce que musicalement c'est vraiment pas mal.

28/03/2024, 16:07

Tourista

L'album de Pâques !  

27/03/2024, 19:56

MorbidOM

Découvert l'an dernier dans un mini festival à Toulon avec Aorlhac en tête d'affiche, j'avais bien accroché et acheté leur cd (le précédent du coup) qui m'avait un peu déçu (difficile de redre justice à une m(...)

27/03/2024, 00:16

Saul D

Ben si Cannibal Corpse est une légende, Immolation aussi, non? Ils avaient tourné ensemble en 1996 ( je les avais vus à la Laiterie, avec Inhumate en première partie...)...

26/03/2024, 13:16

Bulbe

Enorme !

26/03/2024, 08:06

Vivement le prochain Ep. Ça envoie du lourd

Putain c'est vachement bien 

26/03/2024, 00:15

Gargan

Je viens de tomber par hasard sur ce docu à leur sujet, je sais que deux-trois ici pourraient être intéressés : TULUS - 3 DECADES OF UNCOMPROMISING BLACK METAL (FULL DOCUMENTARY) (youtube.com)

25/03/2024, 20:05

Humungus

C'est très loin d'être pourri, mais j'préfère tout de même de loin "Ozzmosis", "Down to earth" ou "Black rain"...

25/03/2024, 09:21

RBD

Tout le mérite en revient à notre hôte, je n'ai influé en rien sur les choix successifs. Autrement dit, cela me convenait aussi.

24/03/2024, 19:53

Buck Dancer

J'aime beaucoup. Parcours sans faute jusqu'au septième morceau. Du death classieux moins extrême que le premier album mais plus varié. Les délires vocaux de Vincent passent aussi très bien (ce qui n'aurait pas été le cas chez Morbid).(...)

24/03/2024, 13:34

Humungus

Je plussoie à mort ta bande son d'after hé hé hé...

23/03/2024, 11:02

Antidebilos suce mon zob

@antidebilos : t'es vexé, sac à foutre.

22/03/2024, 15:49

Oliv

Et le plan r fest ! 

22/03/2024, 15:21

antidebilos

"groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom" : allez, retourne écouter tes groupes de NSBM de fond de toilettes et épargne-nous tes commentaires ridicules

22/03/2024, 09:04

Ivan Grozny

Tournée vue à Paris, merci pour le report.

21/03/2024, 21:01

Orphan

Tres bonne news des le matin. 

21/03/2024, 08:08

LeMoustre

A minima c'est assez inutile, rarement intéressant même si l'idée n'est pas nouvelle. Voivod l'a fait y'a peu, c'est quand même assez anecdotique sur le rendu final. Les morceaux en version d'origine se suffisant a eux mêmes.

20/03/2024, 12:18

Gargan

Ce son de toms n’existe plus depuis schizophrenia

19/03/2024, 22:06

LeMoustre

Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute(...)

19/03/2024, 14:50