Que voilà une nouveauté bien trompeuse. Sous des atours de bestialité classique, appuyés par une nationalité brésilienne coutumière des excès en tous genres, le deuxième album de CAMOS cache en fait une inspiration multiple, en forme de gloubiboulga noir comme le jais, mais délicieusement odorant et flambé sur le palais. Ces quatre musiciens dont nous n’avions pas eu de nouvelles depuis 2009 reviennent enfin sur le devant de la scène, et se permettent de toiser du regard le reste de la production Hard n’Heavy mondiale. Comment ?
En rendant intelligemment hommage à leurs nombreuses influences.
Sucoth Benoth (chant), Caos (guitare), Ulysses Freire (basse) et Cj Dubiella (batterie) s’y connaissent en références occultes et autres grossièretés Metal adoubées par un public voyeuriste. Et puisque j’aime les formules qui claquent, je dirais que leur tambouille à des allures de ragout CELTIC FROST relevé d’un peu d’épices MASTER’S HAMMER, touillé par le grand King Diamond lui-même. En effet, sur le papier, c’est alléchant, mais ça l’est aussi musicalement, puisque loin d’un simple Blackened Thrash ou d’un Death/Black rudimentaire, Hide from the Light se propose de revisiter l’école européenne des années 80, lorsque l’extrême commençait à l’être vraiment.
Nous sommes donc très loin des frères d’armes du passé, les SEPULTURA, les SARCOFAGO et autres HOLOCAUSTO, et plus proches d’une version béta d’un Heavy occulte. Très accrocheur, le Metal lusophone se veut allusif à de nombreux sous-genre, allant du Hard-Rock survitaminé au Proto Black Metal de HELLHAMMER et BATHORY. Entre les deux, des citations NWOBHM, des soli propres et mélodiques, du savoir-faire dans la violence et beaucoup d’aisance dans la romance.
Loin d’éviter toute sensibilité, le quatuor ose même des ambiances Synth-Pop/Metal connotées 80’s, qui découlent sur des intros de qualité, mais aussi des morceaux plus posés. Ainsi, « The Devil's Concubine » sonne comme le FROST de Cold Lake reprenant du DOKKEN, et en y parvenant cette fois-ci. Ouvert et tolérant, ce second long est relativement captivant, original, décalé, mais pas bancal, et si « Hide from the Light » n’était pas forcément le meilleur choix pour la reprise de contact, le reste du répertoire roule sur du papier de verre pour bien nous irriter les guiboles.
Sucoth Benoth est donc un frontman aguerri, qui connaît ses classiques. Son timbre de voix un peu traînant n’est évidemment pas sans évoquer celui de Tom Warrior durant sa période Into the Pandemonium (et la suite, moins joyeuse en rose fluo), et CAMOS pourrait être le fils caché des amours tumultueuses entre cet album et le suivant cité plus haut. Blackened Glam Heavy Metal ? C’est grotesque, mais ça peut fonctionner avec un peu d’imagination. Les puristes furieux en seront pour leurs frais, espérant sans doute une attaque porcine frontale, mais les autres, plus exigeants savoureront un disque très intelligent, qui souille le mainstream sans trahir l’underground.
La linéarité est donc honnie, et c’est merveilleux, parce qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. On passe d’une ruade Speed n’Thrash à de la mélancolie sous néons fatigués, avec l’enchaînement bourru de « Run to Kill », charge MOTORHEAD/TANK et de « When Love Ends in Blood » fausse histoire d’amour à l’arsenic et à l’hémoglobine.
Ces gens-là sont donc très recommandables. Une compréhension du bréviaire Metal totale, une créativité dans le classicisme qui nous évite les copies carbone de tel ou tel groupe, et ce parfum délicieusement musqué de la scène proto-Thrash/Death des mid eighties. Même l’esprit d’HELLHAMMER se voit ressuscité le temps d’un « Waiting Your Command », qu’on airait bien digéré à la suite de « Massacra » sur le séminal Apocalyptic Raids.
Bien loin du primaire qui tâche et qui reste sur l’estomac, Hide from the Light est une cuvée aux goûts boisés très prononcés, mais qui autorise un léger parfum fruité. Le plus âpre est à réserver à une basse énorme et grossière, qui malmène le mid tempo de « Riding to Hell », tandis que la guitare de Caos assure un effluve de baies rouges qui sied admirablement bien à cette gouleyante dégustation.
CAMOS revit, revient, et nous délivre du marasme old-school de son appropriation diabolique, mais lettrée. Alors que ce deuxième album démarre sous des auspices prévisibles, il retrouve rapidement sa vitesse de croisière en ralentissant quand il le faut, et en laissant les moteurs éviter la surchauffe.
Diabolique mais ludique, inspiré et expiré, Hide from the Light sera certainement l’un des meilleurs disques estampillé Hard n’Heavy du dernier trimestre 2024, surtout si l’on reste sur l’impression d’oppression de « Swimming With the Sharks », qui fond le FROST de Vanity/Nemesis dans la chaux RUNNING WILD de Gates to Purgatory.
Agréable, même sous fortes chaleurs.
Titres de l’album :
01. Hide from the Light
02. Desert Devil
03. Run to Kill
04. When Love Ends in Blood
05. Lord of Flies
06. The Devil's Concubine
07. Waiting Your Command
08. Riding to Hell
09. Hopeless
10. Swimming With the Sharks
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29