L’avantage énorme avec Svart Records, c’est qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre. Le label finlandais nous a habitués à des surprises de taille, allant constamment chercher dans les recoins de l’inventivité de quoi alimenter sa turbine à fantasmes. Tout y passe, Black, Doom, Progressif, Punk, Avant-Garde, Expérimental, Metal pur et biscornu, Extrême original et traité par le petit bout de la lorgnette. Alors évidemment, chacune des sorties du label est scrutée avec attention, pour ne pas dire disséquée avec passion. Et cet album des islandais d’ALTARI ne fait aucunement exception à la règle.
ALTARI est quelque part une géniale incongruité dans le catalogue BM de ces dix ou quinze dernières années, justement parce qu’il n’est pas forcément affilié au genre, ou alors de si loin qu’il faut des jumelles pour entrevoir le lien. D’ailleurs, je n’ai aucune information les concernant, autres que celles prodiguées par Svart qui botte parfois en touche en restant vague. Mais on apprend quand même deux ou trois trucs qui peuvent être utiles.
La principale concerne le concept de Kröflueldar, qui se base sur une série d’éruptions volcaniques ayant secoué Krafla en 1975. Neuf ans d’activité volcanique pour un album ayant nécessité près de neuf années de conception, l’analogie était trop belle pour ne pas être partagée. Et comme en sus, l’album arbore une magnifique pochette psychédélique en coulée de lave multicolore signée par le guitariste K.R.Guðmundsson, la boucle est bouclée, et le tableau fini.
Fini, mais ouvert. En travaillant main dans la main avec le producteur maison Stephen Lockhart, ALTARI s’ouvre des pistes fluides, et des chemins de dégagement. L’homme étant un fidèle de l’église BM islandaise depuis des années, il était le plus à même de comprendre le besoin d’originalité du groupe. Et c’est pourquoi Lockhart s’est éloigné de ses schémas habituels pour offrir à l’album une aura personnelle et une patine très caractéristique. Loin du tout-venant donc, pour une menace tangible qui risque de faire fondre tout ce qu’elle croise sur son passage.
Entre Rock souple et extrême abrasif, Kröflueldar reste obscur et indéfinissable, même si Svart n’hésite pas à le conseiller aux fans de CRAFT, DEATHSPELL OMEGA, ou BLUT AUS NORD. Car d’autres références sont citées dans le laïus promotionnel, qui nous perdent en route. JUDAS PRIEST, VOÏVOD, SONIC YOUTH, VIRUS, BLUE ÖYSTER CULT, INTERPOL, KILLING JOKE, un sacré panel qui empêche de deviner les tenants et aboutissants, mais qui met aussi l’écume à la bouche. Quel pourrait être le résultat d’une hybridation aussi large ?
Simple. Kröflueldar.
On pourrait même jouer le jeu du label en ajoutant dans un esprit dégagé l’influence de PINK FLOYD et THE CURE, mais aussi celle des FIELDS OF THE NEPHILIM, pour mieux rattacher ce projet à la scène gothique et froide des années 80. Vous le constatez, l’affaire est complexe, et pourtant, les morceaux sont clairs, simples, puissants, entre Metal généraliste et refusant tout cloisonnement, et inspiration exotique mais rigide.
Le track-by-track pourrait être d’une aide confortable, mais je me refuse à l’exercice. Car ALTARI a pris la peine de nous proposer un concept global qu’il serait inconscient et irrespectueux de fragmenter pour une meilleure compréhension. Dites-vous juste que plus l’album avance, plus sa puissance prend de l’ampleur, au point de fricoter avec les cimes les plus hautes du Black abrasif des années 2000. Presque symphonique parfois, aussi délicat qu’il n’est colossal, cet album est une mine d’idées à remplir des discographies complètes, et exige des dizaines d’écoutes pour commencer à se découvrir.
La méchanceté de « Hin Eina Sanna », le chaos énorme de « Vítisvilltur » réconcilient VIRUS et le PARADISE LOST de ces dernières années, Alors même que les guitares se disputent l’accès au son clair et le droit au son saturé le plus agressif possible. En découle évidemment une certaine forme de rupture et d’opposition, qui fait le charme d’un disque pas comme les autres et fier de ne pas l’être.
Aussi assourdissant qu’il n’est précis, Kröflueldar dessine la puissance d’une manifestation naturelle, et le chaos qu’elle engendre lorsqu’elle en vient à menacer les populations. On s’imagine très bien totalement paniqué face à cette catastrophe, devant laisser derrière nous tous nos biens et nos souvenirs pour ne pas être engloutis par cette lave qui fait tout brûler sur son passage.
Amer, romantique, cruel, anarchique, chaotique, logique, Kröflueldar est un tableau peint avec des notes pour ne pas figer une image gelée qui peinerait à décrire une catastrophe naturelle en perpétuel mouvement. Cette souplesse s’articule avidement autour de mélodies amères et biaisées, d’impulsions rythmiques brutales, et d’un savant jeu de chaises musicales nous laissant le cul par terre.
Mais mieux vaut se relever assez vite pour ne pas se retrouver en pièces détachées collées sur la moquette ou le lino. Une certaine idée d’un réchauffement islandais pas vraiment réconfortant.
Titres de l’album:
01. Kröflueldar
02. Djáknahrollur
03. Leðurblökufjandinn
04. Sýrulúður
05. Hin Eina Sanna
06. Vítisvilltur
07. Grafarþögn
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
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Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
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Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
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03/07/2025, 12:55
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19