Tout ça sent la confusion à plein nez, et pour cause. Je connais déjà au moins quatre TRAUMA, dont la plupart évoluent dans un créneau Thrash et Death. Et en partant du principe que ces TRAUMA-là s’appelaient THANATOS au départ, tout ça nous plonge dans le marasme, puisque le THANATOS le plus connu vient juste de sortir un album de pur Death Metal. Mettons donc les choses au point, le TRAUMA du jour qui en est vraiment un nous en vient de Pologne, d’Elbląg plus précisément, et n’en est pas vraiment à son coup d’essai. Formé en 1988 donc sous le nom de THANATOS, sous lequel il a battu pavillon pendant quatre ans, le groupe n’a pas tardé à imposer ses vues sur la scène extrême polonaise, pas la plus tendre du monde. En vingt-quatre ans de production, le groupe a donc eu le temps de publier sept longue-durée (Comedy is Over en 1996, Suffocated in Slumber en 2000, Imperfect Like a God en 2003, DetermiNation en 2005, Neurotic Mass en 2007, Archetype of Chaos en 2010 et le petit dernier, Karma Obscura en 2013), production conséquente que vient compléter ce huitième chapitre de la saga, Ominous Black. Enregistré au Traumatic Sound Studio à Elblag, mixé et masterisé au fameux Hertz Studio (BEHEMOTH, VADER, DECAPITATED, HATE, HOUR OF PENANCE, BEHEADED...), et emballé dans un artwork signé du célèbre et demandé Mariusz Lewandowski (ABIGAIL WILLIAMS, BELL WITCH, PSYCROPTIC, SHRINE OF THE SERPENT), Ominous Black est donc un produit imperfectible dans son créneau, qui nous offre trois-quarts d’heure de Death à la polonaise, mais beaucoup plus fin qu’il n’y paraît, et aux ambiances très travaillées. Nous ne parlons donc pas là de Death old-school, ce que le passé du groupe et son ancrage dans les eighties pourrait induire, mais bien de Death à cheval entre les époques, à l’aise dans la sienne, mais conscient des impératifs énoncés il y a quelques décennies.
Jarosław “Mister” Misterkiewicz et Arkadiusz “Mały” Sinica savent ce qu’ils veulent, eux qui sont aux commandes du navire depuis ses origines. Et malgré son arrivée plus tardive, Artur "Chudy" Chudewniak a déjà eu le temps d’enregistrer un bon paquet d’albums avec ses compatriotes, ce qui permet à la continuité de se solidifier, et de viser une homogénéité dans le temps. C’est ainsi que sans vraiment se démarquer des sept premiers albums studio du groupe, Ominous Black propose néanmoins quelques nouveautés, notamment dans l’élaboration d’un matériel de plus en plus « progressif ». Je mets le terme entre parenthèses, car le Death des polonais est plus évolutif qu’autre chose, et surtout, d’une finesse indéniable dans la brutalité. On sent que les musiciens souhaitent miser tout autant sur l’efficacité que sur la violence, n’hésitant pas à insuffler à leur musique un groove irrésistible, qui laisse beaucoup de place aux riffs accrocheurs ainsi qu’aux progressions mélodiques prenantes. Doté d’une production évidemment monstrueuse, Ominous Black ne compresse pas la rythmique à outrance, bien que la double grosse caisse trahisse son caractère contemporain de ses échos graves et répétés. Mais la cohésion dont font preuve les musiciens, et leur audace, si vous me permettez ce terme, nous permettent de savourer des morceaux vraiment percutants, à l’image de l’ouverture dantesque de « Inside The Devils Heart », qui ose les dissonances, nous assomme de blasts, et nous lacère de riffs supersoniques, dans la plus grande tradition du Death polonais. De nombreuses cassures, de l’assurance dans le déroulé font de cet album une adjonction solide dans le répertoire de TRAUMA, et si les comparaisons utilisées par son label national ne sont pas toutes pertinentes (SLAYER, PESTILENCE, MORBID ANGEL, GOREFEST, HATE ETERNAL, NEVERMORE, NILE, VITAL REMAINS, MASTER, KRABATHOR, ASPHYX…), elles permettent au moins de baliser le terrain et d’anticiper les exactions pour les novices qui n’auraient pas encore fait connaissance avec le trio.
Je parlais de Death progressif plus en amont, mais il convient d’apporter une nuance à cette remarque. Le terme progressif n’est pas à assimiler en fonctions d’évolutions complexes ou de démonstrations techniques roboratives (PESTILENCE, GORGUTS, ATHEIST), mais plutôt en termes de modulations, chaque thème abordé se voyant trituré pour épouser de nouvelles formes et prendre de nouvelles directions. C’est ce qu’on remarque assez rapidement, et malgré une agression permanente via une rythmique implacable, la basse parvient à insuffler un peu de finesse avec un glissando par ci et une ligne mélodique par-là, contrebalançant les harangues permanentes de Chudewniak qui s’époumone comme un beau diable. Tout ça nous donne donc du Death brutal, mais finement agencé, avec de nombreux breakdowns, qui relancent la machine d’ultraviolence en lui conférant plus de puissance. C’est ainsi que « Insanity Of Holiness » s’offre un break Heavy mâtiné d’un solo harmonique du plus bel effet, rappelant par la même les exactions bataves du PESTILENCE de Patrick Mameli, tandis que le très roublard « Astral Misanthropy » multiplie les pains comme un boxeur sur le ring, en alternant une basse tournoyante et une guitare en sifflantes. Le Death des polonais est donc toujours aussi riche, moins prévisible qu’il n’y paraîtrait à l’avance, et symptomatique d’une ouverture mondiale. On apprécie particulièrement ces moments catchy qui dynamisent une bestialité ouverte, toujours propre, mais avide de violence. Le trio n’a pas son pareil pour accrocher l’oreille avec des parties abordables, et même lorsque la montre laisse courir ses aiguilles, les idées ne manquent pas (« I Am Universe »). Relativement peu de titres lapidaires et purement gratuits dans la bousculade, à l’exception de l’aplatissant « Among The Lies » qui en appelle au ressenti le plus traditionnel du Death de l’est.
En troussant des intros atmosphériques, en plaçant des intermèdes plus nuancés, les polonais parviennent une fois encore à s’extirper de la masse grouillante des vétérans Death collés à leurs principes, et nous laissent savourer des pièces bien préparées (« The Godless Abyss »), pour conférer à ce huitième album un parfum presque mystique. Une nouvelle étape sur le chemin des anciens de TRAUMA, peut-être pas la plus importante, mais qui leur permet de continuer leur chemin avec pertinence et efficience. ,
Titres de l’album :
01. Inside The Devils Heart
02. Insanity Of Holiness
03. Astral Misanthropy
04. Soul Devourer
05. Among The lies
06. I Am Universe
07. The Black Maggots
08. The Godless Abyss
09. Colossus
Superbe ce papier avec un chroniqueur qui, ça se sent, a vécu l'époque Roadrunner et sa superbe compilation (a la non moins superbe pochette) Stars on Thrash.Achat obligatoire.P.S : Euh moi une ex m'appelle pour prendre de mes nouvelles et me proposer (...)
19/03/2024, 12:13
Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.
19/03/2024, 08:17
Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.
19/03/2024, 07:52
J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)
19/03/2024, 07:43
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39