Sept ans. Il aura fallu sept ans aux suisses de GURD pour revenir sur le devant de la scène avec un nouvel album. Sept ans depuis Fake, excellent disque une fois encore qui nous avait laissés plein de promesses mais qui s’est contenté de baisser le rideau pour que le silence fasse sa loi. Alors évidemment, averti d’un comeback, j’étais dans les starting-blocks pour découvrir cette nouvelle offrande du pays de l’horlogerie, et en découvrant les contours d’Hallucinations, j’ai immédiatement compris que GURD était allé à l’essentiel, sans chercher les fioritures.
GURD c’est une marque de fabrique depuis les mid nineties, et la sortie du séminal éponyme qui avait secoué les années 90 de sa violence toute en groove. Nul n’a pu oublier tel choc, même si depuis, le quatuor a multiplié les interventions, au point d’accrocher aujourd’hui à sa discographie onze longue-durée, deux compilations et autant d’EPs. Une longévité qui s’explique par une foi sans failles en un Thrash moderne, subtilement influencé par des cadors comme PANTERA ou CHANNEL ZERO, et dont la formule a été actualisée avec le temps, au point de devenir imperfectible.
Franky Winkelmann (basse), Pat (guitare), V.O Pulver (chant/guitare) et Steve Karrer (batterie) nous proposent donc avec ce nouveau chapitre de leur saga de nous replonger dans les années groove du Thrash, ces fameuses années qui ont vu l’évolution du genre, s’adaptant pour survivre, et accouchant de nombreuses perles. Hallucinations dans les faits, est un disque classique, à l’esprit subtilement Hardcore, aux riffs fluides et épais, et aux chœurs revendicateurs. Entre AGNOSTIC FRONT et EXODUS, GURD taille sa route, et n’oublie pas de rendre hommage à ses influences. Ainsi, le monstrueux morceau d’ouverture « Merry Go Round » salue les RAMONES d’un « Hey, ho, let’s go », ce qui a pour effet de renforcer l’attitude Punk d’un groupe qui n’a jamais fait de compromis.
Et entre les nouveautés fades, les banalités old-school d’usage, et les recyclages de vedettes compressées comme une plaie ouverte, Hallucinations se distingue par sa franchise, et insuffle un peu de sang neuf à la scène Thrash qui se contente beaucoup trop souvent de relever des compteurs déjà usés. Evidemment, rien de bien neuf à se mettre sous la dent, mais une énergie incroyable et une rage palpable, comme le démontre ce tube de l’enfer à faire danser Lucifer et sa mère qu’est « To the Floor ».
Cette honnêteté artistique est tout à l’honneur du groupe de Berne. Entre ces riffs saccadés si typiques, ces harangues vocales éructées comme à la fin du monde et ces chœurs en arrière-plan qui confèrent parfois un parfum Death (« FEAR »), GURD repasse sa carrière en revue sans utiliser de pattemouille, et nous sert tout frais une mine de hits béton qui cartonnent tout du long. Et si la production de l’objet en question est assez générique, elle n’en permet pas moins aux guitares de charcler dans les grandes largeurs, et à la caisse claire de rythmer ces éclairs de violence inopinés (« Devil’s Bread »).
Avec quarante minutes, Hallucinations frappe fort et vite. Les convenances sont évidemment logiques, mais l’envie est là, et intacte comme au premier jour. En jouant l’alternance Heavy/fast, le quatuor se met ses fans dans la poche, et pourrait même convertir une nouvelle génération. Avec des hymnes costauds comme « Ghosts of Black Holes » ou le final Heavy en diable « Egoist », qui flirte avec le Death/Doom, GURD démontre qu’il n’a rien perdu de sa force de persuasion, et excuse ces longues années de silence qui ont instauré le doute dans les esprits.
De fait, Hallucinations est malgré son titre très réaliste et lucide. Il est une porte d’entrée très viable à la discographie du groupe, et donnera envie aux néophytes d’en savoir plus sur cette légende de l’underground. Massacre Records a donc fait une bonne affaire en signant le groupe, et en imaginant l’impact live de ces morceaux, on se dit que les concerts à venir se dérouleront dans une ambiance de feu.
Et sincèrement, on a hâte.
Titres de l’album :
01. Merry Go Round
02. I Like the Pain
03. To the Floor
04. FEAR
05. Devil’s Bread
06. Ghosts of Black Holes
07. Out of Hand
08. Ship in Distress
09. Taste for More
10. Egoist
Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live
23/04/2024, 09:55
Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique
22/04/2024, 18:04
Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.
21/04/2024, 19:52
Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)
20/04/2024, 23:36
Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)
20/04/2024, 20:06
Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)
20/04/2024, 06:26
Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler ! Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.
19/04/2024, 18:08
@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...
19/04/2024, 15:54
Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.
19/04/2024, 15:20
On s'en cogne. Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)
19/04/2024, 07:52