Les thèmes ne sont pas gais, la musique non plus. Les brésiliens de TOSCO reviennent avec un troisième album qui ne cherche aucunement à modérer la violence ambiante, bien au contraire. Nous avons donc droit à un état des lieux de la situation en Amérique du Sud, et le bilan n’est pas des plus positifs. Les nouveaux morceaux traitent d’ailleurs de thèmes importants sans essayer de travestir leur propos, et autant dire qu’on n’a pas forcément envie de déménager à São Paulo pour y rencontrer la faune criminelle locale.
« O Brasil é o Crime » le souligne sans ambages : le Brésil est gangréné par le crime, les agressions, les vols et la violence quotidienne. Le genre de constat auquel se livraient les groupes extrêmes dans les années 80 et qui reste d’une actualité effrayante. Loin du football samba des cartes-postales, TOSCO nous dépeint une réalité dure à avaler lorsqu’on n’a pas connu la brutalité et l’injustice dès le plus jeune âge, et qui s’accommode très bien d’une optique Thrash/Groove penchant plus d’une fois vers le Crossover.
Après Revanche et Sem Concessões, Agora é a Sua Vez continue sur la même trajectoire, accentuant même les aspects les plus Heavy d’un groupe pas forcément commode à la base. D’ailleurs, le groupe lui-même assume ce renforcement des rythmiques et des riffs, estimant que ce nouveau virage en épingle est le plus dur de sa jeune carrière. On veut bien le croire en subissant les assauts ininterrompus de ces morceaux emprunts de colère, de haine viscérale, et d’envie de revanche sur le destin.
Et quelle meilleure revanche que d’affronter le quotidien les poings serrés et la haine de l’injustice en bandoulière ?
Evidemment, lorsqu’on parle de violence Thrash brésilienne, quelques noms viennent à l’esprit. Celui de SEPULTURA évidemment, mais aussi ceux d’OVERDOSE, RATOS DE PORAO, SARCOFAGO, VULCANO, j’en passe et des plus underground. Dans les faits, TOSCO se situerait quelque part entre le SEPULTURA des années tribales, l’OVERDOSE le plus compact, et le RATOS DE PORAO le plus sérieux, soit la quintessence d’une école sud-américaine de la rue, devenue professionnelle avec les années. Si le propos est classique, si la musique l’est tout autant la rage qui se diffuse brutalement dans les tympans donne des envies de violence instantanée, et les muscles se contractent à l’écoute de « O Monstro », monstre d’épaisseur sur lequel la batterie de Paulo Mariz donne clairement de sa personne.
Et si les riffs de Ricardo Lima louchent souvent sur l’héritage de MACHINE HEAD, avec ce mélange de licks graves et d’harmoniques vicieuses, le chant complètement enragé d’Osvaldo Fernandez permet de faire le lien avec la scène Hardcore nationale. Sacrée performance que ces hurlements incessants, qui crachent des pamphlets à la tronche de la corruption et de la criminalité, et qui permettent de transcender un « Nada Tá Bom » complètement allumé et exhorté.
La basse de Carlos Diaz (ex-VULCANO, ex-HIERARCHICAL PUNISHMENT et ex-CHEMICAL DISASTER) colle le tout ensemble tout en laissant des aérations, et c’est ainsi qu’Agora é a Sua Vez dépasse largement la moyenne, en comptant sur ses qualités propres, tout en ouvrant la porte à quelques invités triés sur le volet. C’est d’abord Silvio Golfetti, ex-guitariste de KORZUS qui vient taper le solo sur la reprise de son ancien groupe « Guerreiros Do Metal » (grosse marave dégainée comme à la parade), mais c’est aussi Dave Austin (NASTY SAVAGE) qui lâche quelques notes totalement hystériques sur le véloce et féroce « Hellvetia ».
Du beau monde donc, mais pas pour épater la galerie. Plutôt pour unir les forces vives en présence et se travestir en machine de guerre prête à écraser les vilains, les monte-en-l’air, dealers, violeurs, voleurs et autres trafiquants de poudre branche frelatée.
A l’image de la pochette légendaire du Vulgar Display of Power de PANTERA, Agora é a Sua Ve est une énorme rouste prise sur un ring improvisé dans les rues de Sao Paulo. Solide comme tout troisième album doit l’être, compact mais avec des espaces négatifs salvateurs, en apnée totale de mélodies en contrepoint, ce nouveau chapitre de la saga TOSCO est un élan nouveau dans la compétition de triple-saut du Groove Metal des années 2020.
Quelque part entre Crossover vraiment velu, Thrash jamais repu et Groove ténu, TOSCO dénonce, critique, souligne, fait remarquer, et se fait remarquer, au point de laisser une impression durable. Et bien que formel jusqu’au bout des ongles, ce nouvel album se déguste comme un exercice de style parfait, qui retranscrit en langage musical brutal le quotidien des brésiliens, qui depuis des décennies, doivent faire face à la misère, la corruption policière et l’indifférence des instances.
Pas vraiment gai/gai, mais réaliste. Et c’est tout ce qui compte.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Mais Uma Vez
03. Issaqui Has No Way
04. O Brasil é o Crime
05. Hellvetia
06. O Monstro
07. Nada Tá Bom
08. A Verdade
09. Casa De Nóia
10. Tropa Z
11. Qualquer Ajuda
12. Guerreiros Do Metal (KORZUS cover)
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
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Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36