Vol. 2

Welcome X

25/06/2021

Autoproduction

Comme je l’ai déjà expliqué, le terme « Metal Progressif » a le don de faire fuir une certaine frange du public Metal qui ne se reconnaît pas dans cette flatterie d’ego permanente et ces masturbations instrumentales ou chacun tire le sopalin à soi. Dans le même ordre d’idée, le Progressif plus discret de TOOL ne fait pas non plus l’unanimité, beaucoup n’y voyant qu’une immense fumisterie onaniste que les élitistes louent comme le rapport sexuel musical le plus orgiaque qui soit. Mais le Progressif, ça n’est pas qu’une longue suite d’interventions personnelles agencées comme une jam logique, et composée d’inserts pénibles pour le commun des mortels qui n’a pas fait le conservatoire. D’ailleurs, même en ayant fait le conservatoire, il est tout à fait possible de se montrer hermétique à cette stérilité créative qui le confine souvent au vide le plus lénifiant. Mais lorsqu’on aborde les choses sous un angle rythmique, lorsqu’on voit la chose avec des yeux de passionnés, et qu’on n’hésite pas à parler le langage du Jazz, du Rock, du Metal et de tout autre genre musical, le Progressif peut devenir une merveilleuse machine nous transportant dans le temps et l’espace, pourvu qu’elle soit pilotée par le bon équipage.

Je n’ai pas honte de dire que je ne connaissais pas les héros de WELCOME X avant que ce cher Arno Strobl ne m’aguille en leur direction, à l’occasion de leur second album. Au fait des accointances du journaliste/musicien avec les entités culottées et les pairs créatifs, je me suis immédiatement plongé dans l’écoute de ce Vol. 2, qui comme son nom l’indique, fait suite à un premier album qui avait beaucoup fait parler de lui. Aux commandes de l’ensemble, Phil Bussonnet, bassiste de MAGMA depuis 1996 et Sam Kün, ancien chanteur de FLESH & DUST. La rencontre entre les deux hommes fut déterminante pour placer les points de repère du projet, et si le background éclectique de Phil, qui a exercé ses talents dans de nombreux ensembles, fut la racine même du projet, le chant très agressif de Sam en fut une composante non moins cruciale.

Soutenus par Thomas Coeuriot (guitare), Joseph Champagnon (guitare) et Julien Charlet (batterie), les deux hommes se proposent donc de continuer l’exploration d’une musique qui tient tout autant du Jazz Rock des années 70 que du Metal métissé des glorieuses nineties. Enregistré par Martin Antiphon, Vol. 2 reprend donc les choses là où le quintet les avait laissées, et nous propose un voyage unique dans les arcanes de la création de ces cinq hommes qui ne supportent aucune limite. Pas question ici de Metal progressif à la DREAM THEATER, PERIPHERY ou TOOL, mais bien de Rock à tendance Metal rythmique et mélodique, qui emprunte à PEROPERO, ZEUS, NOMEANSNO, Alan Holdsworth, Didier Lockwood de quoi alimenter sa chaudière à groove, et le résultat est évidemment aussi surprenant qu’addictif.

« Thylacine Blues » en intro, est le traquenard rêvé pour les afficionados du Progressif issu des années 90, contemplatif, et capable de faire traîner un motif pendant de longues minutes en le biaisant légèrement. Avec sa ligne de basse redondante à la Justin Chancellor, son tapis de guitare en arrière-plan et sa longue intro évolutive, ce premier morceau prend son temps pour imposer sa direction, mais fait immanquablement penser à TOOL, jusqu’à ce que le chant de Sam Kün n’entre en jeu. On sent immédiatement des musiciens affirmés, capitalisant sur leur parcours passé pour continuer d’avancer et oser des choses inédites, et ce groove, ce déhanché, ce chant soudainement Hardcore permettent de s’extirper d’un carcan trop serré et trop prévisible, et d’éviter les affres de la démonstration, malgré le pedigree des instrumentistes impliqués. Mené par un bassiste féru de Jazz, il était évident que les WELCOME X allaient poursuivre la piste rythmique jusqu’à ce qu’elle n’ait plus rien$ à offrir, ce qui ne risque pas d’être le cas avec une compétence pareille. Strié d’arrangements analogiques fins et racés, discrets et indispensables, ce second album passionnant nous révèle le visage complexe d’une formation bipolaire, capable d’une violence sourde et d’une empathie vraiment sincère. La dualité est d’ailleurs parfaitement illustré par la doublette « Bullseye » (très PEROPERO) / « Everesting Light Prelude » (magnifique de sensibilité sur fond d’harmoniques magiques), et se confirme tout au long d‘un album court, concis, et vraiment attachant.

 « Everesting Light Part II », suite logique du prélude reprend peu ou prou les recettes des albums instrumentaux les plus fameux des 80’s/90’s avec cette alternance d’humeurs, mais toujours cette formable osmose basse/batterie, telle qu’on pouvait la retrouver chez un tandem comme Stuart Hamm/Jonathan Mover ou plus simplement chez les frangins Wright de NOMEANSNO.

      

« Ombromanie », le gros morceau de l’album nous renvoie à l’audace sans bornes des) seventies en France, lorsque tout était encore possible, et que les frontières étaient faites pour être franchies. Un peu Indus sur les bords avec sa voix traitée, surtout immensément percutant, ce long pamphlet démonstratif agit comme un mantra sur l’organisme, et mixe tout autant la Fusion que le Jazz-Rock, le Metal extrême parfois, tout en gardant prise sur une lucidité mélodique qui suggère parfois des accointances avec le DEEP PURPLE le plus classique. Formidable, ce long insert permet au groupe de se lâcher dans un labyrinthe rythmique aux parois mouvantes, mais un labyrinthe logique, avec entrée en sortie, mais quelques passages dérobés. A son rôle de pivot, Phil Bussonnet en fait beaucoup, mais jamais trop, souligne les notes, rend ses attaques rondes, percute ses cordes avec ce qu’il faut de doigté, et montre quel formidable instrumentiste il est, conscient de ses moyens individuels, mais au service d’un collectif. Et si les deux guitares accomplissent un travail extraordinaire, la batterie matte de Julien Charlet offre une souplesse incroyable à l’ensemble, liant les plans comme une colle élastique. 

Evidemment souvent plus Rock que Metal, malgré des accès d’électricité intenses (« Inevitable Collapse »), WELCOME X n’en remontre pas moins aux plus agressifs des techniciens Metal, leur donnant une leçon d’efficacité au passage. Et si le tout donne parfois l’impression de résulter d’une jam session intense entre musiciens d’horizons différents (dans le bon sens du terme), on comprend rapidement que malgré cette liberté, les morceaux ont été construits en tant que tels. Une invitation musicale qu’on ne peut refuser, Vol. 2 prone la lumière dans les ténèbres, et la modestie dans la grandeur. Une œuvre unique, pour des musiciens ne l’étant pas moins.    

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Thylacine Blues

02. Bullseye

03. Everesting Light Prelude    

04. Scent of Sakura

05. Everesting Light Part II

06. Ombromanie*

07. Inevitable Collapse

08. 32GE


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 20/06/2021 à 14:39
85 %    1079

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52

Arioch91

J'aime bien ! Ajouté à ma shopping list.

18/04/2024, 19:48

Saul D

" Marianne" c'est pour miss Schiappa? ok je sors :-)

18/04/2024, 17:12

Gargan

Y'a du riff polonais.

17/04/2024, 08:12