Il y sept ans, un trio obscur nous assommait de quatre compositions bruitistes, pour un total de quarante-six minutes. Un bloc incompressible qui tombait de nulle part, ou qui remontait des abysses de l’enfer, et évidemment chaperonné et cautionné par Iron Bonehead. Une sorte de symphonie macabre en l’honneur d’un Black/Doom/Death/Drone/Ambient, le genre même d’exactions que le deep web de l’underground aime nous adresser de temps à autres pour prouver que l’iceberg à une sacrée surface noise immergée.
Depuis, les années ont passé - pas moins de sept - le trio est devenu duo, et son optique a résolument et clairement changé. Abandonnées les longues litanies à rendre dépressif un clown sous gaz hilarant, abandonné l’occultisme profond de ces sonorités cryptiques et ces hurlements sourds, pour finalement adopter une posture beaucoup plus classique, et disons-le : musicale. Ainsi, passés chez Putrid Cult, les CHTHONIC CULT s’offrent un lifting intéressant, qui les rend certes légèrement mainstream, mais beaucoup plus abordables et appréciables.
Become Seekers for Death, second album, est un aveu même de la part de ses auteurs qui cherchent la mort via son versant le plus évident. Oblivion (basse), Hyperborean (guitare/chant) se proposent donc de fouiller dans les archives du passé pour en exhumer les parchemins les plus historiques, et optent pour une efficacité plus prononcée, et moins ambiancée. Le mystère cède donc sous les coups de boutoir de l’efficacité, mais la méchanceté n’en a pas pour autant jeté l’éponge. Miraculeusement produit, Become Seekers for Death est certes beaucoup plus formel, et ressemble parfois à un effort classique de Death suédois repris à leur compte par des musiciens norvégiens, mais il marque les esprits de sa lucidité et de son envie de rentrer dans le rang.
Ainsi, même encapuchonnés, même anonymes, ces musiciens de l’étrange optent pour une réunion de famille autour du cadavre du Death originel, toujours bien vivant paradoxalement. De fait, ces huit morceaux sont autant de tranches de nostalgie nineties, avec gravité vocale raclée, riffs circulaires recyclés de l’école de Stockholm et Göteborg, et fin voile noir BM pour préparer l’enterrement en toute dignité.
Entre soli vraiment notables et licks accrocheurs en diable, ce second chapitre de la saga CHTHONIC CULT est surprenant, mais séduisant. Car même en se voulant plus « consensuels », les musiciens gardent leur ADN presque intact, et mélangent leur personnalité à celle de DARKTHRONE (« When the Ancients Speak »), pour taquiner le spectre des anciens des forêts suédoises et norvégiennes.
Et en toute franchise, « Ironclad Nemesis » vient mettre les cartes sur la table, via une intro efficace avec force fills et roulements, pour un déluge de guitares qui acidifient l’air pour le rendre irrespirable. Immédiatement, le changement est patent, mais on l’excuse de la performance globale. Grace à un riff incroyablement redondant, les polonais placent le contexte dans un passé pas si éloigné, et admettent avoir mis de l’eau dans leur venin. Toutes les figures imposées du Death historique de la période 90/93 sont là, durcies d’une attitude BM assez crédible, et on se laisse prendre au jeu, sachant que rien de tout ceci n’est inédit, ou même choquant.
Mais entre un niveau technique certain et une attitude redoutable dans la reproduction, CHTHONIC CULT fait passer la pilule dans une croquette de fiel, et on abandonne immédiatement toute logique d’évolution pour accepter cette translation de l’ignominie à la raison violente.
Assez intelligents pour imposer leur point de vue, les musiciens osent des choses brèves et convaincantes (« Become Seekers for Death »), et ne s’éloignent jamais de leur ligne bien tracée, se vautrant dans la fange Death comme des porcs avides de boue (« In the Seventh Hour »), mais trouvant le juste milieu entre Black et Death, sans tomber dans le piège du Blackened Death un peu trop putassier et facile.
Convenu mais efficace, old-school mais pardonnable, Become Seekers for Death est un très bon travail de mimétisme, subtilement personnel, mais susceptible de plaire aux hordes BM comme aux légions Death. Du bel ouvrage, compréhensible, accessible, et juste assez underground pour ne pas devenir vulgaire de plagiat.
Titres de l’album :
01. Ironclad Nemesis
02. On the Wings of Drought
03. The Thunder Spoke to the Spirit
04. When the Ancients Speak
05. Become Seekers for Death
06. In the Seventh Hour
07. Crimson Streams of Sacrifice
08. The Hunt of the Light-Bearer
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15