Mine de rien, ça manquait d’un gros méchant. Un être vil, sans foi ni loi, et bien décidé à ramener le Grind dans le giron des musiques les plus extrêmes, mais aussi des plus fourbes. Et c’est une fois encore l’Amérique qui nous a sauvés du marasme, en mettant en avant l’un de ses représentants les plus vilains. FULMINATE est donc le projet qui permet au genre de retrouver ses lettres d’ignominie, et de redevenir le plus bourrin du spectre Noise. Pourtant, c’est une simple démo qui s’est transformée en bouée de sauvetage. Une démo conséquente certes, mais une démo quand même. Alors que le projet a déjà connu les horreurs d’un longue-durée, c’est en format tape qu’il revient, et remonté comme un Barney sous acides.
Internal Degradation, c’est la classe américaine. Une pochette évidemment très moche, une photo promo prise avec un vieux Nokia dans une cave quelconque, mais la magie opère. Aucun truc, juste une logique implacable, et un musicien qui aime suffisamment le genre pour le transcender et le respecter.
Et un an à peine après Agony Resonates Pleasantly, FULMINATE revient nous conter fleurette, sur fond de dégradation physique, quelque part entre CARCASS, la scène Death suédoise, et l’énergie incroyable de l’Angleterre des années 80. Le Grind de l’américain est du genre costaud, salé, épicé, et évidemment obsédé par la société et ses inégalités, les diverses afflictions physiques, et le respect des aînés qui se matérialise sous la forme d’une reprise de DEAD INFECTION.
Mais loin de la facilité de ceux qui confondent musique et boucan, Internal Degradation agence ses idées, toutes fulgurantes, mais soigne ses riffs, compréhensibles et souvent accrocheurs. La vitesse déraisonnable confère une folie au concept, mais cette démo a été très travaillée, au point qu’elle sonne comme un véritable album, bien plus intéressant que les trois-quarts de la production Gore.
Car FULMINATE s’intéresse à tous les sous-courants d’un sous-genre. Alors, les allusions Crust et D-Beat, le fond résolument Grind classique et les accès de fièvre Goregrind en font un produit complet, avec des chansons qui en sont vraiment, et pas de simples exutoires pour malade en phase terminale.
Le groove, ce son si âpre et sans concessions, cette voix inhumaine qui sort comme des remugles de poumons infectés et fatigués, ces breaks catchy et ces reprises impromptues font de cette maquette la meilleure réalisation Grind de cet été 2024. Avec bien sûr une forte inspiration CARCASS des premières années, mais aussi des œillades énamourées au cadavre de REPULSION, Internal Degradation est un parfait résumé de l’aventure ignoble, depuis sa naissance quelque part du côté de Birmingham.
FULMINATE a beau être très moche, il est efficace et créatif. Des morceaux de plusieurs minutes, quelques saillies plus brèves et choc, mais un véritable répertoire compétitif, sublimé par une guitare qui n’a pas renoncé à jouer intelligemment et distinctement. On pense parfois aux RIGHTEOUS PIGS en mode ambitieux, mais aussi à DEFECATION plus énervé que d’ordinaire, DEATHBOUND, DYING FETUS, EXHUMED, et la liste pourrait être longue.
Toujours est-il que cette démo est viable à tous les égards. Elle est en fait un album déguisé, et la véritable suite d’Agony Resonates Pleasantly avec ce petit plus d’humilité qui fait les grandes âmes. Les relents putrides des effets sur le chant, la cohésion d’ensemble, cette production casher qui nous renvoie aux racines, tout contribue à générer de l’affection en branches, pour retrouver la joie violente des primes années.
Alors, on écoute, on note, on tombe parfois sur des accalmies Hardcore (« Final Ritual to the Ancient Sovereign ») ou sur des crises d’épilepsie Gore (« Rusted Execution »), ce qui prouve que le panorama est varié, et qu’il ne se contente pas d’une vulgaire autopsie sur une vielle table de restaurant abandonné.
FULMINATE est donc un vrai méchant, mais un méchant faussement sadique qui aime faire plaisir. Avec des régurgitations de la trempe de « Frontal Trauma Resection », la relève est assurée, et le volume sonore délectable.
A table les enfants, le dîner est servi. Des abats bien sûr, mais accompagnés d’une sauce très relevée.
Miam.
Titres de l’album :
01. Xenomorph (DEAD INFECTION cover)
02. Interior Rupture
03. Fragmented by Extreme Velocity
04. Turbulent Bionic Atrocities
05. Ethical Restrictions Collapse
06. Celestial Entities
07. Senses Eradicated
08. System Shock
09. Final Ritual to the Ancient Sovereign
10. Rusted Execution
11. Amplified
12. Oozing Manifolds Within the Ignoble Construct
13. Lethal Cyborg Unit
14. Gored by Experimentation
15. Frontal Trauma Resection
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
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@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19