Detritus of the Final Age

Harlott

13/11/2020

Metal Blade

Tout le monde commençait à s’inquiéter, puisque d’ordinaire, l’horloge australienne sonne avec précision tous les deux ans. Or, en 2019, pas de tocsin, ce qui n’a pas manquer de créer une certaine tension eu égard au titre du dernier album d’HARLOTT. Cette Extinction qui clôturait un triptyque d’entame était-elle la réelle conclusion d’une jeune aventure née en 2006 ? Le groupe avait-il passé son message et se reposait-t-il sur les ruines d’un monde dont il avait décrit la fin avec une terrifiante acuité ? Mais 2020, sale année parmi les sales années nous réservait une surprise de taille avec le retour de la bande, aux contours remaniés, mais à l’énergie toujours aussi vivace. Et avec l’arrivée de deux nouveaux membres, Glen Trayhern à la batterie et Leigh Bartley à la guitare, HARLOTT se repose toujours sur ses deux piliers Tom Richards (basse) et Andrew Hudson (guitare/chant), et continue son chemin parmi les décombres, conforté dans sa fierté et son allant par sa place enviable de leader de la scène Thrash australe. Il faut dire qu’avec trois albums de la trempe d’Origin, Proliferation et Extinction, nul n’irait contester le leadership des originaires de Melbourne, qui avec POWER TRIP, WARFECT et MUNICIPAL WASTE se taillent la part du lion de la nostalgie. Mais alors, après trois salves aussi destructrices, que pouvions nous attendre de plus ou de mieux de la part de ces quatre musiciens qui semblaient avoir tout dit, et parfaitement qui plus est ? La réponse est simple et se développe en dix morceaux, sous la forme d’un quatrième album qui n’a pas grand-chose à envier aux trois premiers, et qui pose l’équation la plus simple qui soit. Talent + expérience = boucherie mature intégrale, ce que représente ce Detritus of the Final Age qui fait grand cas de son message de destruction, mais pas que.

Cette fois-ci, Andrew s’est concentré sur les ruines fumantes d’une civilisation réduite à des terres stériles et à des âmes errantes dans les limbes de l’oubli, mais s’est aussi servi de son expérience personnelle pour enrichir son vocable. Ayant perdu un être cher durant les trois ans de silence de son groupe, Andrew a fait son deuil en musique, et nous offre avec « Grief » un voyage dans la douleur du cancer, et son évolution fatale. Outre cette allusion à son histoire, l’auteur aborde une fois encore des sujets d’importance, « As We Breach » qui en appelle à la révolte, et « Nemesis », introspection à la recherche du démon qui habite en chacun d’entre nous. Enregistré aux Legion Studio Productions à Williamstown avec l’aide de Julian Renzo, Detritus of the Final Age développe des arguments solides, sans rompre la continuité du travail du groupe. On retrouve sur ses sillons numériques la rage qui anime la carrière du groupe depuis ses débuts, mais aussi une plus grande place laissée à la puissance la plus brute et aux évolutions les plus élaborées. Ne souhaitant pas forcément répéter à la croche près des recettes déjà employées sur les albums précédents, HARLOTT a travaillé sa copie et la rend sans aucune faute de conjugaison Thrash ou de grammaire Heavy, et associe la fougue la plus sauvage à l’assise la plus solide. On trouve sur ce quatrième tome des aventures australes deux tentatives d’envergure, avec deux morceaux approchant ou dépassant les huit minutes, ce qui est toujours rare dans le créneau. Mais visiblement, le line-up renouvelé a donné des ailes à Andrew Hudson, qui a laissé parler ses ambitions, sans toutefois s’éloigner trop loin de ses influences originelles. C’est ainsi que l’ombre d’EXODUS plane bas au-dessus de certaines compositions, dont l’initial « As We Breach » qui empeste le riffing de Gary Holt à des kilomètres à la ronde.

Les deux morceaux les plus évolutifs ne sont pas non plus sans rappeler des albums nineties de la bande à Gary, ce que l’on note assez facilement en écoutant le monstrueux mais mobile et fluide « Nemesis ». On sait pourtant de source sure que la durée n’est pas forcément l’amie des thrasheurs, et si les plans ne manquent pas dans ces longues progressions, quelques minutes un peu répétitives eurent gagné à être mises de côté pour renforcer la concision. Mais lorsqu’on traite du cas d’un groupe aussi talentueux que HARLOTT, on se montre évidemment plus exigeant qu’envers les autres, et on a tendance à ne pas pardonner le moindre écart. Cela dit, les amateurs de sensations fortes et de grand-huit made in Bay-Area pourront toujours se satisfaire d’un missile aussi explosif que « Idol Minded », qui judicieusement placé en seconde position confère à l’album une puissance immédiate. Et cet album réserve donc bien des surprises, justifiant les trois ans nécessaires à sa conception. Outre ce premier titre épique, le second « Miserere of the Dead » nous cueille à chaud en soufflant le froid, une telle longueur étant relativement inhabituelle en tant qu’acmé d’un album de Thrash classique. Il faut remonter jusqu’aux premiers METALLICA et leurs instrumentaux interminables ou jusqu’au « Black Prophecies » de DARK ANGEL pour trouver un pic aussi haut perché, et les quasi neuf minutes d’ascension en disent long sur le potentiel futur d’un groupe au passé brillant.

Bien sûr, entre temps, « Slaughter » aura joué le chien dans le jeu de quilles suédois, et « Prime Evil » aura confirmé que les australiens sont toujours les rois pour décocher des salves instantanées, mais finalement, ces morceaux instinctifs et épidermiques ne sont plus le centre de focalisation d’un album d’HARLOTT. Ce sont justement les chansons les plus construites qui révèlent le nouveau potentiel de la formation, et qui montrent un visage différent, malgré des thématiques logiques et attendues. Et j’avoue que si le choix d’une cover de CANNIBAL CORPSE est assez hasardeux, il offre une porte de sortie dérobée qui permet au groupe de se carapater en toute indiscrétion. Complètement à l’aise dans l’art de l’appropriation déplacée, le quatuor s’amuse pendant les deux minutes de « The Time to Kill Is Now » avec les limites d’un Death transposé dans un idiome Thrashcore, et nous laisse au tapis pour le compte, sonnés par tant de véhémence.

HARLOTT n’a donc rien perdu de son sens de l’à-propos, et signe avec Detritus of the Final Age un album très équilibré, assez étrange au prime abord, mais qui exigera plus de patience pour être apprivoisé. Une façon de relancer la machine très intelligente, pour un Thrash restant de première catégorie, à cent lieues des balbutiements malhabiles de la nouvelle génération. Une façon de reconstruire un monde sur des ruines, et de regarder l’avenir avec circonspection.   

                                                                                                                                

Titres de l’album:

01. As We Breach

02. Idol Minded

03. Bring on the War

04. Detritus of the Final Age

05. Prime Evil

06. Nemesis

07. Slaughter

08. Grief

09. Miserere of the Dead

10. The Time to Kill Is Now


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par mortne2001 le 26/01/2021 à 14:44
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