Vous voulez des vilains pas beaux qui vont vous filer une rouste calé bien au chaud ? Généralement lorsqu’on cherche sa dose de velu pour être repu, en termes d’extrême, il vaut mieux s’adresser aux bonnes personnes sous peine d’être déçu et frustré, et souvent les USA et les pays de l’Est semblent les plus à même de nous livrer notre dose de grisant en forme de boucan. Loin de moi l’idée de dresser l’historique des exactions de ces deux régions, leur patrimoine bruitiste parlant de lui-même, mais force est de constater qu’ils sont souvent les plus capables en termes d’atrocités musicales…Atrocités d’accord, mais avec plus de précision d’abord. Nous parlons ici de styles hybrides, en convergence d’horreurs qui une fois assemblées, forment une ignominie anti musicale infinie, s’accrochant à détruire sur leurs fondements les dernières traces palpables d’humanité présentes dans le cœur des hommes. Ainsi, de Tucson, Arizona débarquent les poilus de LANGUISH, qui quatre ans après leur création nous en reviennent pour semer le désespoir et l’abomination, sous la forme d’un second LP un poil plus épais que le premier. Un peu de passé pour expliquer le présent, et justifier de la présence de tels maniaques sur la scène du boucan. Zack Hansen (batterie) et Matt Mutterperl (guitare), membres du collectif Sludge NORTH décident en 2014 de créer une faction dissidente, en joignant leurs forces pour jouer une musique bien pourrie, bruyante, sale et déviante, et agrémenter leur quotidien de plus de méchanceté. Au menu de la créature annoncée, des blasts, des riffs Death putrides, et dix compositions pour sortir sur le marché Extinction, au titre assez fidèle à la démarche. Sentant qu’un support vocal ne leur ferait pas de mal, les deux affreux engagent donc Sean Mears (GATECREEPER, Death Metal et TERRITORY, plus Hardcore), bassiste de son état pour les seconder, qui du coup abandonne ses quatre cordes pour un micro, laissant les bass duties à son partenaire Eric Wagner (GATECREEPER aussi, restons en famille). Quatre ans plus tard, et quelques ajustements en plus (Ryan Bram, le producteur d’Extinction est devenu le nouveau bassiste de la confrérie suite au désistement d’Eric Wagner), les LANGUISH nous en reviennent donc plus agacés que jamais pour nous présenter leur second longue-durée, cet Unworthy qui contrairement à ce que son titre laisse indiquer, en vaut largement la peine.
Vous avez suivi ? Peu importe puisque seul le barouf compte, et de ce côté-là, vous pouvez faire confiance aux arizoniens qui n’ont pas changé leur fusil d’épaule, mais qui ont densifié leur musique pour lui faire épouser les contours pluriels d’un Death excessif en tout point. Death oui, pour cette ambiance malsaine et putride, mais Crust aussi pour ce tempo qui déraille, Blackened pour ces oraisons sombres qui condamnent le projet à un underground qu’il ne quittera jamais, et plutôt Grind parfois lorsque les blasts s’invitent d’eux-mêmes au repas. Ainsi, ce second LP de la bande hirsute américaine est un véritable modèle de cruauté bordélique, semblant s’enivrer de sonorités scandinaves pour mieux les exploser de vilénie purement américaine, et papillonnant d’un genre à l’autre pour garder son intensité un cran au-dessus de tout le monde. Signés sur Prosthetic Records, mais sonnant parfois comme un poulain de l’écurie Blood Harvest ou Relapse, les LANGUISH continuent leur travail de déconstruction de la logique pour partir à vau-l’eau, tout en donnant le sentiment de maîtriser les débats débordant souvent sur le chaos le plus pur. Et ce qui ressemblera à une soupe indigeste pour les uns sera l’épiphanie de violence des autres, tant les américains épileptiques se font un malin plaisir de piquer un peu partout de quoi alimenter leur réacteur nucléaire. Faisant parfois penser à une version psychopathe des NAILS ou de PRIMITIVE MAN, ou comme une adaptation très aléatoire des standards scandinaves en vigueur dans les années 90, Unworthy se veut aussi rencontre impromptue au détour d’un abattoir des FULL OF HELL et de MORTICIAN, devisant soudain sur la façon la plus efficace de se débarrasser de son prochain. Sorte de Death souillé au savon noir fabriqué à base de graisse humaine, ce second album ne fait preuve d’aucune empathie pour vos oreilles, mais va chercher un peu plus loin que le bout de son sadisme de quoi étayer des théories nuisibles, pour réconcilier le Death le plus obscur et le BM le plus diffus, sans lâcher prise avec la musicalité.
Les riffs ne sont donc pas de simples prétextes à une débauche sonique sans queue ni tête, et même si les morceaux ne dépassent que très rarement les trois minutes, restant plus volontiers dans le confort des deux pour ne pas trop exagérer, ils font montre d’un nombre conséquent de plans, dont certains sont terriblement accrocheurs. Ainsi, la dérive gravissime de « Malignancy » permet d’apprécier des accointances Crust assez conséquentes, tandis que le final « Famine » dispose d’un arsenal de licks catchy, renvoyant l’image d’un DEATHBOUND croisant le fer avec un BRUTAL TRUTH assez remonté en hiver. Et comme le tout est enrobé dans une production assez sourde, mais suffisamment précise pour comprendre les sévices qui nous sont infligés, le résultat est probant, même si « Raze » en intro place le Grind au-dessus des intérêts communs pour mieux nous bousculer des deux mains. Eminemment violent, ce second effort ne cède jamais à la facilité d’un bruit à peine domestiqué, et pourrait même se concevoir comme un D-beat diabolique et trempé dans l’acide d’un Death à la suédoise, lorsque l’approche presque technique de « Unholy Land » ramène à l’esprit la clique fantomatique des UNLEASHED et DISMEMBER, accentuant leurs instincts les plus primaires d’une humeur primesautière de serial-killer le couteau en bandoulière. Mélange de lourdeur appuyée et de vélocité approuvée, Unworthy est d’une vilénie totale, mais tolère parfois quelques apaisements relatifs, qui dégénèrent toutefois assez rapidement en Grind bien méchant (« Pawn of God »). On sent même poindre en arrière-plan des emprunts assez évidents à l’école sud-américaine du 21ème siècle, lorsque le gymkhana s’emballe d’occultisme musical (« The Blinding Light of Purgatory »), sans que le n’importe quoi ne se fasse une place à la table des convives.
Loin de moi l’idée de vous persuader du caractère modéré de cette entreprise, qui s’adresse à la frange la plus allumée des amateurs d’extrême non dilué, mais par essence, et en toute objectivité, il m’est impossible de ranger les LANGUISH dans la catégorie des fouteurs de merde gratuite, tant leur barouf intense propose des idées sinon neuves, mais tout du moins pertinentes dans l’excès. Après, je me dégage de toute obligation, vous ayant prévenus qu’ils n’étaient que des vilains pas beaux (« Soft Will », des grognements et des riffs gravement déments à faire passer Clandestine pour un manifeste d’altruisme gênant), donc à vous de savoir où vous mettez les oreilles. Mais soyez sûrs qu’elles n’en ressortiront pas indemnes.
Titres de l'album :
1.Raze
2.Nurv
3.Urges Fulfilled
4.Recommence
5.Malignancy
6.Goliath
7.Unworthy
8.Chopping Block
9.Unholy Land
10.Pawn of God
11.The Blinding Light of Purgatory
12.Hung and Butchered
13.Soft Will
14.Rake
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"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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