Leviathan

Dawohl

22/04/2022

Dolorem Records

Nouveau venu sur la scène nationale ? Pas vraiment, puisque les origines de DAWOHL remontent à la terre des années 2009, lorsque Maxime Guillemain plante le concept. Avec un line-up complété, la formule se permet un premier EP en 214 sur Trendkill Records, avant de se terrer dans l’ombre pour préparer une invasion à plus grande échelle. Et c’est justement cette invasion que nous propose de découvrir le label Dolorem Records, en nous explosant en pleine face le premier LP de cette horde très portée sur la violence instrumentale matinée de précision chirurgicale.

Accompagné d'Eloi Nicod (THE SCALAR PROCESS) et de Florian Delbart aux guitares et basse ainsi que de Thomas « Blastum » Hennequin à la batterie (RITUALIZATION, MERRIMACK, ANTAEUS), Maxime Guillemain peut donc laisser sa gorge s’exprimer d’une saine colère au travers des huit morceaux de ce premier album qui frappe un grand coup dans l’underground brutal et bestial.

Mixé et masterisé par Frédéric Gervais au Henosis Studio (CREEPING FEAR), et flanqué d’un admirable artwork signé de la main de Business for Satan (SVART CROWN), Leviathan est une sérieuse affaire de crossover entre deux styles hautement complémentaires, que vous aurez évidemment déjà identifiés. Et lorsque mes oreilles se sont posées sur le premier single, « Telos - Immanent Orthogenesis », j’ai immédiatement été happé par cette puissance incroyable, amplifiée par un sens du détail instrumental rangeant le groupe assez près de tous les représentants techniques de sa génération.

En avouant des influences faisant partie des deux camps, unissant ZYKLON, HATE ETERNAL et INFERNAL WAR, ARKHON ou INFAUSTUS, DAWOHL joue évidemment la préciosité dans la débauche Death, mais aussi la noirceur Black, au point que cette étiquette accolée de « Blackened Death » ne fait que vulgariser leur démarche, qui mérite plus d’attention. Sans vraiment bousculer l’ordre mondial de la violence, le quatuor impose sa griffe sur les croix du cimetière, et propose une sorte de panaché entre nostalgie et envie d’aller de l’avant, faisant constamment référence aux anciens des nineties et des années 2000.

Enrobé dans une production incroyablement profonde, qui sert admirablement bien ces compositions complexes truffées de plans s’enchainant logiquement, ce premier longue-durée (toutefois modeste et égale au séminal Reign in Blood de qui-vous-savez) n’a qu’une seule intention : frapper fort pour laisser un souvenir impérissable d’acouphènes dans les oreilles de fans potentiels. Et c’est après une courte intro que la tempête commence à souffler, via « Statolatria » qui ne ménage ni les blasts, ni les énormes riffs gluants qui furent l’apanage de la scène américaine des années 90.

Instantanément, on prend acte des capacités d’un batteur incroyable qui n’a sans doute pas été surnommé « Blastum » par ironie. Ce cher Thomas nous gratifie d’un numéro de cirque à lui seul, multipliant les fills surréalistes et les parties supersoniques à décorner un Hellhammer cocu. L’homme est donc le pivot de cette réalisation, son poumon, et permet au duo de guitaristes de lâcher leurs plans les plus formels, mais aussi les plus efficaces. Car ici, aucune place n’est laissée à l’approximation ou au doute : seules les idées les plus porteuses sont conservées, et seuls les enchainements les plus logiques et rapides imposés.       

   

En six morceaux originaux, une intro et une reprise, DAWOHL nous ouvre donc les portes d’un univers dystopien, qu’il prend beaucoup de plaisir à décrire.

Dystopie amorale où les individus sont façonnés dans leur chair ainsi que dans leur esprit pour servir les objectifs d'une entité supérieure qu'ils ont créée : l'État

 

Ceci correspond peu ou prou à la réalité que nous vivons chaque jour, et l’ambiance développée par l’album, entre rage primale et absence de sentiments clinique, sert admirablement bien le propos, qui se propose de déshumaniser l’humain pour le rendre servile à loisir. Alors, les cris résonnent dans l’écho de l’indifférence, les mélodies se voient torturées par la brutalité ambiante, et les spectres d'Aldus Huxley et Thomas Hobbes agitent les pages de leurs livres en guise de salut ironique.

« Institutionalized Hatred », concentré de haine terriblement assourdissant, « Subjugation », en prenant le contrepied d’une lourdeur moite, et « Macro Apoptosis » osant le pire des deux mondes - ou le meilleur, selon le point de vue - font de cet album une tornade futuriste dont les effets dévastateurs se ressentent dans l’instant présent. Et comme le groupe a la gentillesse de nous laisser sur une boucherie en forme de reprise de nos chers MERCYLESS, on comprend assez facilement que le monde d’aujourd’hui les répugne au plus haut point.

Professionnel, ultraviolent et aussi sauvage que peaufiné, Leviathan vous écorche les tympans pendant moins d‘une demi-heure pour illustrer la situation catastrophique d’un monde qui reste fantasmée artistiquement, mais terriblement concrète humainement.    

        

                                                                                                                                                                                                           

Titres de l’album:

01. Canticum Belli

02. Statolatria

03. Institutionalized Hatred

04. Voluntary Servitude

05. Subjugation

06. Telos - Immanent Orthogenesis

07. Macro Apoptosis

08. I Vomit This World (MERCYLESS Cover)


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par mortne2001 le 11/04/2022 à 15:27
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