Wolf At The Door

Trespass

26/05/2023

From The Vaults

C’est l’hallali des trépassés.

Bah non pas vraiment, puisque visiblement, les trépassés ne se portent pas si mal que ça. Je fais évidemment référence à l’un des plus anciens représentants de la NWOBHM encore en activité, TRESPASS, qui nous honore une fois encore de ses grâces via un album solide et fluide à la fois. Pas franchement venus préparer des crêpes, les anglais bombardent encore une fois nos esgourdes de leurs riffs passéistes et de leurs soli purs et durs, pour une visite guidée de l’Angleterre somme toute assez prévisible, mais goûtue pour les moldus.

TRESPASS, c’est un label de qualité qui a mis du temps à s’imposer. On sait que le groupe est né à la fin des années 70, mais qu’il n’a sorti son premier album qu’en 1993. Un temps de latence qui n’a pas pardonné, et qui a condamné les british à ramer derrière les références les plus anoblies de cette mouvance. Mais quarante-quatre ans après ses débuts, Mark Sutcliffe a toujours la foi, et continue de jouer cette musique qu’il aime tant, comme si le temps justement s’était arrêté quelque part entre IRON MAIDEN et 1982.

Sur une échelle de DIAMOND HEAD à Pyromania, TRESPASS se situe quelque part dans les limbes, mais ne regarde jamais derrière lui pour prendre acte de regrets inutiles. Depuis sa reformation en 2014 (bien que le groupe ne se soit jamais vraiment arrêté), le quatuor s’est senti inspiré, au point de lâcher deux albums appréciés des connaisseurs et des fidèles, mais aussi des amateurs de sensations old-school. Et quitte à se tremper les pieds dans le pédiluve des souvenirs, autant le faire sous la surveillance d’un maître-nageur expérimenté.

Pour autant, TRESPASS peut-il rivaliser avec les meilleurs suédois fondus de THIN LIZZY et SAXON ? Oui et non, plutôt non parfois, parfois presque, et dans le cas de ce troisième album post-reformation, la réponse est plus difficile à cerner, tant le passéisme affiché est flagrant, mais assumé. Mark Sutcliffe a une recette, et s’y tient, et son Heavy Metal chantonnant et légèrement sombre parlera toujours aux accros à WITCHFYNDE et ANGEL WITCH, et plus généralement, aux passionnés de sonorités passées comme un automne délavé.

Cette recette est exploitée à fond sur les deux premiers morceaux. Construits sur un riff redondant et unique, racheté pour pas grand-chose à la brocante anglaise la plus conservatrice, ces deux titres nous ramènent directement à la première moitié des années 80, avec leurs refrains scandés et leur simplicité de fond et de forme. Heureusement pour nous, le quatuor fraichement renouvelé (Mark Sutcliffe - guitare/chant, Jason Roberts - batterie, Joe Fawcett - guitare et Wil Wilmot - basse) sait aussi s’éloigner de ses propres schémas un peu trop figés, pour citer le DEF LEPPARD de l’ère On Through the Night/Hign n’Dry (« Force of Nature »). De la variété dans l’immobilisme, pour ne pas répéter les erreurs déjà commises, c’est bien vu, et surtout, agréable aux tympans.

Et s’il est évident que le groupe ne propose absolument rien de neuf, sa nouvelle livraison en mode Uber Listens se laisse quand même déguster, grâce à un habile jeu d’arpèges affrontant une distorsion maousse. Entre Hard Rock mélodique et accrocheur et Heavy Metal typique et tapageur, Wolf At The Door mord sans causer de sérieuses blessures, mais laisse quand même des traces sur les mollets. Doit-on pour autant lui ouvrir la porte pour qu’il croque grand-maman ? Oui, il l’a bien mérité, même si son agressivité n’est plus ce qu’elle était.

Nous sommes ici en terre roots de chez roots, avec ce parfum unique dégagé par la scène anglaise de l’orée des années 80. Mais ça trépide (« Ghost Pilot »), c’est limpide (le progressif et délicat « Back to the Woods »), c’est rapide (le survolté et agité « Crooked Cross », irrésistible), et l’impression globale reste positive, même si la voix particulière de Mark est toujours aussi difficile à encaisser dans les passages les plus enlevés.

Un peu sourd et renfermé, de temps à autres ouvert et apaisé (« Unsinkable »), le TRESPASS n’enjambe pas la barrière des convenances pour s’aventurer en chasse gardée, mais sait se montrer juste assez culotté pour se faire remarquer. Et si on a parfois le sentiment d’écouter un inédit fragile de BLACK SABBATH période Martin (« Unsinkable », encore), le tout est assez personnel et sincère pour ne pas être trop comparé sur le marché.

Evidemment plus crédible que bon nombre de petits gamins de la génération hommage, TRESPASS reste honnête envers ses fans et fidèle envers lui-même, pour continuer de composer des chansons simples, qui feront office d’hymnes très persuasifs sur la prochaine tournée.

Mais qui dit simple ne dit pas simpliste, et qui dit populaire n’insinue pas populiste. Preuve en est fournie par le mystique « Stranger in Paradise », qui évoque tout autant DEF LEP que MANILLA ROAD, et qui s’épanouit sur plus de sept minutes. La seconde partie de l’album est d‘ailleurs la plus nuancée des deux, avec des morceaux qui se complètent et se reflètent, entre motivation barbare de conquête mondiale (« Live Like a King »), et gimmick roublard et syncopé de fin de soirée (« Wolf at the Door », aussi LIZZY que les frisettes du regretté Phil).

Pas indispensable, même anecdotique pour certains, ce quatrième album tient largement la route, et se montre plus honnête que tous ces disques en repompe que la production nous impose chaque semaine. TRESPASS n’a jamais été le chevalier blanc pourfendant les ennemis pour conquérir le trône des charts, mais sa situation lui convient visiblement très bien. Il n’y a pas de mal à rester un outsider du moment que votre histoire est sincère.

        

                         

Titres de l’album:

01. Blackthorn

02. Daggers Drawn   

03. Force of Nature   

04. Other Worlds       

05. Ghost Pilot          

06. Back to the Woods         

07. Crooked Cross     

08. Unsinkable           

09. Stranger in Paradise        

10. Live Like a King 

11. Wolf at the Door


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par mortne2001 le 19/05/2023 à 17:34
78 %    42

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