Neuro

The Hollow Majors

14/12/2018

Autoproduction

Ouvrons un peu notre esprit à des sonorités moins abrasives, et osons le Rock puisque après tout, il est à l’origine du Hard Rock. Enfin Rock, le mot est large et permet d’y ranger un peu ce qu’on veut/peut, et surtout très pratique lorsqu’on n’ose pas vraiment affilier un groupe au créneau le plus dur. Il est d’ailleurs de notoriété publique que les groupes australiens ont toujours évolué à la frontière entre les deux, que l’on parle de THE ANGELS, de ROSE TATOO, Jimmy BARNES et d’autres exemples plus ou moins frappants. L’Australie, ce pays aux immense terres arides et à l’atmosphère moite peut compter depuis quelques années sur un nouveau représentant digne en l’incarnation THE HOLLOW MAJORS, qui en ce mois de décembre nous offre son premier longue-durée en cadeau, après quelques temps de préparation et un rodage anonyme qui lui a permis de mettre au point un répertoire plus personnel. Fondé en janvier 2016 par Robbie Sea, chanteur de son état, ce projet s’est ensuite étoffé des rencontres successives avec Ash Wray (guitare/chœurs), John Dower (basse/chœurs) et Jake Donovan (batterie) pour devenir le quatuor que l’on connaît aujourd’hui, et a commencé par se faire les dents sur quelques classiques, avant de publier une première démo en avril 2016. Cette démo leur permit de tourner sur la côte victorienne, avant finalement d’enregistrer une poignée de cinq compositions personnelles en studio, sorties sous la forme d’un EP introductif, qui finalement ont servi de tremplin à leur créativité qui s’exprime enfin aujourd’hui en LP, avec treize chansons dans la musette qui dès le départ, annoncent avec fierté leur mépris de l’esbroufe, mais aussi leur volonté de ne pas se cantonner à un genre bien particulier, en diluant leur Rock dans une bonne dose d’Alternatif, pour un mélange détonnant à défaut d’être étonnant, mais qui assume aussi pleinement ses influences et son amour du rejet des tendances.

Finalement, du Rock ? Oui, mais pas seulement, et pas toujours forcément dans le sens le plus classique du terme. On sent que les australiens cherchent encore un peu leur voie, même si quelques chansons témoignent de leur personnalité propre. S’il est difficile de les classer dans une mouvance particulière, il n’est pas interdit de dire que ces quatre musiciens ont choisi le patrimoine local historique pour le confronter à un esprit libertaire typiquement américain des nineties, sans renoncer à ce statut de bar-band qu’on aime tant. Ils jouent d’ailleurs l’honnêteté et la sincérité, et se reposent la plupart du temps sur une idée simple, qui leur permet d’imposer des couplets assurés et des refrains fédérés, admettant quand même le parrainage de quelques figures comme les BLACK CROWES, JET, ROYAL BLOOD et autres OASIS. Mais si certains de ces noms vous hérissent les poils, ne craignez rien, puisque ce Neuro ose les riffs bien plombés en occurrences régulières, et n’hésite pas à pencher du côté Hard-Rock où il risque de tomber, même si ce Hard Rock n’a pas toujours l’allure traditionnelle qu’on lui connaît. Ce qui frappe à contrario, c’est cette variété de ton qui leur permet de passer de l’émotion à l’impression, sans occulter le fait que cette musique née dans les années 50 a emprunté bien des déguisements pour rester vivante. Alors on oscille entre binaire bien plombé et déhanché plus sophistiqué, tout en s’accrochant à cette rage primale que les australiens ont tous dans leur ADN. Mais qu’importe le déguisement pourvu que la fête batte son plein, et il n’est pas rare de sauter du kangourou au kiwi avec ces oiseaux-là, qui semblent aimer tout autant Marc Bolan que les AFGHAN WHIGS. C’est bien sûr une musique qui demande à être appréciée dans un contexte live, mais le rendu studio est tout à fait crédible et entêtant aussi, et certains titres trépident et sautillent comme sur une scène de Melbourne ou Brisbane, rappelant même l’arrogance classe anglaise des THE STRUTS, SWEET ou SLADE (« Hello (Anybody Home?) »). On ne se refait pas, et le passé de colonie anglaise refait surface au détour d’un lick chipé aux STONES ou aux KINKS et remis au goût du jour, sans vraiment préciser d’ailleurs de quel jour il s’agit vraiment.  

Plutôt intemporels, les THE HOLLOW MAJORS ne s’embarrassent pas de principes, et se contentent de jouer ce qu’ils ont sur le cœur, ce qui peut nous amener vers les rives d’un stadium Rock qui commence à éteindre les lumières pour laisser les roadies bosser et les musiciens se reposer (« As We March Towards The Sea »), ou près des cimes d’un Rock à tendance Post, un peu hurlé mais vraiment formalisé (« Let’s Get It On », dur comme le Rock, mais aux guitares acides un peu passées et aux harmonies délavées). L’ensemble, encore jeune n’est pas toujours parfaitement en place, mais ces quelques approximations les rendent encore plus craquants, et lorsque l’imagination dérive au gré d’un Alternatif déjanté, on se prend à bouger et dodeliner, dans une version plus assagie de SEX SNOBS en rupture de fix (« Fever For Gold »), et lorsque la wah-wah impose sa luxure, le beat délie les mesures et tangue sans rupture (« Upstream », le genre de refrain qu’on reprend main dans la main un samedi soir et le dimanche matin). Comme je le précisais, l’émotion n’est pas reléguée au second plan, et parvient sans peine à s’imposer, via le carillonnant « Mary Jayne », qui cite R.E.M., les PLIMSOULS, mais aussi les SMITH en version australe, sans que la lumière ne soit trop pâle. Des références multiples donc pour une méprise électrique, et une foi sans failles dans une musique certes simple, mais jouée avec application. Et comme en sus le groupe a été suffisamment généreux pour nous offrir treize chapitres, tout le monde trouvera son bonheur dans cette foire à l’exubérance charmante, même les fans d’AC/DC, de ROSE TATOO et autres hédonistes toujours pas débranchés (« Kick It Into Gear »).

Pas forcément utile de gloser pendant des heures pour expliquer le pourquoi du comment, puisque la musique parle d’elle-même, et si parfois les choix sont mineurs et émanant d’une impulsion presque Punky (« Mexico », mais ça défoule quand même), l’ossature reste solide et se repaît d’harmonies qui sentent bon l’Amérique du Boss et de Tom Petty (« Lay Your Bets », riff épais pour arrangements serrés sur mélodie amadouée), mais aussi d’un écho et d’une réverb’ typiquement 50’s pour une clôture en demi-teinte qui laisse la nostalgie s’inviter au banquet des groupes qui arpentent les routes sans s’économiser (« Georgie's Song

). Sans parader, sans flagorner et se gargariser, les THE HOLLOW MAJORS nous offrent avec Neuro un bel hommage à tous ces combos qui passent leur temps dans des bus moites, la tête dans les nuages mais la mémoire embrumée de dates à trouver pour courir le cachet, et qui ne renoncent jamais. Une caste d’artistes passionnés dont ils font partie, et qui à ce jour constitue l’essentiel d’une scène internationale qui se concentre un peu trop sur une poignée d’étoiles pour se souvenir d’une armée de soldats aux pieds sur terre.        


Titres de l’album :

                         01. Hard To Swallow

                         02. Lets Get It On

                         03. Fever For Gold

                         04. Upstream

                         05. Mary Jayne

                         06. My Daydreams

                         07. Halftime Show

                         08. Hello (Anybody Home?)

                         09. As We March Towards The Sea

                         10. Kick It Into Gear

                         11. Mexico

                         12. Lay Your Bets

                         13. Georgie's Song

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par mortne2001 le 27/01/2019 à 17:54
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant... 

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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

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08/07/2025, 22:44

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Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."

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Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose.  En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante

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DPD

Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.

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Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)

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@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.

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J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)

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07/07/2025, 14:48

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07/07/2025, 13:18