Resurrection of Devil's Spirit

Satanica

24/07/2020

Iron Shield Records

Le Japon se rappelle à notre bon souvenir, par l’entremise d’un de ses représentants Metal les plus connotés, mais aussi l’un des plus attachants. Rien n’est sournois chez les SATANICA, de leur nom de baptême aux titres de leurs albums, et conceptuellement, on pourrait les rapprocher de l’authenticité de VENOM qui n’hésitait pas dès le départ à placer les débats sur le terrain du satanisme. En trois albums, les originaires de Tochigi n’ont pas lésiné sur les provocations blasphématoires, et en intitulant leurs efforts Knights in Satanic Service (2002), After Christ, the Devil Comes (2007) et We Are Satan's Preacher (2010), ils n’ont jamais laissé la moindre place au doute quant à leur affiliation religieuse. Quant à savoir si tout ceci répond au besoin d’un barnum indispensable à leur promotion, et en totale adéquation avec leur make-up évoquant le BM, LORDI ou GWAR, nous ne le saurons jamais vraiment, mais là n’est la question. Le groupe fait en effet partie des plus théâtraux de sa génération, mais heureusement pour nous, tout ce décorum n’est pas uniquement là pour cacher la misère d’une musique prévisible et stérile, bien au contraire. Tous ces éléments externes apportent une grosse plus-value au concept qui peut se vanter d’être l’un des plus exotiques du Japon. Fondé en 2002 par Ritti Danger, batteur/vocaliste et ancien membre de l’unité 80’s WITCH’S KISS, SATANICA est avant tout un groupe solide, qui se fait plaisir en recyclant des idées nées dans les années 80 pour les remettre au goût du jour en les teintant de Metal contemporain, sans dénaturer l’optique old-school. Mais avec un musicien issu de la génération originelle des LOUDNESS, E.Z.O et autres SEITIMA II, il n’est guère étonnant que les quatre albums du combo soient aussi connotés, sans pour autant passer pour du recyclage intégral.

Nous étions sans nouvelles du quatuor depuis une décade, et l’inquiétude commençait presque à se transformer en certitude, puisque nous pensions le groupe occis pour le compte. Mais c’était sans compter sur leur acharnement à vivre, et ce quatrième LP arrive à point nommé pour remettre la légende sur les bons rails. Sans avoir changé quoi que ce soit à son optique, le quatuor (avec toujours Ozzie Alastor et Shee Lipps  aux guitares et K.Z.Behemoth à la basse) renouvelle quelque peu sa formule, et agrandit encore plus son champ d’action, s’éloignant avec régularité des balises Speed et Power Metal pour proposer un Hard Rock très mélodique, et symptomatique de la scène Metal nippone d’il y a trente ans. Très à l’aise dans leur démarche, les japonais livrent donc une copie variée, aérée, accrocheuse, et alternent les ambiances pour ne jamais lasser, malgré un timing resserré de moins de quarante minutes. Dans les faits, qui sont vraiment les SATANICA ? Des cousins japonais de MERCYFUL FATE ? Des fans du soleil levant de VENOM ? Pas vraiment, mais plutôt des amoureux d’un Metal diversifié, qui n’hésite pas à piocher dans tous les registres pour se présenter sous son meilleur jour. Certes, les quatre musiciens ne crachent pas sur un brin de violence, mais celle-ci reste toujours harmonique et ne leur fait pas oublier l’importance des tierces de la NWOBHM, si bien qu’on se sent en droit de les considérer comme d’habiles recycleurs eighties très crédibles, puisque actifs à l’époque. Tout commence par une bourrasque dont LOUDNESS et E.Z.O avaient le secret, et un « Resurrection » qui remet en selle le Speed de papa avec sa rythmique ébouriffée et son riff déchaîné. Entame parfaite pour un album rompant dix années de silence, ce morceau d’entame arrache tout sur son passage et s’en remet à des couplets furieux, avant d’imposer un up tempo typique de JUDAS PRIEST. On s’immerge immédiatement dans cet univers en technicolor qui ne ménage pas ses efforts pour nous faire voyager dans le temps. On y sent de l’EXCITER, du TANK de début de carrière, mais aussi du MAIDEN endurci, et un peu tout ce qui a fait le charme de cette décennie qui nous a formés au Hard-Rock moderne.

De l’autre côté du spectre, Resurrection of Devil's Spirit se la joue beaucoup plus souple, et cite le Hard mélodique et californien des mid eighties, et « Liar » avec sa mélodie empruntée aux DOKKEN ou à Yngwie MALMSTEEN de calmer le jeu, et d’offrir un peu de diversité. Les musiciens sont bien évidemment tous irréprochables, que l’on parle de la frappe et du chant lyrique de Ritti Danger, ou du tandem de guitares hargneuses manipulées par Ozzie Alastor et Shee Lipps. Si les riffs sont évidemment d’un classicisme indéniable, l’ambiance générale est surchauffée, et les soli ne sont pas sans évoquer l’école Mike Varney, avec leurs sextolets inspirés du néo-baroque suédois et américain des années 80. Comme sur tout album provenant du Japon, la perfection est recherchée à la moindre intervention, et aucun détail n’est laissé au hasard. La production semble même émaner d’un studio US de Californie, ce qui en dit long sur le crossover pratiqué par ce quatrième LP. Louvoyant constamment entre Heavy dur et Hard Rock mur, les SATANICA ne sonnent pas vraiment diaboliques, mais plutôt accrocheurs, et se permettent même un exercice périlleux en instrumental, genre tombé en désuétude depuis plus de trente ans. Et ils s’en sortent à merveille avec le fantasque « Kamikaze » qui met en relief le travail énorme accompli par les deux guitaristes, à l’aise avec leurs cordes et leur ego. Et entre deux poussées modérées, le groupe se lâche sur des intermèdes de Speed mélodique, avec un fabuleux et musclé « Thunderstorm », qui n’est pas sans évoquer les WILD DOGS ou RIOT.

Tout roule donc dans la bonne direction, tout en louchant sur les côtés au travers des vitres pour ne rien manquer. Chez certains, cette propension à souffler le chaud et le romantique aurait paru surfaite et déplacée, mais ici, tout fonctionne, puisque les compositeurs ont insufflé la même passion dans chacun de leurs morceaux. Ainsi, « Dark Star » se meut d’un Hard-Rock traditionnel au refrain très accrocheur, tandis que « Like A Fire » brûle d’un feu Heavy Metal digne d’ACCEPT, avec ses chœurs à l’allemande et son riff d’airain. La qualité se maintient du début à la fin, cette fin incarnée par le grandiloquent épilogue « Deal With The Devil » qui indique qu’éventuellement, le groupe a vraiment passé un accord avec le diable pour rester si inspiré après tant d’années. Avec son beat martelé comme un forgeron qui soudainement accélère les débats, et sa construction évolutive, ce titre incarne la fin rêvée pour un album fantasmé, qui s’il n’est peut-être pas le meilleur de la bande, toise du chef la plupart des sorties old-school de cette année. Un retour en fanfare pour les SATANICA, qui n’ont jamais donné dans la discrétion, mais qui ont toujours avancé les arguments de leur morgue.         

   

Titres de l’album:

01. Resurrection

02. Bloodthirsty

03. Liar

04. Black Widow

05. Kamikaze (instrumental)

06. Thunderstorm

07. Dark Star

08. Like A Fire

09. Deal With The Devil


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par mortne2001 le 14/03/2021 à 14:21
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