Vous pensez bien qu’avec un tel line-up, nous n’allions pas passer la chose sous silence. Car en découvrant le premier album des presque anonymes HELMS DEEP (un nom couramment employé qui n’indique pas grand-chose), on remarque immédiatement la présence de deux figures du milieu, ce qui a évidemment le don d’attiser la curiosité. Un projet réunissant la section rythmique du mighty RAVEN, avec le toujours fringuant John Gallagher à la basse et aux chœurs, et le cogneur surmené Mike Heller (AMAHIRU, APOXIOMEN, AZURE EMOTE, CRUELTY EXALTED, EXCOMMUNICATED, FLESH SERMON, GOREPUNCH, MALIGNANCY, RAVEN, REDSPHERE, WRETCHEDPAIN, ex-CONTROL/RESIST, THE 01EXPERIENCE, THE LUCID, ZEN FROM MARS, ex-CASTROFATE, ex-FEAR FACTORY, ex-SYSTEM DIVIDE, ex-WORLD UNDER BLOOD, ex-ZILLAH, ex-SUCCESS WILL WRITE APOCALYPSE ACROSS THE SKY, ex-DISEMBOWEL) à la batterie, c’est obligatoirement une chronique dans la foulée, d’autant que le trio propose un Heavy/Power délicatement passéiste, frit comme on l’aime.
Sans connaître les tenants et aboutissants de cette affaire, je ne peux que me réjouir de la remontée de deux tiers de RAVEN dans l’actualité. D’autant que le trio américain nous a récemment largué ce que beaucoup considèrent comme son meilleur album, et qu’il affiche donc une forme insolente.
Mais que pouvait donner l’association de cet axe basse/batterie sous l’impulsion de l’inconnu Alex Sciortino (chant/guitare) ? Un Metal de tradition, lourd mais souple ? Un Hard-Rock renforcé ? Un Power Metal échevelé ? La réponse est simple : tout ça à la fois, et même beaucoup plus.
Il est évident que dès les premiers morceaux, la tutelle de RAVEN veille sur son nouveau filleul. On reconnaît immédiatement la patte de John et Mike, poumon infatigable d’un corps rajeuni, et si l’agression est immédiate, les nuances le sont aussi. Et elles sont de taille, puisque dans l’absolu, on pourrait presque envisager Treacherous Ways comme un album de Heavy Power signé par le DREAM THEATER des années 80.
Autrement dit, fougue et technique, finesse et puissance. Si la voix haut-perchée et acrobatique de Sciortino peut être sujette à débat (elle est parfois limite en médium), l’instrumental ne saurait souffrir d’aucun reproche tant les trois acolytes multiplient les ambiances, pour proposer un melting-pot ahurissant de la première moitié Heavy des années 80. Un peu de CANDLEMASS, un peu d’ANVIL, pas mal de NWOBHM, et évidemment, une grosse louche de RAVEN, celui d’avant les années Atlantic, lorsqu’il était toujours jeune et athlétique.
Largement de quoi s‘agiter donc. Partagé entre tempo monté dans les tours ou pilonné par amour, HELMS DEEP donne une grosse leçon à la vague nostalgique, en lui expliquant par A+B comment détourner les riffs d’époque pour les rendre plus tranchants.
Cinquante minutes donc d’enseignement magistral, avec à la clé, des démonstrations individuelles incroyables de dextérité. Si John et Alex se tirent gentiment la bourre sur les descentes et autres frises, c’est Mike Heller qui sort grand vainqueur de cette confrontation amicale, l’homme multipliant les fills, les contretemps et autres figures de style. Le batteur prouve que ses années extrêmes ont laissé des traces, et sonne parfois comme un mix entre Mike Terrana et Mike Portnoy, tout en assumant l’héritage des Cozy Powell et autres destructeurs de baguettes de légende.
« Fire Rain » met donc le feu aux poudres, et signale via une sirène fort à propos l’attaque imminente en blitzkrieg d’un trio qui n’est pas venu pour faire de la figuration. La guitare, classique, la mise en place, traditionnelle, explosent soudain d’une montée d’énergie digne d’une puberté accélérée, et l’ombre du RAVEN de Wiped Out éclipse la lune pour mieux illuminer le ciel de sa passion hardante.
Heavy, Speed, Power, Doom parfois, HELMS DEEP endosse tous les rôles et enfile tous les costumes, toujours inspiré, et jamais fatigué. Même si parfois, les mid tempi traînent un peu la patte coté inspiration, la majorité du répertoire est inattaquable, et donne des suées même aux ménopausées.
Plans qui s’imbriquent sur des mesures impaires, ton fier, dextérité indéniable, le ballet est enivrant et fait tourner la tête. Pris à la gorge immédiatement, l’auditeur ne se verra offrir aucune pause récupératrice, puisque le propos est simple, et honnête : attaquer, encore et encore, pour nous bloquer les souvenirs sur l’éphéméride d’une année 1984 endiablée.
Les classiques sont légion, et on comprend que les campagnes live (si tant est que le groupe tourne) se feront agressive, brutales, mais enjouées. Entre le boogie cramé de « Fight or Flight », la délicatesse travestie de « Medusa’s Requiem », la poigne de « Annihilation » et le massacre de « The Keep », le sang ne fait qu’un tour, alors que le cerveau est bloqué dans la voiturette d’un grand-huit mortel aux virages terribles.
Ainsi va donc la nostalgie, lorsqu’elle est manipulée par des experts. HELMS DEEP signe l’album old-school de cette rentrée 2023, sans faire de bruit, mais avec pugnacité. De quoi tester un nouveau mode de headbanging, en tournant la tête dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pour voir si le temps passe plus vite.
Tous pour un, and one for all.
Titres de l’album:
01. Fire Rain
02. Treacherous Ways
03. Fight or Flight
04. Medusa’s Requiem
05. Annihilation
06. Breaking the Seal
07. The Keep
08. Sorcery
09. Mountains of the Scorpion
10. Headless Horseman
11. Serpent’s Eye
Voyage au centre de la scène : Le Metal français des années 80' / Seconde partie
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