C’est (déjà) l’heure du sixième album pour les suédois d’ENFORCER, et quelque part, l’heure d’un bilan indispensable pour faire le point sur la situation du Hard n’Heavy suédois. Personne n’aurait pu voir venir cette hégémonie indiscutable aujourd’hui, mais pour autant, le pays mérite-t-il toujours ce leadership infernal qui repousse tous les assauts étrangers ? Oui et non, puisque la production nationale semble se reposer sur ses lauriers chèrement acquis en développant les mêmes thèmes à l’envi. Les chansons sont toujours aussi persuasives, l’énergie bien présente, mais on ne peut s’empêcher de remarquer des similitudes toujours plus flagrantes, et des itérations pas franchement rassurantes.
Pilotage automatique ? Quelque part, oui.
ENFORCER, chantre de la traduction d’un Heavy Metal chantonnant en refrains Pop nous propose donc avec ce nouvel album un regard lucide sur l’inspiration suédoise de ces quinze ou vingt dernières années. La nostalgie, et ce qu’il en reste est donc toujours le point de focalisation de ces musiciens refusant d’innover pour mieux capitaliser sur des souvenirs attendrissants. A ce titre, Nostalgia ne diffère pas vraiment de Zenith ou From Beyond, bien calé sur ses rythmiques mordantes et ses riffs joyeux, et se contente d’utiliser une fois encore une recette éprouvée, entre recyclage et formatage.
Peut-on trouver tout ça vain et légèrement fourbe sur les bords ? Absolument, spécialement en écoutant le premier hit d’un album sage, « Unshackle Me », qui ne dévie en rien d’une trajectoire bien tracée. Production rétrograde, couches de chant superposées, souplesse et fluidité, les ingrédients sont toujours aussi bien dosés, mais cette perfection cache en réalité une problématique plus sombre : les suédois sont-ils encore capable d’évoluer pour ne pas se contenter de refiler des coupures de presse Metal déjà abondamment lues par le passé ? Et la réponse semble couler de source : non.
De là, deux options se détachent clairement pour vous. Ignorer ce statisme et continuer d’apprécier des chansons ancrées dans le passé le plus éloigné de la réalité, ou admettre que quelque chose ne tourne pas rond en tournant en rond. Car après tout, lorsqu’on est capable d’anticiper le moindre plan ou le plus petit solo, c’est que l’imagination a depuis longtemps cédé sa place à la sécurité.
Olof Wikstrand (chant), Jonas Wikstrand (batterie), Jonathan Nordwall (guitare) et Garth Condit (basse), soit une moitié du line-up d’origine, pour une cohérence qui sent bon la tradition dans la transposition. Alors, évidemment, il faudrait être d’une mauvaise foi crasse pour ne pas s’incliner face au soin apporté à chaque entrée qui se pose comme un hit incontournable, mais il n’est à l’inverse pas interdit de trouver la génuflexion un peu exagérée après tant d’années. En jouant sur le velours de son trône posé en plein milieu du musée du Heavy Metal allégé, ENFORCER toise encore la concurrence du regard, mais commence à se méfier des coups bas. Et cette attitude permettra sans doute au quatuor d’éviter les coups de poignard dans le dos.
Standardisé tout en évitant la baisse de régime. Ainsi pourrait être défini ce Nostalia, qui est l’occasion d’une superbe power-ballad éponyme. Non, rien à faire, la forme est inattaquable, même si le fond est clairement discutable. Entre cuir souple et moustache brillantes, les suédois se posent en défenseurs acharnés de la cause, et règlent son compte à la critique qui comme moi, les accuse de facilités impardonnables et de satisfaction d’une trajectoire linéaire entre NWOBHM et Hard à l’américaine des années 84/85.
Et comme les swedes ont une fois encore joué la générosité avec pas moins de treize titres, le constat se veut sans appel. Entre la tendresse Pop transposée dans l’agressivité Metal (« No Tomorrow », baissez la distorsion et vous aurez un tube calibré Billboard), et la pugnacité Speed Metal polie et retenue (« At the End of the Rainbow »), ENFORCER continue de raconter la même histoire, avec plus ou moins de conviction.
Je vous propose donc d’ignorer une fois de plus toutes les attentes en termes de créativité pour apprécier un disque qui s’avale d’un trait, et qui fédère sans forcer. Puisqu’il est assez rare de tomber sur un disque aussi policé et préparé, autant apprécier le voyage dans le passé, sans avoir à s’accrocher à des souvenirs fanés et faussés. Ici, la nostalgie est tangible et crédible, et entre un « Coming Alive » survolté en mode RAVEN/WARHEAD, et un « Demon » trépidant dans le pit, le résultat est incontestablement une réussite, une fois de plus.
Mais cette réussite s’apparente plus à un sillon creusé à force de tourner en rond dans le poulailler. ENFORCER se contente de reproduire des schémas inamovibles, et séduit par son simple physique musical plus qu’avenant. On attend des groupes de cette catégorie bien plus qu’un défilé organisé en leur propre gloire, et quelques pas de côté qui éviteraient l’ennui standardisé de compositions trop évidentes.
J’accorde donc une bonne note à cette nouvelle copie, sans savoir si je serai volontaire pour corriger la prochaine. A moins que ces élèves surdoués ne se souviennent qu’ils le sont, et sortent de leur zone de confort. Mais il faudra plus qu’un « When the Thunder Roars (Cross Fire) » pour mériter la mention.
Titres de l’album:
01. Armageddon
02. Unshackle Me
03. Coming Alive
04. Heartbeats
05. Demon
06. Kiss of Death
07. Nostalgia
08. No Tomorrow
09. At the End of the Rainbow
10. Metal Supremacia
11. White Lights in the USA
12. Keep the Flame Alive
13. When the Thunder Roars (Cross Fire)
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
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Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
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