American Amadeus

John Diva

15/01/2021

Steamhammer/spv

Il y a deux ans déjà, la tornade JOHN DIVA & THE ROCKETS OF LOVE avait pris le petit monde du Metal de cours en ravageant tout sur son passage. Ce mec, synthèse improbable d’Anthony Kiedis, David Lee Roth et Tony Harnell avait déboulé sur la scène internationale, la mèche pleine de morgue et l’attitude délibérément Sleaze, provocateur comme les idoles du Glam des années 70 (Bolan, Bowie, Johansen), mais capable en trois hymnes de vous téléporter sur le Strip des années 80. Le culot et le talent, les refrains et l’allant, tout le monde avait pris une bonne grosse claque, comme si le Roxy, le Whiskey et l’Amour avaient rouvert leurs portes dans votre tête. Et si, lors de son investiture sur le trône de nouvelle idole Glam le bonhomme s’était présenté comme une diva aux plumes de paon, le maquillage louche mais le regard perçant de ceux qui sont conscients de leur talent, elle regarde aujourd’hui dans une autre direction, se prenant pour le Mozart du Hard-Rock dans sa tenue de laquais classe d’un Metal festif, party Hard-Rock comme les suédois essaient d’en faire depuis des années sans atteindre le niveau d’insouciance de leurs modèles américains. Difficile de croire que cette bande d’hirsutes sortent de la rigoureuse Allemagne, pays plus connu pour son formalisme Heavy et ses assonances industrielles, et pourtant, en Germanie, on sait s’amuser aussi.

Il y a deux ans, Mama Said Rock Is Dead avait ramassé les billes, et laissé les foules ébouriffées. L’effort était d’une exubérance qui faisait plaisir à entendre, et les hits s’accumulaient comme les mouchoirs sur le trottoir du Strip. Nul n’avait assisté depuis longtemps à un tel festival de mimétisme bluffant, et l’heure était à la fête non-stop. Le stupre, l’ego, le talent avaient balayés tous les doutes et même les chroniqueurs les moins tendres avaient dû se ranger à l’avis général émis par un public avide de nouveautés légères. JOHN DIVA & THE ROCKETS OF LOVE était bien une sublime diva et ses musiciens des fusées de l’amour procurant des orgasmes en alunissant sur vos tympans, et les chansons proposées par le concept tenaient salement la route sans avoir recours à d’autres gimmicks que ceux utilisés lors des années 80. La recette était pourtant simple et commune à des centaines de groupes revival, les chœurs de DEF LEPPARD, l’énergie débridée du VAN HALEN de Lee Roth, l’inconscience crasse de MÖTLEY CRÜE, le sex appeal velu du KISS des seventies, et un poil de roublardise en stupre des STEEL PANTHER, la pochade sexiste en moins. Mais aujourd’hui, l’effet de surprise étant largement éventé, que reste-t-il de cette découverte hors-norme, ce dandy est-il toujours capable de nous incendier le cœur sans trop se répéter ? Nous attendions donc d’American Amadeus des prises de position claires et des réponses ne l’étant pas moins. Et le résultat ne s’est pas fait attendre. Ce second LP de la bande surpasse le premier dans tous les domaines, se montre encore plus exhibitionniste, et dix fois plus euphorique. Et pourtant, il ne change rien à la formule de départ, et pour cause : elle est méchamment gagnante.

Les cinq musiciens du projet (J.J. Love: guitare, John Diva: chant, Lee Stingray: batterie, Remmie Martin: basse et Snake Rocket: guitare) ont bien compris les enjeux, et le fait que proposer une simple démarque ne suffirait pas à reconquérir un public, même acquis d’avance. Un simple succédané aurait fait illusion le temps de deux ou trois écoutes, mais n’aurait pas tenu la longueur. Il fallait donc pousser les curseurs au maximum de leur puissance, travailler les refrains pour les rendre encore plus addictifs, et surtout, revenir par la grande porte, le port de tête altier, avec l’assurance des plus grandes stars pour ne pas passer inaperçu. Et avec ces douze nouveaux titres (quinze pour la version collector), American Amadeus joue la partition du Hard classique avec la même classe que Mozart jouant ses œuvres au piano face à un public choisi. L’ambiance n’est évidemment pas la même, mais le costume sied à merveille à John Diva, qui une fois encore, à l’image des STRUTS, parvient à rendre hommage à tout un pan de la culture US sans la tourner en dérision, ni la brocarder par facilité. Les morceaux ne reposent pas seulement sur un chant exubérant et des astuces éculées, mais bien un sens aigu de la composition qui fait mouche et qui aurait fait trembler les charts il y a trente ans.

Ecoutez par exemple l’irrésistible « Weekend For A Lifetime », et si vous n’y sentez pas du MÖTLEY revu et corrigé par SLAUGHTER et TRIXTER, alors, je ne peux plus rien faire pour vous.  Les JOHN DIVA & THE ROCKETS OF LOVE ont une telle aisance à résumer quarante ans de musique électrique populaire qu’on en reste pantois, admiratif face à cette démonstration de fluide. Mais avec une entame aussi explosive que « Voodoo, Sex & Vampires », il n’y avait aucun doute à avoir. Eddie peut reposer en paix, les FASTER PUSSYCAT profiter de leur retraite, et Dee Snider s’aiguiser les dents de nouveau ; leur héritage est entre de bonnes mains, qui modèlent la glaise comme les leurs modelaient la croupe des groupies dans les eighties. N’admettant aucune limite dans la débauche sonore, le groupe roule et déroule, accentuant le Hard d’un poil de Heavy sur l’hymne « American Amadeus », qui doit plus à ANDREW WK qu’à Falco. Les riffs sont saignant, les chœurs omniprésents, l’atmosphère est chaude comme un vestiaire de foot après une victoire, et la joie de retrouver un groupe au sommet de sa forme immense. Les cinq musiciens ne nous ont donc pas trahis en bâclant le travail, et se permettent de faire mieux qu’il y a deux ans, peaufinant la moindre harmonie et calibrant le moindre souffle vocal pour se rapprocher de DEF LEPPARD en plus d’une occasion (« Soldier Of Love », et une Margarita pour POISON offerte par la maison).

Les titres des chansons annoncent la couleur, mais ont aussi les arguments de leur fronde. « Bling Bling Marilyn », « Champagne On Mars » sont évidemment de petits brulots qu’on se refile quand les mains brûlent trop, mais si JOHN DIVA est capable de défier les BACKYARD BABIES sur leur propre terrain protégé, il est aussi capable de nous émouvoir quand il le faut avec une ballade qui tient chaud. C’est le rôle difficile accepté par « Karmageddon », et après tout, cinq petites minutes de tendresse ne peuvent pas faire de mal. Mais comme la fête doit continuer, le quart d‘heure américain est réduit à sa portion congrue et les watts reprennent le dessus via le torride « Wasted (In Babylon) », hommage aux DOLLS dans les règles de l’art. Bref, vous l’aurez compris, en mode swing (« Drip Drip Baby », sorte de parodie du « Unskinny Bop » de POISON), en monde pur Rock médium et anthémique (« This Is Rock’N’Roll »), ou en mode acoustique pour dire au-revoir à la nuit (« 2 Hearts »), American Amadeus est une fois de plus une réussite totale, et l’assurance d’une party réussie.

JOHN DIVA & THE ROCKETS OF LOVE, grâce à son talent ne connaitra pas la malédiction des idoles d’un soir qui s’évanouissaient dans le petit matin de l’anonymat après avoir incarné the life and death of the party. Car la fête est bien réelle, et l’émotion de la nostalgie tangible.          

                                                  

Titres de l’album:

01. Voodoo, Sex & Vampires

02. American Amadeus

03. Soldier Of Love

04. Bling Bling Marilyn

05. Champagne On Mars

06. Weekend For A Lifetime

07. Karmageddon

08. Wasted (In Babylon)

09. Movin‘ Back To Paradise

10. Drip Drip Baby

11. This Is Rock’N’Roll

12. 2 Hearts


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par mortne2001 le 26/02/2021 à 15:08
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