Afternoon Nightmare

Natur

20/03/2020

Crypt Of The Wizard

Encore un groupe revenu de l’enfer et qui vient hanter nos après-midis. En même temps, ils ont la franchise d’afficher leurs intentions sans détour, via un titre qui révèle leurs sombres desseins. Nous étions sans nouvelles des américains de NATUR depuis leur dernier EP publié en 2015 (The Invitation), mais surtout, depuis huit ans et leur premier album Hand of Death, qui avait révélé leur visage old-school à une Amérique médusée de tant de passion sombre. Mais qu’attendre d’autre que les ténèbres et la violence de la part d’un groupe de Brooklyn, New-York ? Rien je vous l’accorde, et c’est donc avec un plaisir masochiste que le fan s’enfilera cet Afternoon Nightmare par tous les trous disponibles, certain de souffrir d’un Heavy Metal passéiste refusant les impératifs de son époque. Comme l’affirme le groupe lui-même, tout a commencé avec BLACK SABBATH, et depuis, les musiciens n’ont eu de cesse de chercher le secret de la salsa, jouant plus Heavy que leur voisin, jouant plus malsain que leurs copains, histoire de se replonger dans l’essence occulte de ce premier éponyme de 1970 qui plantait les jalons pour toujours. Mais pour autant, le néophyte ne doit pas craindre une énième exaction Doom pénible. Les américains jouent en effet un Heavy totalement européen teinté de noirceur nordique, et il n’est pas interdit de voir en NATUR le fils spirituel de MANILLA ROAD et MERCYFUL FATE/KING DIAMOND. Sans rien renier de leur passé, bien au contraire, les instrumentistes nous livrent donc une autre dose de mysticisme Metal à base de riffs plus francs qu’un empathe ne sachant pas mentir, de rythmique simples mais solides, et de lignes de chant presque opératiques, et en tout cas grandiloquentes.

Le décor est planté, les cierges posés, la vierge allongée, le sabbat peut donc commencer. Distribué aux USA par Blasphlegmy et en Europe par Crypt of the Wizard, Afternoon Nightmare est à l’image des scénarii qu’il évoque. On retrouve l’énergie de Hand of Death, peaufinée, mais pas édulcorée, et l’ambiance créée est en tout point délicieuse. Le sentiment de se retrouver basculé à l’orée des eighties, avec de sérieuses réminiscences de seventies pas encore mortes est vraiment appréciable, d’autant que le son global de l’opération est excellent. Nous retrouvons donc le quatuor menaçant, mais sympathique (Joey Baloney - guitare/chant, Dino Destroyer - guitare, Mexicutioner - basse et Tooth Log - batterie/chœurs), toujours à la croisée des chemins entre Heavy passéiste et NWOBHM traditionaliste, qui nous accueille d’un assombri « Afternoon Nightmare » aux bruitages dignes de la Hammer. Une fois évanouies les brumes matinales de Brooklyn, un riff classique nous apporte les croissants dans le cercueil, et la procession peut commencer. Adoptant une posture presque Speed dans les faits, le groupe ose donc la violence ancestrale, celle qui gardait encore une certaine mesure, et nous construit un pont entre l’Amérique occulte et l’Europe culte. La sincérité de l’entreprise ne laisse planer aucun doute, et si les motifs proposés sont de facture éminemment classique, le tout dégage une bonne humeur qui convainc. Les breaks sont certes hautement prévisibles, les licks formels, les enchaînements transparents, mais cette patine légèrement plus noire que la moyenne éloigne le groupe des autres fanatiques old-school comme HAUNT ou l’école suédoise.

Le parallèle MANILLA ROAD/MERCYFUL FATE marche à plein régime sur l’ombrageux « Poison King », qui en son milieu ose soudain une percée typique des premières années de MAIDEN, voire même celui de « Rime of the Ancient Mariner », et cette cavalcade typique de Steve Harris. Un serment d’allégeance aux premières années d’un  Heavy Metal renouvelé, commençant à abandonner ses tics mélodiques et Rock des seventies, et une bonne fournée de tierces qui amadouent, de soli qui trouent, et toujours ce chant un peu sardonique, légèrement parlé, théâtral et voilé, qui se permet parfois des percées lyriques pas trop aigues. Nous sommes happé dans un vortex d’imagerie gothique, mais le groupe ne souhaite pas être résumé à ses aspects les plus typiques, et nous lâche donc un mid tempo sautillant et énergique via « The Contract », qui ressemble à s’y méprendre à du KING DIAMOND facile, mais toujours appréciable. Les deux guitares se complètement à merveille, à l’unisson ou à la tierce, et l’osmose entre les musiciens est presque palpable, et « Sick of Dying » de parachever cette première partie d’album d’un allant grandiloquent, avec toujours cette fascination pour les années 82/83. Sans chambouler la donne, NATUR impose sa griffe, un peu amateur, avec l’intro hésitante et louche de « Metal Henge », plus glauque d’un Amicus grandeur nature, avant d’adopter une fois encore une posture Heavy classique, mais classieuse. On apprécie tout particulièrement ce son d’époque, un peu Martin Birch de seconde zone pour groupes underground aux moyens modestes mais à l’ambition claire, et ces lignes vocales qui suivent à la note près les harmonies des guitares.

Mais qui dit Heavy dit aussi lenteur, oppression, moiteur, et « Mary Cross » de remplir ce rôle en son premier tiers, avant que le naturel NWOBHM ne reprenne ses droits. Quelques breaks à l’énergie presque Thrash nous déboitent les tympans, avant que le quatuor ne nous cajole horrifique avec la transition « The Friend », émanant d’une fête foraine fantôme. Cette transition goulue nous permet de reprendre vaguement nos esprits avant le final progressif de « Unsolved Mysteries », qui effectivement joue le mystère de son intro acoustique/électrique. En plus de sept minutes, NATUR assume la sienne et retrouve l’allant épique de ses influences incontournables, et nous délivre un festival de riffs, d’atmosphères déliquescentes, pour unir une bonne fois pour toutes l’obscurantisme américain de la période 83/84 et la lucidité occulte européenne de la même époque. Sacré retour pour ces quatre chevaliers puristes qui après huit ans d’absence nous rassurent de leur passion farouche et intacte, et qui avec Afternoon Nightmare nous offrent des cauchemars un peu différents des rêves récurrents mais prévisibles de la vague nostalgique.    

         

Titres de l’album :

                       01. Afternoon Nightmare

                       02. Poison King

                       03. The Contract

                       04. Sick of Dying

                       05. Metal Henge

                       06. Mary Cross

                       07. The Friend

                       08. Unsolved Mysteries

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 21/12/2020 à 17:49
78 %    761
Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
LeMoustre

Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?

11/07/2025, 13:36

LeMoustre

Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.

11/07/2025, 13:34

LeMoustre

@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison 

11/07/2025, 13:32

MorbidOM

Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal. 

11/07/2025, 13:28

LeMoustre

Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)

11/07/2025, 12:42

Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22

RBD

Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)

10/07/2025, 12:23

DPD

Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)

10/07/2025, 12:04