In Lust We Trust

Backstreet Girls

08/09/2023

Voices Of Wonder

Lorsqu’on pense à la Norvège, on imagine immédiatement ces pauvres musiciens en noir et blanc, perdus dans la forêt avec leurs épées et haches en plastique, adoptant la position du crapaud en mode défensif. Mais la Norvège n’est pas que le pays merveilleux du Black Metal, et cache en son sein des artistes un peu plus festifs qui ont un autre objectif que d’invoquer le Malin à grands coups de grimaces et autres paroles blasphématoires. Car oui, le froid peut aussi engendrer un besoin de se remuer, de faire la fête, histoire d’oublier pendant quelques instants les températures cruelles.   

Et s’il est un groupe dans l’histoire de la Norvège qui a toujours su faire monter le thermomètre de quelques crans, c’est bien BACKSTREET GIRLS.

Ces filles de ruelle, à la moralité douteuse mais à la cuisse généreuse, sont un peu les D.A.D norvégiennes, aguicheuses, à la résille trouée, mais au regard énamouré. Un savant mélange d’attitude Punk et de réflexes Hard-Rock pour proposer au client une petite heure électrique, sur un lit de fortune dans un hôtel borgne. Depuis 1984, BACKSTREET GIRLS est un nom synonyme de fête, de party all night long, de fédération des syndicats Punk Rock et des associations à but non lucratif Glam, comme si Bowie et Marc Bolan se retrouvaient au pieu avec les PISTOLS. Et 2023 célèbre justement un seizième album, en presque quarante ans de carrière. Largement de quoi être fier et pris d’une érection monstre.

Les obsessions des norvégiens ont toujours transpiré des titres de leurs albums. Boogie Till You Puke, Party On Elm Street, Coming Down Hard, Hellway To High, Sick My Duck, Shake Your Stimulator ou Don't Mess With My Rock'n' Roll, qui en disait plus long que bien des attitudes sur les objectifs, entre hédonisme décomplexé et refus de grandir pour devenir un cadre sup’. HANOÏ ROCKS, les DAMNED, AC/DC, mais aussi les héritiers de BACKYARD BABIES, pour un décor de banlieue planté en plein milieu d’une capitale un peu trop amorphe. Et avec cet In Lust We Trust, le quatuor continue de jouer les éternels adolescents qui n’ont toujours pas compris l’utilité du théorème de Pythagore.

Du Rock, du Rock, et encore un peu de Rock, le leitmotiv est simple, et ressemble à s’y méprendre à celui des STONES. Qui justement, sortent aussi leur dernier album, certainement beaucoup moins enthousiasmant que ce déluge d’électricité à faire passer Tesla pour un vulgaire vendeur d’ampoules à incandescence.

Mais incandescent, In Lust We Trust l’est, grâce à la foi de ces quatre porte-parole de la joie de vivre, et de prôner une certaine idée de la liberté sur la route, le terrain de jeu préféré des amateurs de rencontres amicales et autres rapprochement en luxure majeure. Toujours conçu pour sonner live, ce nouvel album est de ceux qui peuvent donner une sacrée leçon à la nouvelle génération, toujours en mal de copie de ses aînés. Mais beware, les BACKSTREET GIRLS sont parfaitement inimitables, comme en témoigne le chaloupé et sexy « Sister Satan », que les frangins Binzer auraient pu nous refourguer à la fin des années 80.

« Beef Chop Suicide », burner qui donne des fourmis partout dans le cœur et le corps, « Waste Side Story » et son jeu de mot finaud sur bande-son KIX, « Boogie Woman » qui souligne les courbes d’une beauté charnue sortie de l’imagination fertile de Botero, l’aventure est magnifique, et peuplée de personnages hauts en couleurs. Une fois encore, les norvégiens, en jouant la simplicité, privilégient l’efficacité. Mais attention, cette fausse nonchalance ne doit pas occulter le fait que les mecs s‘y entendent comme personne pour trouver des mélodies contagieuses, un art consommé qui n’est pas donné à tout le monde, en récupérant un esprit Pop sur les brocantes du Rock le plus accessible, mais aussi le plus sincère.

Comment résister à cette fougue tranquille, alors même que nos héros du jour ont atteint un âge plus que respectable ? Toujours en forme et prêts à incendier les scènes du monde entier, les lascars nous pondent l’un des albums les plus attachants de leur carrière, et intègrent Keith Richards au line-up de FASTER PUSSYCAT, pour bien nous ramener dans les seventies, lorsque les fanfreluches le disputaient au cuir épais.

Moi qui ai connu le groupe lors de ses débuts, via Boogie Till You Puke, m’y retrouve toujours dans ces retrouvailles qui honorent Lemmy, Bon Scott, PEER GUNT, les NEW YORK DOLLS, et si je déplore l’absence de piano bastringue ou d’harmonica un peu dingue, je m’incline tout de même face à la puissance émotionnelle de ce nouveau répertoire, qui traverse les décennies à la recherche de la vérité ultime :

Le Rock n’est non seulement pas mort, mais il ne s’est jamais aussi bien porté.

On la joue cool sur « Smoke », pour une dernière clope avant la nuit, on se déhanche AEROSMITH sur « Rocky Lee » avant de partir pleine bourre vers la prochaine étape, et on électrifie le Blues pour le rendre plus dangereux sur le final « Doomday Hell »…

Quelle fête mes aïeux. Il va encore falloir des jours et des nuits pour s’en remettre. Mais telle est la condition inévitable pour profiter au maximum du retour des BACKSTREET GIRLS, qui n’ont pas augmenté leurs tarifs, et qui s’y donnent encore à bouche joie. Cheap sans être vulgaire, populaire sans flatter les bas instincts, ce nouvel album fait du bien au moral, et laisse le soleil percer à travers les persiennes.

Fermées mais pas complétement, évidemment, pour reluquer la jeune et jolie voisine lorsqu’elle travaille ses fessiers.    

   

    

Titres de l’album:

01. Beef Chop Suicide

02. Waste Side Story

03. Boogie Woman

04. Too Cool For You

05. Sister Satan

06. Norma Jean

07. Smoke

08. Rocky Lee

09. Not Sorry At All

10. Doomday Hell


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par mortne2001 le 15/09/2023 à 16:28
85 %    242

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