On remarque, depuis la fin de la pandémie et le décollage de l'inflation, une raréfaction des petits concerts qui laisse les structures à plus gros budgets capter presque toute la demande. D'ailleurs, mon premier réflexe avait été de tiquer un peu sur le prix ce soir, pour un plateau limité à deux groupes dont un de jeunes amateurs locaux et une tête d'affiche certes étrangère, mais basée à seulement 400 kilomètres ce qui représente beaucoup moins de route que la plupart des groupes français. Mais nous avons changé d'époque : le temps des légendes de l'underground Américain pour 7 € dans une cave est révolu. Aujourd'hui, soutenir la scène signifie aussi l'aider face à l'augmentation de ses coûts, sans quoi le renouvellement ne se fera plus et à terme il ne nous restera que des cover ou tribute bands à prix encore plus élevés dans des zéniths.
Et en fait de renouvellement, j'étais frappé de constater un rajeunissement très sensible du public, pas mal de nouvelles têtes remplaçant les vétérans du mosh qui s'usent et qui se réservent certainement pour ce l'affiche de la semaine prochaine, proprement incontournable. La première partie drainait certainement les amis et la famille, mais tout le monde était dans le ton de la soirée et l'affluence était comparable à ce qu'on pouvait en attendre, pour la satisfaction des habitués soucieux de la pérennité de la musique qui les passionne. Pendant ce temps, j'avais paumé mes protections auditives et heureusement qu'on peut acquérir des rustines de secours sur place.
DEAD WINDS a pu attendre les retardataires pour ouvrir le bal. Le début de set comprenait des harangues appuyées, et un propos clairement Thrash dans la lignée du revival ou du vieil Anthrax, qui passait par des paroles en français sur un titre pour un résultat pas très heureux, notre langue n'étant vraiment pas faite pour ce style. On changeait de chanteur instrumentiste pour la suite. La basse ressortait bien dans une production correctement distribuée mais encore bien sale, notamment pour les guitares et la batterie où une petite Peppa Pig gonflable trônait sur le bord de la grosse caisse. Le public réagissait bien, ça pogotait et ça courait autour du pilier qui en a vu tant d'autres. Et à mesure, l'éclectisme du groupe se révélait en passant par des mélodies à la MetallicA, un titre qui tirait franchement vers Muse (et pourquoi pas ?), de larges développements Metal Blues aux riffs franchement 70's, voire un plan authentiquement reggae pour la présentation des membres et l'annonce de l'album en cours de préparation. Cette ambition musicale maintenait l'attention alors que le set s'allongeait et que les quatre membres enlevaient le haut. Le retour régulier à des accélérations Thrashy permit notamment un braveheart pour une fosse déjà bien agitée. Sur le dernier titre, un long passage complexe Proggy montant en tension et étonnamment bien mené pour un jeune groupe m'a laissé convaincu qu'il bénéficie à coup sûr d'une formation classique et que cet aventurisme musical autour de la base Thrash est le fruit de cours bien assimilés. Sur la durée, je ne crois pas qu'une amplitude aussi large entre plusieurs univers musicaux si différents soit tenable, indépendamment de la bonne entente sensible entre les membres, à moins qu'on ne tienne un futur très grand groupe. Qui sait ? En tout cas il n'est pas courant de s'avaler sans trop de mal une heure de première partie débutante locale.
Nous avions donc l'honneur d'accueillir l'une des deux dates de la mini-tournée languedocienne de CRISIX qui allait le lendemain à Albi. Après une intro enregistrée, le professionnalisme des Catalans nous explosa à la figure. L'agressivité du quartet était un niveau au-dessus, comparable aux classiques Américains du Revival Thrash, le tempo le pied au plancher et le chant qui débitait au triple galop et criait comme un perdu. Avec un line-up stable depuis quinze ans (à part à la basse), la machine peut foncer droit. La fosse était en ébullition au point qu'il devenait difficile de voir quelque chose. Il valait mieux headbanguer, bouger pour ceux qui n'osaient se lancer dans le pit. Comme pour Toxic Holocaust l'autre soir, les morceaux sont plus conçus pour le défoulement physique que pour être aussi écoutés posément, même si les souvenirs de Death Angel ou Slayer remontaient des fonds du cortex mémoriel. Communiquant en anglais international, Julián présenta rapidement quelques titres comme ce vieux évoquant l'univers de Dragon Ball, ou se rappelant d'un précédent passage en ces lieux en 2016. La température montait et cela faisait du bien de suer un peu en cette saison. Les moshers slammaient et s'agrippaient à la barre des spots du plafond bas comme à la grande époque. Mais on grimpa encore d'un cran quand l'un des guitaristes prit le micro et nous héla en français de base avant un medley "Fight for your right" (to paaâârty !), "Walk" et "Antisocial" en version française qui repoussait un peu les limites du Néo-Thrash sans en trahir l'esprit, moment d'exultation qui restera dans les mémoires. Le groupe lui-même semblait un peu étonné de l'énergie déployée. Si un nouveau braveheart endiablé était de rigueur, les Espagnols nous firent aussi le coup de l'assis-levé, dont on néglige trop l'efficacité. L'humour, assez visible sur le merch' du groupe qui était assez fourni au-dehors sous le préau, n'est pas aussi envahissant que chez d'autres : pas de déguisements, ni d'accessoires, juste une bonne humeur massive à transmettre en urgence. Avant d'en finir, les moshers ne manquèrent pas de monter un paquito mosh bien de chez nous qui sembla là aussi les surprendre, tant cela est aussi de chez eux (nos cultures partagent beaucoup…). Le set ne dura qu'une heure pareillement, mais restera pour Crisix comme une victoire écrasante dans la joie de Thrasher.
Il était assez tôt mais je n'ai pas beaucoup traîné, après avoir brièvement félicité certains membres de Crisix. C'était le parfait décrassage avant ce qui va nous tomber dessus dans quelques jours.
Voyage au centre de la scène : Le Metal français des années 80' / Seconde partie
Jus de cadavre 10/06/2024
Oui, belle ouverture d'esprit au final. C'est pas tous les jours que cette culture là est assumée chez nous, à vrai dire JAMAIS donc ça procure une sensation étrange et puissante. Gros friss(...)
27/07/2024, 07:23
J'y pensais un peu a leur présence. On parle d'un groupe connu et reconnu a l'international et pour une cérémonie qui mettait en valeur la culture française, c'est qu'il ne soit pas présent qui aurait été malvenu.(...)
27/07/2024, 05:45
Voilà, Chair de poule pour moi ! Et énormément de fierté ressentie pour le groupe, pour le Metal français, et la scène Metal dans son ensemble. J'ai adoré ! Et la scénographie était top ! Puis c'était du Gojira pur ju(...)
27/07/2024, 01:13
Il y aura toujours des pisse-froid pour critiquer mais putain, quelle carrière !
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La signature chez Prophecy laissait supposer un changement de style, on n’est plus en effet sûr du black up tempo. Pas sûr qu’ils aient dû garder le même nom.
20/07/2024, 14:45
En même temps, fallait pas espérer qu'ils reprennent 666 millions d'esclaves et de déchets de Peste Noire.
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On me dit dans l'oreillette que la femme de Rob (qui est française) est fan d'Indochine et qu'elle ne serait pas étrangère à cette décision de reprise... L'amour rend aveugle, mais sourd aussi apparemment.
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"Kirk et Rob reprennent "L'Aventurier" d'Indochine"... ... ...Le groupe qui aime à se tirer une balle dans le pied quoi !Après l'ignominie de la reprise de Johnny il y a quelques années...A la prochaine date franç(...)
18/07/2024, 09:35