Six ans déjà depuis le dernier opus. C’est la plus grande pause entre 2 albums pour Incubus. Alors autant dire que mes attentes étaient au plus haut pour le 8^ème album du groupe et que je rêvais secrètement d’être transportée comme je l’avais été à l’écoute de Make Yourself, de Morning View ou même de Light Grenades.

Qui aurait cru qu’un jour Brandon Boyd et ses potes auraient 40 ans ? On pourrait se dire qu’ils se la jouent ados attardés. Ca tombe bien, moi aussi j’ai 40 ans et j’ai retrouvé les repères qui m’ont fait aimer le groupe il y a plus de 15 ans: une voix enveloppante, des riffs saturés et un groove unique. Le souci c’est que sur les 11 morceaux de l’album, seuls quatre ont retenu mon attention et un seul m’a réellement marquée. Produit par Dave Sardy (Oasis) et Skrillex, c’est du Incubus bien huilé, sans surprise et sans trop de hargne non plus. Ce côté un peu trop lisse est-il la rançon de la maturité et les hipsters californiens sont-ils désabusés par le monde actuel ou par les travers de la génération Y ? Faisons un petit tour d’horizon de ces 11 morceaux.

L’album s’ouvre avec "No fun", un titre comme à la belle époque, avec un refrain efficace et des riffs puissants. Puis, on ne perd pas de temp et "Nimble Bastard" repart sur de la disto, du solo pêchu et des allures de skate punk. Rien de révolutionnaire mais ça fonctionne pas mal. C’est le 3^ème morceau qui a le plus fait vibrer mon côté pré-ado et que je me passe en boucle. "State of the art" a tous les ingrédients selon moi : des harmonies vocales qui prennent aux tripes et une mélodie qui reste dans la tête. "Glitterbomb" me laisse plus perplexe, même s’il était prometteur aux premières mesures. "Undefeated" est un autre morceau à retenir, avec des petites montées en puissance, de l’émotion et des paroles accrocheuses.

On poursuit avec "Loneliest", au groove plus qu’intéressant. La voix de Brandon est captivante et on ne peut pas rester insensible aux paroles.

Le morceau 7,"When I become a man" est l’OVNI de l’album. Une voix de crooner, des airs de Cucaracha et des paroles qui évoquent la perte de virginité : 56 secondes d’entracte au milieu de l’album. Les 2 morceaux suivants n’ont rien d’exceptionnel : "Familiar Faces" manque de relief et "Love in a time of Surveillance" part avec un sifflement de modem 56K (que seuls les plus de 30 ans peuvent connaître) et des riffs saturés plus old school qui ne me transcendent pas vraiment.

La piste 10 est un instrumental. "Make no sound in the digital forest" (encore un titre énigmatique aux allusions numériques) est planant, éclectro-japonisant malgré un son un peu dark. Comme une piste cachée pas vraiment cachée.

On arrive en fondu au dernier morceau de l’album : "Throw out the map" est une valeur sûre, même si l’émotion n’est pas forcément là. Un début comme une bande-son de thriller, puis, la guitare s’emballe et le beat s’accélère. Les breaks laissent place à une voix qui s’enflamme et le morceau se termine dans un joyeux chaos. Attention, le mot en F impose l’étiquette explicit lyrics à ce titre.

En résumé, vous apprécierez « 8 » si vous ne vous posez pas trop de questions. Laissez-vous porter par la recette 20 ans d’âge, chaussez vos Vans et montez le son.

Liste des titres:

1.         "No Fun"                                            
2.         "Nimble Bastard"                                
3.         "State of the Art"                                
4.         "Glitterbomb"                                      
5.         "Undefeated"                                      
6.         "Loneliest"                                          
7.         "When I Became a Man"                  
8.         "Familiar Faces"                                
9.         "Love in a Time of Surveillance"                  
10.       "Make No Sound in the Digital Forest"          
11.       "Throw Out the Map"    

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