On est en droit d’attendre de la part d’un groupe comme FAR AWAY qu’il nous emmène aux confins de la terre, qu’il nous raconte des histoires, que sa musique déroule les paysages comme un train traversant la planète sans destination fixe. C’est une attente légitime au vu d’un tel nom, et d’une musique se revendiquant de libres influences allant de SHE SAID DESTROY ou MESHUGGAH, et même PINK FLOYD. Et c’est exactement ce à quoi nous avons droit sur ce deuxième album, composé durant la pandémie. Car FAR AWAY est plus qu’un simple groupe de potes qui s’appuient sur leur propre expérience pour passer un message de liberté, mais aussi d’inquiétude. Comment mieux résumer l’aventure que de leur laisser la parole, le temps d’une ou deux lignes :
Cet album met en musique notre éco-anxiété commune et nous permet de transmettre et d’exorciser nos émotions au travers de nos chansons, rendant notre musique sensible, puissante et sincère.
Eco-anxiété, le mot est lancé, et nous concerne tous. J’ai déjà abondamment parlé de cette thématique dans les chroniques, en abordant des albums concentrés sur la sauvegarde de la nature, de sa faune et de sa flore, pour ne pas finir trop vite dans les abysses de l’humanité. De plus en plus d’artistes se focalisent sur cette problématique et les échéances qui en découlent, sans pouvoir apporter de réelle solution. Et pour cause. Puisque la racine du problème reste l’homme, son égoïsme et son avidité, comment parvenir à infléchir la situation pour la remettre sur les bons rails ?
C’est une chose impossible par essence, alors autant s’évader quelques instants, et profiter du spectacle avant que le rideau ne se ferme.
Flo, Loïs, Alex et Greg sont donc de très bons amis, mais aussi de très bons musiciens, qui ont trouvé leur osmose assez rapidement. Après avoir composé la musique du court multi-primé Une Nuit en Antarctique, ils se sont plongés dans une phase de création intense, en préparant une suite au déjà magnifique Viaje, inspiré des voyages de Flo en Amérique du sud. Les images ne les ont jamais quittés, et ils vivent avec cette envie d’ailleurs même lorsque leurs instruments prennent le contrôle. Et je ne peux m’empêcher de dresser un parallèle entre eux et mes chers HYPNO5E qui eux aussi, ont utilisé leurs périples pour composer des morceaux pleins d’évasion et de couleurs, de senteurs et de sons.
Solastalgia est donc la nouvelle randonnée menée par le quatuor, vers un ailleurs qui n’existera peut-être plus dans un futur proche. Constellée d’étoiles, de pluies, de flore luxuriante, de longues distances désertiques et d’équinoxes magiques, ce nouvel album est fait d’humeurs et de vignettes, souvent agressives, parfois contemplatives, mais toujours sincères et au parfum exotique. On se croirait sur les routes, le sac sur le dos, partant je-ne-sais-où, non pour trouver un sens à la vie, mais pour un donner un à la sienne. C’est ambitieux, mais les musiciens ont l’imagination et la technique qui permettent de nous immerger, de perdre nos repères et d’oublier ne serait-ce qu’un seul instant la condamnation à laquelle nous n’échapperons pas.
Entre MESHUGGAH et PINK FLOYD, GOJIRA ET DER WEG EINER FREIHEIT, SHE SAID DESTROY et OLAFUR ARNALDS.
Ce sont eux qui le disent, et nous pourrions ajouter à cette courte liste des noms n’y figurant pas. TENGIL, les DEFTONES, le Devin TOWNSEND le plus éthéré et sincère, et quelques autres dont LED ZEP lorsque les riffs se teintent d’Orient et que l’atmosphère se tend d’un Rock plus classique, sur le superbe et envoutant « Nomads », qui fait une utilisation très judicieuse d’un chant mis en retrait et de mélodies pastorales. L’art du groupe est donc de se jeter corps et âme dans cette transhumance, et de ne penser à rien d‘autre que ses émotions, pour susciter les nôtres, multiples et complémentaires.
Solastalgia est donc à envisager comme un film pour les oreilles, comme un documentaire sur les merveilles de notre planète, que nous regretterons sans avoir pu les défendre. Loin du Post-Rock ou du Post-Metal qui se regarde le nombril, ce deuxième album est d’une sincérité absolue, et une déclaration d’amour écrite sur du papier recyclé, avec des formules simples qui touchent au cœur. Une déclaration tournée vers la nature, ses miracles et sa magnificence, mais aussi un dernier avertissement avant le point de non-retour.
Qui je le crains, est déjà atteint.
G4 de l’inquiétude environnementale, FAR AWAY constate et traduit, dans le langage le plus universel qui soit, les turpitudes de ce siècle qui commence à ressembler à un épilogue mal écrit. Entre la douceur des passages atmosphériques et la colère de riffs très agressifs, Solastalgia joue en permanence le contraste, décrivant un orage dévastateur balayant les côtes, avant de s’épanouir face à un coucher de soleil automnal aux teintes chaudes.
Ce deuxième long est un travail ciselé et spontané à la fois. Il convient de s’y plonger sans retenue, en acceptant des moments d’apnée pour mieux reprendre son souffle face à l’immensité de l’océan. Un peu zen, écologiste évidemment, socialement concerné, il retrace les grandes lignes de nos échecs et les conséquences qui en découlent.
Apaisé et torturé, calme et nerveux, coloré et monochrome, cet album est une mine de sensations. Des émotions pures et des craintes en torture, pour des âmes libres, affranchies de toute obligation, choisissant de cheminer une dernière fois sur les terres perdues et les déserts de sentiments. Comment blâmer des musiciens de s’en remettre à leur art pour oublier la folie des hommes ?
Titres de l’album :
01. Solastalgia, Pt. 1
02. Break The Iron
03. Praise The Sun
04. I Won’t Save You
05. Solastalgia, Pt. 2
06. Child Of The Woods
07. Nomads
08. We, The Devil
09. Solastalgia, Pt. 3
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09/12/2024, 12:15
Grotesque décision. La réaction du fest est saine et équilibrée, et remet les choses à leur juste place. Provoquer n'est pas prôner, et la provocation a souvent pour but de faire réagir, ce que les bien-pensants ne comprennent pas et ne compren(...)
09/12/2024, 10:26
Si j'ai bien compris il sera encore à pied d'oeuvre en studio.Et c'est le batteur de British Lion qui prend sa place en Live. C'est pas foufou comme annonce.
08/12/2024, 16:04
Il reste officiellement membre du groupe pour les albums etc ou c'est un départ officiel et définitif ?
08/12/2024, 15:12
À plus de 70 balais c’est compréhensible. C’est déjà incroyable cette longévité et ils peuvent arrêter maintenant ça ne choquera personne. Merci et bon vent
07/12/2024, 20:27
La vache ! Très curieux de savoir qui prendra son tabouret. En tout cas, pour avoir rencontr&eac(...)
07/12/2024, 17:46
Hey !! Mais merci pour cette super chronique !!On aurait pas fait mieux !!!
07/12/2024, 16:52
Couillu de sortir ça en France, je compte les jours avant un strike d'une assoc' ou d'un justicier des RS pour "isme", "apologie de", ou tout autre joyeuseté de la sorte.
05/12/2024, 08:36
ça m'a rappelé un film qui aurait apparaitre ici : get him to the greek ;)
04/12/2024, 09:46
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
Bravo pour remettre en lumière un groupe à part et spécialement la partie la plus ancienne de l'histoire de Stille Volk, largement méconnue (j'ai appris des choses). C'est en partie à cause du faible nombre d'interviews qu'ils ont pu fai(...)
02/12/2024, 20:13
"Le metalleux ne se fait pas au sans-gêne si fréquent partout ailleurs des papotages interminables aux premiers rangs"Tu m'étonnes John !!!C'est non seulement insupportable pour le public attentif, mais c'est surtout un manque de respect (...)
02/12/2024, 09:14