Dogs Always Bite Harder Than Their Master

Benighted

12/10/2018

Season Of Mist

Il parait qu’on ne mord pas la main qui vous nourrit. C’est un adage plein de bon sens mais qui peine à retranscrire la réalité de la vie...Car à notre époque, on ne se contente pas de mordre cette main, on la déchiquète, on l’ampute, on l’accommode avec une sauce de mépris, avant de la bouffer tartare, la queue bien gonflée entre les jambes d’un plaisir malsain. C’est vrai que ce sadisme a de quoi donner des crises de priapisme, que vous vous preniez pour un mâtin aux muscles saillants ou juste un putain d’égoïste bien dans son temps. Ce qui est certain, c’est que les chiens ne font pas des chats, et que le dernier EP des molosses de BENIGHTED n’est pas du genre à caresser dans le sens du poil, mais plutôt à l’arracher façon moyenâgeuse, sans cire, mais avec de la morve et force crachats histoire de vous vomir sa bile en pleine face. De fait, cette séance d’épilation offerte à l’occasion de la double décade fêtée par le groupe s’apparente plutôt à une curée sans merci, dans laquelle vous jouerez le rôle du pauvre renard acculé dans la forêt, et prêt à se faire avaler par la meute de beagles affamés. Vous sentez le coup venir ? Que dalle, parce que vous n’avez encore rien entendu…Vingt ans nom de Dieu, ça méritait une fête de tous les diables, du genre de celle donnée à Villeurbanne, le 5 mai 2018, pour célébrer comme il se devait vingt années de bruit et de fureur. Et pour tous les fêtards présents, impossible ce jour-là de se rappeler que le projet était né sous la forme d’une blague entre potes, un moyen d’exorciser les démons intérieurs en les matérialisant de brutalité outrancière, cette même brutalité qui anime aujourd’hui les sillons de ce Dogs Always Bite Harder Than Their Master, un beau moyen de se projeter en avant tout en regardant tendrement et brutalement en arrière.

Pensez donc, 1998, c’était presque hier finalement. Et l’éponyme début de l’an 2000 aussi, parce que lorsqu’on tombe sur une bande de potes qui deviennent au fil du temps une des références mondiales de leur style, on est sacrément content de faire partie de la famille. BENIGHTED, entre 1998 et 2018 est devenu une machine de guerre live, et un rouleau-compresseur de studio, un monstre que les salles et estrades de festivals craignent comme le diable, et qu’elles accueillent pourtant avec un masochisme de rigueur. Mais foin d’historique ici, puisque la lignée de la bête est connue, mais plutôt de l’actualité. Un EP donc, puisqu’il fallait bien refiler du lard presque frais aux cochons que nous sommes, et comme le dernier longue-durée était encore dans les mémoires, quoi de mieux qu’une sortie un peu hybride, fausse nouveauté pour réels inédits…Au menu de ce carnage sanglant, une tripotée de trois nouvelles berceuses, accompagnées d’une reprise pour les esprits sensibles, et une démonstration de style live, avec ce fameux concert/charcuterie/anniversaire, et une bordée de classiques live que le public a repris en tripes. Du bon donc, du nouveau, quelques surprises, et une preuve de la faculté du groupe à tout écraser en concert, un peu comme si les ABORTED et CATTLE DECAPITATION se congratulaient mutuellement d’être aussi bruyants. Et bruyant, ce nouvel EP l’est immanquablement. Bruyant, mais brillant, comme toujours avec les mecs (Julien Truchan - chant, Emmanuel Dalle & Fabien "Fack" Desgardins - guitares, Pierre Arnoux - basse et Kévin Paradis - batterie), qui pour l’occasion se sont installés aux Kohlekeller Studios en mai dernier pour élaborer l’une des tranches de barbaque les plus saignantes de cet automne. Et c’est Season of Mist qui applaudit des deux moignons, en constatant que ses poulains n’ont aucunement décidé de mettre la pédale douce, mais bien de continuer à nous enfoncer dans un enthousiasme des plus charnels, en nous livrant une copie maculée de sang de goret.

Trois inédits donc, pour un classicisme de rigueur, et un trait d’union avec le dernier chef d’œuvre, ce Necrobreed qui avait achevé d’installer les frenchies sur le trône qu’ils méritaient d’occuper. Frenchies, mais pas si chic, puisque ces trois morceaux mélangeant la grossièreté d’éructations captées en direct d’une soue et le professionnalisme de bouchers habiles de la feuille et nous transperçant la nôtre. « Teeth And Hatred », « Martyr » et « Dogs Always Bite Harder than Their Master », sans dévier d’un iota de la philosophie de psychopathes sympathiques, relèvent le niveau d’un Brutal Death contemporain, en associant des voix de schizophrène à moitié cochon à moitié humain, et les plans millimétrés témoignant de l’amour du dépeçage bien fait. C’est bien sûr inégalable dans le genre, et inégalé dans l’intensité, et tout ça nous ramène aux grandes heures de l’évolution du groupe, passé du stade d’amateur gentillet à celui de tueur à gages de dimension internationale. C’est dire si les BENIGHTED inspirent le respect en 2018, au moins autant que les références mondiales auxquelles ils sont attachés, eux qui ont connu des fortunes diverses et des inspirations plurielles tout au long de leur carrière. Et en parlant d’influences, ils reconnaissent implicitement et explicitement celle de la Suède, en faisant leur le tube intemporel des AT THE GATES, ce « Slaughter of the Soul » qui nous avait tant traumatisé en 1995, et qui devient ici une appropriation très personnelle, adaptée aux standards d’un groupe qui écrase la mélodie de sa puissance sans trahir l’esprit d’origine de cette décadence. Décadence, et deux décades de danse, pour un final en apoplexie d’un live qui nous termine de ses échos fraternels, et qui atteste de la passion en fidélité d’un public entièrement acquis à la cause.

Disposant d’un son cristallin, ces six titres sont autant de manifestes à la gloire d’un groupe qui redonne au centuple ce qu’il peut recevoir, et une occasion de vivre par procuration un concert d’une intensité étouffante et d’une liesse réjouissante. On retrouve au casting les featurings fameux d’Arno de BLACK BOMB A sur le jouissif « Cum With Disgust », de Niklas Kvarforth de SHINING pour l’interlude romantique « Spit », et de Sven d'ABORTED sur le mielleux et sirupeux « Unborn Infected Children », pour une fête paillarde célébrant le bruit et la fureur avec la précision d’un scalpel marteau-piqueur. Car aussi bourrins soient-ils, ces garçons sont avant tout d’excellents musiciens, sachant prendre une foule par le cœur pour la secouer par les burnes, et laisser un souvenir impérissable dans les caleçons encore émus de tant de hurlements grognons. Alors oui, les plus raisonnables modèreront mon enthousiasme d’une lucidité pénible, se justifiant d’un « on a déjà entendu ça cent fois avant » évidemment probant, mais je ne pourrais leur prodiguer qu’un modeste conseil d’amateur éclairé.

Allez-vous faire enculer. On n’a pas tous les jours vingt ans, et les BENIGHTED ayant la gentillesse de souffler leurs bougies avec nous, je me vois mal leur dire de s’enfoncer leur classicisme dans l’oignon. On ne mord pas la main qui vous nourrit d’abord…  


Titres de l'album :

                         1.Teeth and Hatred    

                         2.Martyr

                         3.Dogs Always Bite Harder than Their Master        

                         4.Slaughter of the Soul (At the Gates cover)

                         5.Reptilian (live)        

                         6.Cum with Disgust (live)

                         7.Spit (live)    

                         8.Necrobreed (live)    

                         9.Unborn Infected Children (live)     

                         10.Foetus (live)

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par mortne2001 le 15/10/2018 à 15:45
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