Pour un groupe underground totalement inconnu du petit et grand public, oser un premier album taquinant l’heure de jeu est un énorme risque qui ne s’avère pas toujours payant…spécialement lorsqu’on évolue dans un style aussi restrictif que le Thrash. Certains s’y sont essayé, après des années de carrière, d’autres s’y sont cassé les dents, mais d’ordinaire, ce timing est plutôt réservé aux cadors ou aux concept-albums…Mais accueillons néanmoins les MANIC comme il se doit, puisque ces originaires de San Diego en Californie nous offrent leur premier longue-durée, quatre ans après leur formation, et après avoir lâché sur leur Bandcamp pas moins de quatre singles en avant-première.
MANIC fait donc partie de cette nouvelle génération de groupes, fascinés par le passé et portés sur la nostalgie, et cet Injection Of Self est complètement de son époque, entre rythmiques typiques de la Bay-Area, et riffs symptomatiques de la troisième vague US de violence instrumentale.
Pochette qui semble avoir été dessinée aux alentours de 85/86 par un graphiste cousin du bassiste, son de caisse claire à rendre fier Lars Ulrich dans son crédo de minimalisme, intros piquées aux petits copains (les VIO-LENCE doivent être heureux d’entendre à nouveau le cliquetis du barillet et le coup de feu de leur « Serial Killer » sur « Human Beings »), longs passages évolutifs et redondants à la MORTAL SIN, tout ici semble sous perfusion, loin d’être désagréable, mais tellement anonyme qu’on en vient à relire régulièrement le nom du groupe pour être sûr de savoir de qui l’on parle.
Il y a du DESTRUCTION, du DEATH ANGEL, du IRON ANGEL, du HEXX, du GOTHIC SLAM, et en fait, un peu de tout charbon pour faire bouillir la marmite, et surtout, un paquet de chansons qui prennent leur temps pour développer leurs idées porteuses. Les breaks s’accumulent donc, pas toujours inspirés, mais pourtant, l’énergie du groupe, incontestable, permet à certains titres de passer la rampe et de s’écouter avec plaisir. « Don't Follow The Leader », propulsé par un lick épais comme une paluche de Chuck Billy, « Brainwashed » fatal et groovy comme un inédit d’EXODUS perdu dans les cartons, « My Only Memory », hargneux et introduit par quelques arpèges doucereux, un esprit légèrement mosh et crossover sur les bords, une production vintage qui sent bon les micro-labels des années 80, quelques déviances mélodiques prenantes, et l’affaire est emballée.
Melting-pot géant de tout ce que la vague vintage nous propose depuis des années, Injection Of Self souffre évidemment de ses trop grandes ambitions de longueur, et de son parti-pris médian qui empêche le rythme de s’emballer pour lui préférer la stabilité d’un mid un peu gênant. Heureusement, les guitaristes Eric Finley et Michael Rice sortent de leurs petites mimines quelques saccades bien troussées, des syncopes futées mais aussi des soli inspirés, Jesus Oviedo, bien que bridé en termes de vélocité agrémente son jeu de quelques figures et fills sympathiques, tandis que le pauvre bassiste Chris Voelpel se noie dans le mix sans avoir de bouée à laquelle se raccrocher.
En ressort une impression mitigée, certains plans probants sauvant l’entreprise du marasme, mais il eut été plus intelligent de concentrer les idées pour publier un album plus bref. Amputé d’une bonne quinzaine de minutes, Injection Of Self aurait eu un impact plus fort sur l’auditoire, d’autant que les limites de sa production sont rapidement atteintes. On s’en rend compte sur les roulements de grosse caisse anémiés de « Rebellion », qui font franchement de la peine et qui ressemblent à s’y méprendre à un clavier de machine à écrire ayant tourné fou, mais aussi sur les lignes de chant trop tendres de Michael Rice, qui manque de cette hargne légendaire des vocalistes les plus féroces.
Alors, en écrémant à loisir, en mettant de côté les chapitres les plus dispensables, et en ramenant ce premier album à un métrage plus raisonnable, il est tout à fait concevable de soutenir les MANIC pour qu’ils puissent lancer leur carrière en toute dignité. Retenons des capacités individuelles notables, une certaine culture de série B, et des idées plus complexes nous rapprochant du Techno-Thrash naissant. Pas de quoi déclencher la panique, mais de quoi faire accélérer le pas en cas d’incendie dans la Bay-Area.
Titres de l’album:
01. Educate To Hate
02. Human Beings
03. Don't Follow The Leader
04. Injection Of Self
05. True Destiny
06. Rivalry Of Radicals
07. My Only Memory
08. Rebellion
09. New Age Philosopher
10. Brainwashed
11. The Herd
12. Taken Over
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00