Quand tonton Serafino ne construit pas des supergroupes comme on joue aux légos, quand il n’assure pas le plan épargne retraite de musiciens à la limite de la date de péremption, il aime aussi beaucoup déterrer de vieilles légendes pour les remettre sur les rails. Cette fois-ci, loin de l’Europe, c’est aux Etats-Unis qu’il a dégainé son stylo pour signer un contrat en bonne et due forme aux SPREAD EAGLE, combo qui connut une petite gloire nationale à l’agonie des 80’s et l’orée des 90’s. Mais si d’aventure ce nom ne vous disait rien, pas d’affolement. D’une il est plutôt pointu et réservé aux historiens du Metal américain, et de deux, il est resté dans une ombre discographique de vingt-six années, son prédécesseur ayant vu le jour en 1992. Issu de New-York, ce quartet aujourd’hui renouvelé n’a pas traîné à susciter l’intérêt d’une major, et fut abrité en son temps par MCA / Universal Records, qui trop heureux de sa découverte envoya derechef le combo dans les murs du Record Plant studio histoire de graver une première galette éponyme. 1990, sortie de Spread Eagle, une rondelle de Hard Rock bien dans son temps, qui permit au quatuor de poursuivre une tournée, et de fixer pour la postérité un second long, Open to the Public, en 1992. Sauf que cette invitation à entrer fut assez rapidement suivie d’une obligation de sortie, et c’est seulement en 2006 que deux membres d’origine remirent le couvert. Ainsi, Ray West et Rob De Luca (qu’on a retrouvé aux côtés de UFO et Sebastian BACH), respectivement chanteur et bassiste ont recruté deux nouvelles figures, Ziv Shalev à la guitare, et le familial Rik De Luca à la batterie, pour reprendre les choses non là où ils les avaient laissées, mais bien avant, alors que le groupe répétait encore son grand soir dans un local rempli d’espoir…
C’est ainsi que Rob De Luca, quatre-cordistes et fondateur du groupe, déclare à propos de Subway To The Stars : « Notre intention première était de revenir à l'origine. Pas au premier album, mais même avant. Quand nous étions non signés, nous répétions à East Village NYC. Nous avons travaillé tous les jours et tous les soirs sur notre rêve. Nous étions un gang et personne ne pouvait nous dire que nous ne pouvions pas accomplir quelque chose. C'est à ce moment-là que nous étions les plus cruels et les plus méchants… ». Et si le discours a tout d’un enthousiasme professionnel, les connaisseurs ayant musicalement fréquenté le groupe à l’époque de son premier LP sauront déceler la part de vérité de cette assertion. Tout en gardant la ligne de conduite qui les a mené à un succès pro peut-être un peu trop tôt, les SPREAD EAGLE ont assurément joué la carte de l’agressivité pour ce retour à la lumière, et il n’est pas indécent de noter des similitudes flagrantes entre leur approche et celle de SOUNDGARDEN, STONE TEMPLE PILOT, mais aussi du SKIDROW de Subhuman Race, et de toute cette vague de Néo-Hard Rock des nineties qui oubliait les paillettes et le strass pour se tâcher les mains de graisse et le front de sueur. Sans verser dans l’opportunisme, mais en surfant sur la vague old-school actuelle et la mouvance Post-Grunge américaine, Subway To The Stars se la joue un peu chien viril dans un jeu de quilles mélodique au sein de l’écurie Frontiers, et nous livre une partition impeccable, gorgée de riffs travaillés et musclés, de rythmiques variées, mais aussi d’un hommage au Rock typé des années 80, celui-là même que le single « Sound Of Speed » promeut sans tomber dans les clichés. D’ailleurs, notre bassiste préféré a aussi quelque chose à dire à propos de ce morceau, qu’il décrit comme « la chanson pour réintroduire SPREAD EAGLE ». Et avec un tel burner costaud dans le sac à dos, impossible de passer sous les radars tant ce titre sniffe bon le Hard US des eighties remis au goût d’une rage 90’s, combinant donc le meilleur des deux mondes. Mais loin de représenter le pinacle d’un album qui frise le sans fautes, ce morceau est un peu la cerise sur un gâteau qui n’en est pas dépourvu, et qui passe en revue toutes les recettes les plus épicées pour caler un estomac auditif en mal de sensations corsées.
Avec un intitulé pareil, et une promesse implicite, il était évident que ce troisième album devait nous propulser la tête dans les étoiles de l’électricité, et le title-track en ouverture ne fait pas grand mystère de l’envie qui animait les musiciens au moment de revenir vers nous. Avec un lick redondant, des chœurs présents, et une mélodie bien appuyée, cette entame nous saute à la gorge comme un live qui commence sans prévenir, et évoque la scène moderne d’un Hard Rock traditionnel, avec ses clins d’œil à la masculinité soudainement retrouvée après la calotte Seattle. A la guitare, Ziv Shalev se lâche complètement, et nous tire de ses cordes les figures les plus essentielles, sans jouer la fioriture, mais sans non plus perdre de vue le but majeur. Oser des motifs simples mais mémorisables, et tapisser le tout de soli bruts, mais ouvragés. Et histoire de bien faire comprendre qu’ils ne sont pas sortis de leur tanière pour se brosser le poil dans le bon sens, les quatre musiciens durcissent encore le ton sur « 29th Of February », avec toutefois une sympathique patine Glam en filigrane dans ces couplets syncopés et sexués. C’est non seulement efficace et puissant, mais aussi tenace et insistant, et on se prend à siffloter au bout d’un certain nombre d’écoutes ces chansons qui vont droit au but, mais qui sont beaucoup plus fines qu’il n’y paraît…Et le festival se veut ininterrompu, comme une fête new-yorkaise pour invités jamais repus, les attaques se succédant sans discontinuer, avec un « Dead Air » super hargneux, et un « Grand Scam » excité du rythme.
Malgré toutes ces années de disette et de chemin tracé de son côté, les musiciens provoquent l’osmose et donnent le sentiment d’un combo soudé, tutoyant les cimes du Grunge (« More Wolf Than Lamb »), pour mieux se fédérer autour d’un Hard plus traditionnel, aux accents festifs (« Cut Through »). Et c’est bien la principale qualité de cet album, qui parvient à fédérer tous les publics, et à traiter le Rock le plus fondamental avec une optique contemporaine, sans oublier ses racines. On se délecte des sinuosités et de la basse serpentine de « Little Serpentina » et on pense à une version RUBBER de HAREM SCAREM, alors que « Antisocial Butterfly » déboule comme un diable SWEET sorti d’une cage SKIDROW. Pas vraiment de temps mort, et d’ailleurs, SPREAD EAGLE attend vraiment le dernier moment pour verser dans la nostalgie acoustique, avec ce « Solitaire » que les plus grands songwriters du Classic Rock US auraient pu composer sans trahir leur universalité. Et sans tomber dans le piège du « meilleur album », ce Subway To The Stars permet de se remettre en mémoire le nom d’un groupe qui aurait mérité un succès public plus prononcé, et surtout, une fin moins abrupte. Ne vous reste plus qu’à leur réserver l’accueil chaleureux qu’ils méritent, et surtout, à écouter ce LP encore et encore, pour comprendre que sous une forme ou une autre, le Hard Rock finit toujours par renaître de ses cendres. Etends tes ailes aigle, tu n’as pas fini de voler…
Titres de l’album :
1. Subway To The Stars
2. 29th Of February
3. Sound Of Speed
4. Dead Air
5. Grand Scam
6. More Wolf Than Lamb
7. Cut Through
8. Little Serpentina
9. Antisocial Butterfly
10. Gutter Rhymes For Valentines
11. Solitaire
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
09/07/2025, 13:16
"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23