Un supergroupe discret. Une association noble, mais humble. Contrairement à beaucoup d’autres super projets tape à l’œil et pas toujours probants, KINGS OF MERCIA joue la discrétion, et compte sur la portée émotionnelle de ses chansons pour s’imposer dans le cœur des fans. Ceci étant posé, une signature sur Metal Blade est toujours un bon tremplin promotionnel. Mais Metal Blade est justement la chasse gardée de Jim Matheos, son FATES WARNING étant l’une des têtes de gondole du gros indépendant. Et puisque Jim est impliqué jusqu’au cou dans cette affaire, il était évident que ses partenaires allaient s’engouffrer. D’autant que cet album n’est pas le premier, mais bien le deuxième. Le premier était éponyme, il y a deux ans, et avait déjà surpris pas mal de monde. Car lorsque le nom de Matheos est imprimé, le Progressif se doit de pointer le bout de son nez. Encore plus lorsque la batterie est tenue de façon métronomique par Simon « j’ai joué avec tout le monde » Phillips.
Mais KINGS OF MERCIA n’est justement pas ce qu’on attend. Un peu moins, mais aussi un peu plus. Moins ambitieux, mais plus humain. Moins technique, mais plus authentique. Moins léché, et plus instinctif. Moins réfléchi, et plus viscéral. C’est donc un véritable plaisir de retrouver le quatuor en 2024 avec ces dix nouveaux morceaux.
Jim, Simon, mais aussi le fantastique Steve Overland de FM, et le surprenant Joey Vera d’ARMORED SAINT. Vous parlez d’un who’s who, des pointures, des cadors, mais plus simplement, des musiciens doués, surdoués même, attachants, dont le parcours en dit long sur la passion. Et Battle Scars parvient encore à nous surprendre de sa spontanéité alors même que chacun de ses détails a été scruté, soupesé, et validé. C’est en tout cas ce que nous raconte Steve :
Jim m’envoie la première version d’une chanson. Une fois qu’il a entendu toutes les mélodies et les harmonies que je peux chanter, il les retravaille pour les faire correspondre à sa vision. Il m’envoie toujours trois ou quatre versions différentes. Il me demande ce que j’en pense, laquelle je préfère, ensuite, nous en discutons et choisissons celle qui nous convient le mieux à tous les deux. Nous avons trouvé notre voie avec cet album. C’est KINGS OF MERCIA en pleine évolution. Les gens pensent qu’on peut coincer les fans de rock dans une petite case, mais ils aiment simplement les bonnes chansons et la bonne musique.
Vrai. Et ce que joue le quatuor échappe d’ailleurs à pas mal d’étiquettes. Ni vraiment Heavy, ni vraiment Hard Rock, pas totalement AOR ni Arena Rock, Battle Scars est tout ça à la fois, et une sorte d’ARMORED SAINT personnifié par les anglais de FM, le tout produit et arrangé par Jim Matheos. Heavy AOR ? J’aime assez l’appellation, assez originale et vague à la fois pour correspondre à ces dix morceaux pleins de vie et d’envie.
D’ailleurs, la formule s’applique si bien qu’on a parfois le sentiment d’écouter la dernière nouveauté Frontiers. « Battle Scars », aux accents nostalgiques réveille le fantôme de DARE, et permet à Steve de faire montre de son talent vocal intact, et épargné par les longues années de pratique. Et comme KINGS OF MERCIA s’arroge une liberté méritée, le tracklisting passe d’une pause tendresse à une accroche qui agresse, via l’up tempo bouncy et catchy de « Don’t Ask », trépidant comme le JOURNEY des années 80, avec un son de guitare lourd et compact. Les nombreux soli servis sur un plateau d’acier par Matheos sont évidemment sculptés dans le cristal, mais c’est l’osmose générale qui surprend, ces quatre musiciens étant presque tous hors de portée de leurs radars habituels.
Très positif, Battle Scars est euphorisant. En choisissant l’universalité adaptée à un contexte plus personnel et contemporain, Jim et Steve combinent le Hard Rock actuel au Heavy mélodique intemporel, ce qui a pour effet de gommer toute datation du projet. « Guns And Ammunition » joue franc jeu, et explose de plaisir, propulsant un riff classique au premier plan, tandis que le chant de Steve sublime sa structure formelle.
Je pense que c’était un peu plus facile cette fois-ci parce que nous avons établi un bon rythme de travail. J’envoie à Steve au moins une poignée de chansons tous les deux mois, et j’essaie de les varier. Cela lui permet de travailler sur celles qui l’inspirent le plus.
Et Steve s’est senti diablement inspiré au moment de coucher sa voix sur bande. Les deux compères commencent à bien se connaître, et savent anticiper les désirs de l’autre. D’un côté, une guitare prolixe mais polie, de l’autre, un chant profond, au vibrato exceptionnel, et entre les deux, la rythmique incroyable de Simon Phillips (dans un registre salement Heavy) et Joey Vera, deux hommes au parcours très dissemblable, mais qui fonctionnent en tandem avec une facilité déconcertante.
Simplification et esthétique. C’est ainsi qu’on pourrait résumer cet album qui contient non pas un, ni deux, mais bien dix hits, qu’on écoute le sourire aux lèvres et le pied agité. Jim Matheos est allé chercher au fond de lui-même les thèmes les plus sincères, et lorsque les nuances se taillent une place, elles rappellent à quel point ces musiciens ont un vécu riche.
Loin de la mièvrerie mélodique, mais aussi loin du mimétisme technique bouffi de certitudes, KINGS OF MERCIA joue carré et aéré. « Hell ‘N’ Back », qui ferait s’agiter un neurasthénique dépressif, « Cold », qui fait sauter les puces du chien, et « Angels & Demons », plus intime et progressive, le voyage est extraordinaire, et une fois arrivé à destination, on regrette que les kilomètres n’aient pas été plus nombreux.
Il était difficile d’imaginer ce que Jim, Steve, Joey et Simon pouvaient produire en collectif. La réponse est désormais très ferme, et satisfaisante. Battle Scars est une balafre de guerre qu’on cache sous le col de sa chemise, mais qui témoigne d’une carrière fabuleuse, et d’une prise de risque assumée.
Titres de l’album:
01. Guns And Ammunition
02. Eye For An Eye
03. Between Two Worlds
04. Legend
05. Battle Scars
06. Don’t Ask
07. Aftermath
08. Hell ‘N’ Back
09. Cold
10. Angels & Demons
Voici la source : https://www.effenaar.nl/effenaar-statement-cancellation-impaled-nazarene-eindhoven-metal-meeting
09/12/2024, 16:57
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09/12/2024, 10:26
Si j'ai bien compris il sera encore à pied d'oeuvre en studio.Et c'est le batteur de British Lion qui prend sa place en Live. C'est pas foufou comme annonce.
08/12/2024, 16:04
Il reste officiellement membre du groupe pour les albums etc ou c'est un départ officiel et définitif ?
08/12/2024, 15:12
À plus de 70 balais c’est compréhensible. C’est déjà incroyable cette longévité et ils peuvent arrêter maintenant ça ne choquera personne. Merci et bon vent
07/12/2024, 20:27
La vache ! Très curieux de savoir qui prendra son tabouret. En tout cas, pour avoir rencontr&eac(...)
07/12/2024, 17:46
Hey !! Mais merci pour cette super chronique !!On aurait pas fait mieux !!!
07/12/2024, 16:52
Couillu de sortir ça en France, je compte les jours avant un strike d'une assoc' ou d'un justicier des RS pour "isme", "apologie de", ou tout autre joyeuseté de la sorte.
05/12/2024, 08:36
ça m'a rappelé un film qui aurait apparaitre ici : get him to the greek ;)
04/12/2024, 09:46
Tourista, bien vu :-) Moi je dirais que c'est une décision avisée cela dit, d'autant plus que musicalement, et ça me coûte de le dire, étant un ENORME fan de Venom, mais du Vrai Venom ( Cronos, Mantas, Abaddon), Venom Inc ne propose pas grand chose d&ap(...)
03/12/2024, 13:55
Bravo pour remettre en lumière un groupe à part et spécialement la partie la plus ancienne de l'histoire de Stille Volk, largement méconnue (j'ai appris des choses). C'est en partie à cause du faible nombre d'interviews qu'ils ont pu fai(...)
02/12/2024, 20:13