Les années passent, le chaos reste. Devient plus dense, plus dangereux, plus incontrôlable. Surfons sur la vague et continuons d’arpenter la terre à la recherche des derniers endroits sauvages à saccager, à souiller, à ruiner, et acceptons la condamnation qui va avec. Dead on arrival. Mort à l’arrivée, mais étrangement, les américains d’ESCUELA GRIND ne voient pas la chose d’un même lexique. Pour eux l’acronyme signifie : Dreams On Algorithms, et concerne une toute autre réalité, aussi fielleuse et menaçante. Le grand remplacement. Mais pas celui que dénonce l’extrême-droite à coups de slogans fétides, non, le véritable grand remplacement. Celui de l’homme par la machine.
Et qui nous pend au nez.
ESCUELA GRIND se penche donc sur le cas épineux des écrans, des réseaux sociaux, de l’IA, et de tout ce qui est concerné par la dématérialisation. Nous avions eu ce débat dans ces colonnes il y a peu, via l’album d’un musicien entièrement enregistré à l’aide de l’intelligence artificielle. Si le procédé connaît encore des limites, et se contente de copier en collant au plus près des traits les plus caractéristiques de ce qu’il imite, l’échéance d’une réflexion plus profonde est elle aussi très proche. D’ailleurs, de nombreuses pochettes sont issues des calculs de cette intelligence qui n’a plus grand-chose d’artificiel. Des livres aussi. Bientôt des films. Et puis, pourquoi pas…des êtres humains ?
Je me sens concerné comme vous par cette problématique cauchemardesque qui réveille les souvenirs d’Alien et Terminator. Un ordinateur pensant par lui-même, prenant ses propres décisions sans être guidé par la main de l’homme. Mais le cerveau de la machine est-il plus dangereux que celui de l’homme ?
Pas certain.
En attendant, rien ne nous interdit de dénoncer tout en écoutant ce boucan prononcé. Celui de ce quatuor américain qui depuis son premier album soulève un petit buzz. La raison en est assez abstraite, le groupe ne proposant pas vraiment une musique novatrice ou aventureuse. Katerina Economou (chant), Jesse Fuentes (batterie), Kris Morash (guitare) et Justin Altamirano (basse) s’en cognent, et à raison. Après tout, leur Death Metal teinté de Hardcore, de Powerviolence et de haine Thrash reste l’un des plus ludiques et performants de la scène extrême actuelle, et comme la concision reste de saison, ils préfèrent rester mesurés dans la débauche, et se cacher sous la demi-heure de jeu pour ne pas trop nous abrutir.
Et ça fonctionne. Vraiment.
On pourra arguer du caractère conventionnel de la démarche, du côté systématique du chant de Katerina, de riffs parfois un peu prétextes à brailler comme des damnés, mais lorsqu’on a la classe, et le talent pour pondre un morceau aussi déhanché que « Planned Obsolescence », on ne s’embarrasse pas de principes et on ignore la critique. Et cette obsolescence qui pour le moment ne concerne que les appareils électroménagers, téléphones, téléviseurs et autre succion de consommation de masse risque de nous concerner aussi dans quelques années.
Sept milliards and counting. Alors, si quelques centaines de milliers de personnes disparaissent chaque jour, il en restera toujours assez pour continuer d’acheter sans réfléchir et de faire l’autruche avec plaisir. Mais comment le groupe introduit-il son concept ? Simple, le Bandcamp vous en dit plus :
DOA ou Dreams on Algorithms, explore le contrôle des forces subliminales invisibles, programmées sur nos actions et notre état mental. En utilisant les rêves, le sommeil et l’inconscient comme images thématiques, nous essayons de puiser dans ce qui nous unifie sous l’influence de ces algorithmes ciblés. Certaines chansons sont très directes dans leur approche de la façon dont les médias sociaux ont eu un impact sur nos vies, et certaines chansons sont indirectes et se rapportent à des objectifs personnels ou des expériences.
En gros, que se passe-t-il quand nous avons les yeux fermés et le dos tourné ? Les machines s’amusent-elles de notre ignorance et de notre inconscience ? S’il faut pour regagner un semblant de dignité et de lucidité jouer cet album à plein volume tous les jours, je suis évidemment partie prenante. Car la rage Punk qui exsude des pores de cette musique sans concessions est le carburant dont nous avons besoin pour nous réveiller. On ne peut se révolter que dans la douleur et les cris, et Dreams on Algorithms nous fournit justement ce dont nous avons besoin. De l’urgence, de l’immédiateté, pour secouer une engeance qui ne conçoit plus rien dans la réalité.
Et qui reste collée à ses écrans comme des machines à leur chaîne de montage.
Remplaçant l’originalité par un éventail d’influences disparates, ESCUELA GRIND joue sur du papier de verre, et nous sort même des sentiers battus avec la mélodie imprévisible du final « Turbulence » qui vire vite à l’automatisme brutal. Il y a de quoi réfléchir sur ce disque, « Concept Of God », avec un Dieu qui est passé de la Bible à Internet, « Animus Multiform », et l’âme humaine qui se noie dans le flot des données, ou « Always Watching You » et son Big Brother qui ne manque aucun de nos déplacements ou paroles.
Au secours ?
Trop tard pour ça. ESCUELA GRIND en prend acte, et dénonce. A vous de faire le reste.
Titres de l’album :
01. DOA
02. Always Watching You
03. Constant Passenger (Feat. Vincent Bennett)
04. Moral Injury
05. Concept Of God
06. Animus Multiform
07. Scorpion
08. Planned Obsolescence
09. Toothless
10. Turbulence
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15