À la Ruine

Archvile King

18/02/2022

Les Acteurs De L'ombre Productions

Loué soit celui,

Qui fit naître ces terres.

Loué soit celui,

Qui les vit grandir sous son égide.

 

Ces terres en question sont foulées depuis 2019 par un nantais, seul, et qui nous a déjà plus ou moins montré sa route avec un premier EP paru en 2020, Vile. Cet homme, c’est Nicolas M., aka Baurus, leader de ce one-man-band qu’est ARCHVILE KING, nouveau venu dans le rooster des Acteurs de l’Ombre. Intégrer une telle écurie n’est pas chose anecdotique, et il nous fallait chercher à comprendre ce qui avait bien pu attirer Gérald dans cette musique somme toute assez claire dans la forme, mais plurielle dans le fond. Et c’est finalement son auteur même qui nous en donne l’explication la plus simple, via quelques lignes autobiographiques sur son Bandcamp.

Entamé comme un projet plus purement Thrash, peuplé de créatures viles, légèrement teinté de noirceur Black, le concept a vite effectué un revirement inattendu, pour inverser les proportions. Aujourd’hui, ARCHVILE KING est un ensemble BM à part entière, qui a gardé quelques notions de musique extrême plus modérée, sans abandonner ce sens de la rythmique catchy et de ces riffs symptomatiques de la naissance de de la brutalité européenne des années 85/86.

Mais ce premier album, À la Ruine, est plus complexe que sa description sur les sites officiels ou non. L’affaire en elle-même est simple, avec un maitre de cérémonie s’occupant des textes, de la musique, de l’interprétation, de l’enregistrement, du mixage et du mastering, simplement accompagné par Andreea Dinag à la narration, et soutenu par l’artwork de P.M. Loveland. Le fond lui, est plus dense, plus biscornu, avec un rappel de ce que furent les débuts du Black n’Roll sans son côté vulgaire de Punk pour fans au corpsepaint décoré d’épingles à nourrice. Et si les mots sont délicatement choisis pour raconter des histoires en langue originale, chaque riff, chaque arrangement, chaque break semble avoir été mesuré pour entrer dans le cadre d’une élaboration moins crue qu’il n’y paraît après quelques écoutes.

Evidemment, les influences sautent aux oreilles, à tel point que je ne prendrai pas la peine de les rappeler.


Par-delà les pins décharnés

Baignant dans le pus de la terre

La muraille de pierres entachée

Les écailles de ce qu’elle enserre

 

La muraille justement protège le château dans les geôles duquel sont gardées prisonnières les mémoires de DARKTHRONE et BATHORY, traînant leurs souvenirs de chaînes en laissant les bras ballants. Ces spectres référentiels guident l’auteur sur sa route d’absolu, et cette quête s’accompagne tout autant de poussées de violence sur les chemins escarpés que de repos du guerrier avec guitares acoustiques au feu d’un bûcher (le final de « Dans la Forteresse du Roi des Vers », tout l’instrumental « À la Ruine »).

Alors, la ruine de quoi au juste ? De notre civilisation, des châteaux anciens laissant la nature reprendre ses droits sur les toitures et les murs couverts de lierre ? La ruine d’un Black Metal qui se veut parfois trop nostalgique pour prendre ses distances avec des histoires déjà contées. Celles hurlées par Baurus ne sont pas des plus joyeuses, nous parlent d’un soleil qui blanchit les os, de batailles fendant les armures et baignant les montagnes de sang, mais savent aussi museler les mots à l’occasion d’un instrumental aussi délicat qu’une nuit d’hiver engoncée dans un silence de mort apaisant.


Les armures se souviennent

D’une bataille épouvantable

Les coups de lame, de lances

Dans la vallée innommable.


Entre repousse des racines nées dans les années 90, et déviances Thrash de plus en plus discrètes,  ARCHVILE KING dessine un paysage classique, animé d’intentions moins traditionnelles. Cette façon de briser la cruauté d’une rythmique avide de sang par quelques notes de guitare en son clair est symptomatique d’une envie d’autre chose qu’une énième litanie bestiale et froide comme un décembre norvégien.

Rien de vraiment étonnant, rien qui ne laisse bouche-bée, mais des ambitions, un son qui parfois se fait aussi sale que certaines démos restées dans les échos des garages, pour un étrange voyage qu’on sent immobile, entre les ruines, le soleil blafard, les blessures ouvertes, et ce sang qui macule les pierres.

ARCHVILE KING conte et chante, raconte et enchante, de sa violence sourde mais intelligente qui transpose les histoires d’antan dans un langage musical métissé (« L'Artisan »), et qui finalement, en moins de quarante minutes, signe un disque classique, mais pas tant que ça.   

   

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Chroniques du Royaume Avili

02. Mangez vos Morts

03. Celui qui Vouvoie le Soleil

04. Atroce

05. Dans la Forteresse du Roi des Vers

06. À la Ruine

07. Vêpre I

08. L'Artisan

09. Cheating the Hangman


Bandcamp officiel


par mortne2001 le 16/02/2022 à 17:34
80 %    661
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
FDP

@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)

08/07/2025, 06:08

Buck Dancer

J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)

07/07/2025, 22:26

War

La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la ! 

07/07/2025, 18:34

Humungus

@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)

07/07/2025, 17:42

LeMoustre

Bravo pour ton travail ! 

07/07/2025, 14:48

LeMoustre

Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)

07/07/2025, 13:18

labbe

j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant ! 

07/07/2025, 12:48

Humungus

Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)

07/07/2025, 07:36

Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25