Tout le monde s’affole, on compte les médailles, on fantasme sur des records, on s’extasie face à des performances, mais dehors, le monde n’a pas changé. Il est toujours allongé sur son lit dans un état critique, et proche d’un coma artificiel. Si ce n’est déjà le cas. On peut effectivement oublier pendant deux ou trois semaines que notre vie est accrochée au mince fil de l’araignée du destin, mais lorsque le sablier s’est vidé, la réalité revient en pleine face comme une punition divine. Alors…autant se plonger dans le marasme de l’actualité musicale qui chaque jour, traine ses chaînes comme un fantôme résigné à l’éternité.
Mais pas question de s’appesantir. Pas question non plus de fuir. On accepte la crudité, et on l’affronte en mode Death Metal bien classique, avec rythmique mitrailleuse et grognements sur la gueuse. Justement, les allemands de DEATH BY EXILE s’y connaissent en services de sévices, et nous gâtent d’un premier album truffé de plans heurtés et d’accélérations butées.
Quatuor de Dülmen/Coesfeld (Jannis Thimm - basse, Marius Schmalöer - batterie, Janek Büldmöller - guitare et Julian "Riddo" Riddermann - chant), DEATH BY EXILE est un exemple très probant de violence outrancière, entre le Death des origines, tel qu’il fut popularisé par SUFFOCATION, CANNIBAL CORPSE ou DEICIDE, et celui plus technique et fluide de la génération 2000. Tout est là, vous pouvez recompter, les breaks à la machette, les blasts et la grosse caisse guillerette, les riffs avec ces sifflantes et ces harmoniques si caractéristiques, et évidemment, ces lignes de chant gravissimes et rocailleuses.
Du coup, le passage à la caisse est plus rapide.
Nos cousins germains ont donc peaufiné leur entrée dans le grand monde. Si de courtes présentations furent faites en 2017 à l’occasion de la naissance d’un premier EP (Flesh Deformed, difforme mais encore un peu vert), celles enclenchées par Necrotic Tumorous Mutation sont évidemment plus officielles. Un titre à la CARCASS pour une approche technique et rapide, dans le moule le plus traditionnel d’un Brutal Death d’esthètes et de fins académiciens.
Une basse qui se dégorge en permanence, une vélocité ne se démentant pas, mais une production d’une clarté exemplaire, voilà donc le menu par l’entrée et le dessert d’une œuvre fondamentalement old-school, mais intéressée par les techniques modernes. Les quatre cadors ne font pas semblant d’envoyer la sauce, et mijotent un sale coup en permanence, pour mieux nous déstabiliser. En gros, de l’indécence, des insinuations bestiales, et beaucoup de jouissance pour une sacrée performance.
Je vous enjoins à savourer par petites lampées « Dull Knife Decapitation », parangon d’une méthode chirurgicale et pourtant méga-brutale, qui met à l’honneur ces quatre cordes graves, et qui laisse la guitare délirer comme bon lui semble. Loin du ni queue ni tête abstrait ou de l’élitisme indéchiffrable, Necrotic Tumorous Mutation est un virus qui s’insinue en toute franchise dans l’organisme, et qui le bouffe de l’intérieur. Inutile de chercher un éventuel remède, il n’y en a pas, les allemands ont bien travaillé leur truc. « From Death Repelled » expose d’ailleurs les symptômes sans cachoteries, avant que « Of Sunless Realms » ne traduise en effets physiques les formules chimiques.
Avec le talent d’un guitariste qui ose des soli qui sortent de l’ordinaire, de longs passages instrumentaux voués aux gémonies de la virtuosité, et un batteur qui se prend pour une arme à répétition méchamment huilée, le projet mène grand train, et nous éblouit de sa sagacité. « Infesting Swarm » poursuit donc sur le même thème de solfège exacerbé, et enchaîne les idées comme une puce sautant dans un pré.
Peut-être un peu trop solide pour un matin ensoleillé, DEATH BY EXILE est un maelstrom extraordinaire, qui ne paie pas de mine sur le papier, mais qui en jette dans la réalité des faits. Beaucoup d’exigences pour un Death aussi chaotique que critique, et une osmose générale à la glue familiale.
On accepte donc cette poignée de main puissante qui scelle les rapports entre les intervenants. Alors vous comprendrez que vos petites histoires de médailles, de natation, de judo ou de twirling-bâton soient de pures anecdotes de saison. La vraie raison de notre enthousiasme reste musicale.
Ça ne réveillera pas le monde de son coma, mais la musique adoucira son trépas.
Titres de l’album :
01. Necrotic Tumorous Mutation
02. From Death Repelled
03. Of Sunless Realms
04. Into Oblivion
05. Vermintide
06. Embodiment Of Hatred
07. Dull Knife Decapitation
08. Infesting Swarm
09. Lord Of Gluttony
10. Urge To Kill
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13
Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire
21/05/2025, 07:33