On en parle à longueur de chroniques et de dossiers, alors, autant y aller carrément. Les années 80 sont pour nous, adolescents de l’époque un réservoir intarissable de souvenirs, de découvertes, de liberté et de fun, certainement les dernières avant les cruelles désillusions des nineties. Nous sommes des millions à avoir grandi au son des groupes de cette époque, et si certains ont connu la genèse des seventies, d’autres la NWOBHM, beaucoup se repèrent grâce à la boussole d’un autre intervalle de temps. 1984/1991. Sept années de rêve durant lesquelles tout était possible, l’éveil aux sentiments, le premier amour, les premières grosses bêtises, le collège, le lycée, et les mélodies qui entraient dans la tête sans pouvoir les en faire sortir.
Encore eut-il fallu en avoir envie.
Nous avons tous nos propres souvenirs. Je ne me risquerai pas à étaler les miens qui n’intéressent personne, je vous laisse donc nager dans votre propre océan du passé pour resituer les débats. Car je ne suis pas là pour aborder ma vie, ni mon vécu, mais bien pour parler d’un mini-évènement télévisuel, à savoir la diffusion sur Paramount+ d’une nouvelle mini-série documentaire, Nöthin' But A Good Time: The Uncensored Story of '80S Hair Metal.
Tout est dans le titre, vous n’avez même pas à imaginer de quoi il en retourne. Cette série, basée sur le livre éponyme de Tom Beaujour et Richard Bienstock a vu le jour sous l’impulsion du passionné Jeff Tremaine, qui officie sur MTV depuis Jackass et ses blagues fines et délicates. L’homme, après avoir adapté la vie de MÖTLEY CRÜE sur petit et grand écran s’est donc lancé à bras le corps dans la description d’une décennie magique, de la manière la plus sincère qui soit : en laissant parler ceux qui l’on vécue, et écrite.
Le défilé de stars est donc assez impressionnant. On retrouve bien des icônes, dont les principaux sont Bret Michaels (POISON), Stephen Pearcy (RATT), Nuno Bettencourt (EXTREME), Dave "Snake" Sabo (SKID ROW), Rudy Sarzo (QUIET RIOT, WHITESNAKE), Tracii Guns (L.A GUNS), Steven Adler (GUNS N’ROSES), ou encore Riki Rachtman (Headbangers Ball de MTV). On retrouve aussi des stars plus contemporaines, dont l’incontournable Corey Taylor (SLIPKNOT) et même Steve O (Jackass), ce qui permet d’avoir un regard exhaustif sur le sujet.
Le sujet : la vague Hair Metal qui balaya les Etats-Unis entre QUIET RIOT et TUFF. En gros, tout ce Hard-Rock californien que l’on ne savait pas comment situer et qui a fini affublé du qualificatif le plus stupide possible (on attend toujours le mouvement No Hair Metal). Mais le documentaire ne s’intéresse pas qu’à la musique, il nous parle aussi de l’ambiance de cette époque, de ses acteurs inconnus, des salles de concerts, des rues, des villes, des magazines, en gros, de tout ce qui a fait de ce mouvement ce qu’il est encore aujourd’hui : une fête ininterrompue où les musiciens croisent les groupies et où le public rencontre ses idoles tous les vendredis et samedis soir. Pour ce faire, la parole a été laissée aux principaux membres du mouvement, musiciens, journalistes, managers, promoteurs et producteurs, qui se passent la patate chaude avec un plaisir certain.
Tout commence selon les auteurs du livre à la naissance d’un groupe qui connaîtra deux, trois et même quatre vies bien distinctes : QUIET RIOT. Formé dans les années 70, le groupe comptait alors dans son line-up le regretté Randy Rhoads, considéré comme le premier guitar-hero du Hard-Rock californien. C’est Rudy Sarzo qui se charge du passé du groupe, lui qui l’a rejoint assez tôt pour pouvoir en parler. L’homme a méchamment vieilli, mais son témoignage est crucial. Il cède d’ailleurs à l’émotion lors de l’évocation de cet accident stupide qui a coûté la vie à son guitariste, et symbolise le départ de la narration. Le parti-pris d’avoir situé la naissance du mouvement lors de la sortie des deux premiers albums du RIOT est sujet à caution, puisque VAN HALEN devrait être considéré comme le parrain du Hair Metal, son succès massif dès 1978 en attestant. Mais les auteurs ont fait leur choix.
Il est évidemment impossible de détailler tout ce qui se passe dans ce documentaire sans trop en dire, et sans vous gâcher la surprise. Les lecteurs du bouquin savent déjà plus ou moins à quoi s’attendre, et les autres le découvriront en regardant ces trois épisodes, trop courts à mon goût. La symbolique Hard-Rock californienne des années 80 est si importante que trois volets de quarante-cinq minutes sont loin de suffire, les anecdotes étant légion, et les groupes méconnus de même. C’est d’ailleurs l’un des torts de Nöthin' But A Good Time: The Uncensored Story of '80S Hair Metal : s’être concentré sur les trois ou quatre géants, laissant quelques miettes à la seconde division, pour complètement passer sous silence la dernière vague du pivot 1989/1992.
Plusieurs points sont abordés et documentés. L’activité à Los Angeles, les origines, les vagues successives, mais aussi les points de chute, les charts, les chiffres de vente, les tournées, les rencontres, et les anecdotes pas piquées des vers. De fait, il fallait un fil rouge, un groupe emblématique qui a survécu jusqu'au bout pour être considéré comme le pape de la religion musicale. Et quel autre groupe que MÖTLEY CRÜE pour incarner cet épouvantail d’excès ? Avec Jeff Tremaine, le choix est somme toute logique, l’homme s’étant affairé à traduire en images fictives la vie réelle de Nikki et sa bande avec The Dirt. Bien évidemment, cette mini-série n’étant pas une énième biographie sur le quatuor, vous n’apprendrez rien de spécial, en tout cas, rien de plus que ce que vous connaissez déjà à propos du groupe qu’on adore détester depuis 40 ans. D’ailleurs, aucun des membres du groupe n’intervient personnellement, des images d’archives constituant le seul témoignage disponible. Heureusement pour nous, Jeff a laissé la parole à Doc McGhee, son dentier et son sourire carnassier pour nous faire entrevoir la fête de l’intérieur.
Et en parlant de fête, MÖTLEY CRÜE était le champion incontesté du mauvais goût.
Evidemment, l’alcool et la drogue sont omniprésents dans ce documentaire. Ils ont pris tellement de place dans la vie des musiciens qu’il était impensable de les passer sous silence. Ce qui donne lieu à des moments assez poignants, notamment tous ceux impliquant Steven Adler, l’ancien batteur de GUNS N’ROSES. L’homme est à ce point abimé que la production a dû sous-titrer ses interventions, et le voir dans un tel état fait une peine énorme. Comment en voyant ces images se souvenir de ce batteur blond au sourire angélique, qui pour faire comme ses collègues et faire partie d’un tout a cédé aux sirènes de l’héroïne ? Mais nul voyeurisme, plutôt une tendresse naturelle qui permet à Steven de narrer sa version des faits, les GUNS occupant aussi une bonne partie du métrage.
Trois volumes, trois moteurs. MÖTLEY donc, mais aussi POISON. Bret Michaels est l’un des principaux protagonistes de ce documentaire, et nous raconte sans détour son histoire, mais aussi sa relation conflictuelle avec C.C. Deville. Le réalisateur en profite pour nous refourguer cette infâme interview sur MTV, lors de laquelle le guitariste peroxydé, visiblement passablement éméché avait tenu un discours erratique et sans fondement, ce qui avait découlé sur une altercation physique avec son chanteur. Là encore, le rôle tenu par l’alcool est prépondérant, illustrant les dérives de cet hédonisme acharné, symptomatique des années 80, spécialement dans le monde du Rock.
Beaucoup de groupes sont cités, certains pour la gloire, d’autre pour épaissir le dossier à charge. C’est évidemment la dernière vague qui en prend pour son grade, celle initiée par WARRANT et son leader Jani Lane, mort le 11 août 2011 à 47 ans. C’est Steven Sweet, batteur du groupe qui résume à merveille la situation, et qui nous rappelle cette intervention du regretté Lane dans cet ancien documentaire présenté par Shannen Doherty sur MTV. Le chanteur avait alors évoqué la baisse de popularité du genre en racontant que les bureaux de sa maison de disques avaient troqué leur poster de WARRANT contre un placard de pub pour ALICE IN CHAINS. D’ailleurs, la vague de Seattle occupe elle aussi une grande place dans cette histoire, prise pour cible depuis des années pour avoir supposément tué le mouvement Hair-Metal…qui s’est tiré lui-même une balle dans le pied et le cœur.
Stevie Rachelle de TUFF, bonnet vissé sur la tête, est l’emblème de cette descente aux enfers et de cette disparition des charts. Alors que son groupe cartonnait avec son premier album, tout s’est soudainement arrêté, et la place a été laissée vacante à l’Alternatif et à la Fusion, les deux genres les plus populaires des nineties. Stevie incarne les excès et l’autosuffisance dont les groupes ont fait preuve pendant des années, tournant des clips similaires avec les incontournables playmates et mannequins, et traitant de sujets aussi futiles que la vie sur la route, les fêtes, les beuveries et autres relations sexuelles fugaces.
Le sexe ? L’autre centre d’intérêt évidemment. Vous ne serez pas lésés par les anecdotes racontées, entre un David Lee Roth squattant toute une soirée les toilettes d’un club pour se faire prodiguer des soins buccaux sur la verge, et un Nikki Sixx accueillant les groupies la braguette ouverte. Mais pour se permettre quelques écarts de conduite, encore faut-il avoir un lieu. Les clubs sont alors décrits par la faune et la flore, et l’histoire de salles aussi légendaires que le Roxy, le Cathouse, le Whisky a Go Go, le Rainbow occupent une place centrale dans la narration…Les images permettent de se faire une idée sur l’ambiance régnant sur le trottoir du Sunset Strip le samedi soir, avec son défilé de touffes énormes, de rouge à lèvres vif et de tissu qu’on réduit à son strict minimum. Très portés sur la chose, les musiciens en ont donc bien profité, accumulant les conquêtes d’un soir, d’une heure, d’une demi-heure, enfilant (sic) les exploits comme les actes d’un goût douteux (Ozzy coulant un bronze dans les chaussures d’un pauvre client d’hôtel par exemple), pour mieux alimenter…
…la légende.
Ainsi, d’images d’archives en extraits live, d’interviews en backstage, vous croiserez du beau monde. Impossible de retranscrire ici tous les groupes cités, mais comme dans un juke-box géant, attendez-vous à du RATT, DOKKEN, WARRANT, BON JOVI, DEF LEPPARD, TYKETTO, FIREHOUSE, WINGER, POISON, W.A.S.P, KIX, L.A GUNS, FASTER PUSSYCAT, WHITE LION, STRYPER, SKID ROW, TWISTED SISTER, mais aussi HANOÏ ROCKS dont l’importance est très bien soulignée, CINDERELLA, BRITNY FOX, SLAUGHTER…Soit la quintessence même de cette ère qui n’a pas fini de nous faire vibrer. Si SKID ROW incarne lui aussi la perte de superbe d’un courant qui est mort d’avoir trop stagné, si Sebastian Bach est décrit comme la machine à dingueries en tout genre par ses ex-comparses Dave Sabo et Rachel Bolan (la scène dans l’avion est tout simplement hilarante), si quelques tristes mines accusent le cartoon Beavis & Butthead d’avoir tiré à bout portant sur les idoles, tous s’accordent à dire que cette période dorée reste leur plus beau souvenir. Tout était permis, les excès les plus graves, les délires les moins pardonnables, mais surtout, les tournées à guichets fermés, les chiffres de vente affolants, et cette amitié que les groupes ont tissée entre eux….
En alternant interviews, images d’archives et séquences animées, Jeff Tremaine imprime un rythme de fou à son documentaire, qui s’accorde merveilleusement de la frénésie de ces années. Il n’y avait que cette façon pour le réalisateur d’honorer son thème de prédilection, entre la mort de Razzle et le tocsin des années 90. Quant à savoir si NIRVANA et PEARL JAM (les groupes californiens étaient pour la plupart assez fans) sont responsables de la déchéance du Hair Metal, autant se demander si Yoko Ono est seule à incriminer pour la séparation des BEATLES. Nul et non avenu. D’ailleurs, ce moment tragique est oublié, puisque les principaux acteurs continuent aujourd’hui de faire des tournées très lucratives, à la manière de nos stars françaises des années 80. Le public n’a pas oublié, la nouvelle génération a adhéré, et la fête continue, avec plus de rides, moins d’alcool et des ambitions revues et corrigées. Mais personne ne nous enlèvera ces années exceptionnelles, et personne ne nous volera tous les magnifiques souvenirs que nous avons collés dans les albums de notre mémoire.
Et surtout, la musique. Toujours la musique. Et tout ce qui va avec. We were the youth gone wild.
Vu la chose cet aprèm...
Toujours aussi bonnard à mater ce genre de docu...
Même si perso, ce style (hormis quelques rares exceptions) est tout aussi merdique que celui qui lui scié les pattes au début des 90s (hormis quelques rares exceptions bis).
Voyage au centre de la scène : une rencontre avec Chris Palengat (MASSACRA)
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