On sait bien depuis quelques années que les suédois n’ont plus peur de rien, de là à oser s’appeler VAMPIRE, il y a quand même un fossé de confiance à franchir. Les fans d’Anne Rice et Bram Stoker sont donc tous aux abois depuis 2011, date de formation de ce groupe de forts en gueule aux pseudos complètement improbables. Les fans de Metal rétrograde aussi d’ailleurs, puisque ces suédois respectent la tradition de leadership vintage que leur pays a acquis depuis l’orée des années 2010. Mais il n’est pas question ici de Hard-Fm, de Synth-Wave ou de Heavy Metal directement sous perfusion NWOBHM, mais plutôt de violence paillarde et ouverte, créneau d’avantage privilégié par les factions américaine (nord et sud), russe et européenne d’une façon générale. Et après un premier long éponyme publié en 2014, et une suite supérieure lâchée en 2017 sous la forme d’un LP baptisé With Primeval Force, les originaires de Göteborg reviennent négocier l’ardu virage du troisième album, avec dix nouvelles chansons lapidaires sous le paletot. On sait que ce troisième LP est le plus critique d’une carrière naissante, et les standards de qualité établis par With Primeval Force rendaient la tâche encore plus difficile. Mais connaissant le talent des sagouins et le support inconditionnel de leur méga label Century Media, il n’y avait que peu de soucis à se faire quant à leur capacité à s’extraire de ce coup fourré. Et cette confiance s’avère largement méritée, puisque ce petit dernier sobrement mais légitimement intitulé Rex va une fois encore introniser les VAMPIRE rois de la brutalité vampirique old-school, avec toujours en exergue ce panel d’influences qui a fait leur renommée. Sans vraiment changer quoi que ce soit à leur recette, les scandinaves se sont quand même permis de colmater quelques brèches, et de chercher la perfection dans la bestialité. En résulte un album bref mais détonnant, composé de titres percutants, osant la multitude de tempi, les riffs méchamment accrocheurs, et la diversité de provocation.
Je l’avoue, malgré ma connaissance de l’underground et de l’affection de ses musiciens pour des sobriquets hauts en couleurs, VAMPIRE a toujours tenu une place spéciale dans mon cœur. Il faut dire qu’avec des noms de bataille pareils, il y a de quoi se sentir admiratif, et c’est donc avec délice que nous retrouvons aujourd’hui nos héros préférés, Abysmal Condor (batterie), Black String (guitare), Command (basse), Hand Of Doom (chant) et Sepulchral Condor (guitare), qui sous couvert d’une passion sans bornes pour le Metal des années 80 et 90 nous donnent une véritable leçon de savoir-faire. Leur talent ? Savoir mixer les références pour obtenir une approche terriblement personnelle, et surtout, efficace et attachante en diable. Une fois encore, VAMPIRE a sucé du sang frais pour nous en revenir toujours aussi impressionnant dans le dévoilement des canines, et Rex parvient à synthétiser leurs deux premiers efforts pour en livrer un résumé exhaustif, mais suffisamment novateur pour nous captiver. Doté d’un son gigantesque, aiguisant les guitares, et renforçant le cercueil rythmique pour éviter d’être surpris en pleine nuit par un pieu trop pointu, Rex est plus qu’un simple album, il est une déclaration d’amour au Metal sourd et emphatique des deux décennies les plus révérées, et un mixage entre le Black Metal le plus abordable, le Thrash le plus efficace et le Death le plus écoutable. Toujours à cheval entre les modèles, VAMPIRE propose un plasma mélangeant les liquides vitaux de POSSESSED, DISSECTION et CELTIC FROST, avec cette petite touche salée de BM nordique, et des accès de rage dignes d’IMMORTAL ou EMPEROR parfois.
A la manière d’un EXCITER qui avait la sale habitude de scinder en deux ses albums, avec une face Metal et une face Heavy, VAMPIRE propose un LP aux deux facettes très prononcées, avec d’un côté les titres les plus joyeux et violents, et de l’autre ceux plus ambiancés et sombres. Le décalage entre les deux facettes n’est pas gênant en soi, et confère une aura particulière à l’œuvre, qui débute sous les auspices les plus fast n’cruel. Et c’est après une courte intro que le massacre commence avec le title-track qui rentre immédiatement dans le vif du sujet. « Rex », en trois minutes à peine nous propose une rythmique fast, des riffs mélodiques à la DISSECTION, une ambiance à la RIGOR MORTIS/POSSESSED et nous vrille le cœur de son immédiateté cathartique. On retrouve en quelques secondes le groupe que l’on aime tant, capable de jouer rapidement en lâchant des motifs catchy, et surtout, la voix inimitable de Hand Of Doom qui grogne comme jamais. Avec un break plus lourd et harmonique que la moyenne, VAMPIRE prouve qu’il a bien assimilé son lexique DESTRUCTION, et le son des toms d’Abysmal Condor nous ramène à la merveilleuse époque du Ventor de Pleasure to Kill. Sans jouer le chamboulement, les musiciens suédois affichent une santé de fer, et annoncent indirectement que même les pieux les plus dangereux ne leur font pas peur, pas plus que les gousses d’ail ou les crucifix. « Inspiritus » confirme la tendance, pose une intro plus dramatique, joue sur le velours transylvanien d’un up-tempo diabolique, et mène la danse bon train. Quelques tierces, des inserts en soli mélodiques, mais toujours cette voix à la POSSESSED qui hypnotise. En une moitié d’album, le groupe valide son retour en grandes pompes, lance des œillades Heavy pour mieux mordre Thrash (« Pandemoni »), mais ne se contente pas d’une relecture de ses meilleurs méfaits, et change le décorum dès « Moloch ».
On s’éloigne du radicalisme à la POSSESSED/HELLHAMMER pour se rapprocher d’un Blackened Thrash inspiré de DISSECTION, et les ambitions deviennent plus flagrantes. « Anima » en est d’ailleurs le parangon, avec son intro en battements cardiaques, annonçant la peur d’une fin annoncée avant le retour à l’éternité. Lourde accroche, climat oppressant, et charge méchamment Heavy mixant BATHORY et le BM suédois, pour une variation fraîche que n’aurait pas renié le MERYFUL FATE de légende. Ce qui ne nous fait évidemment pas oublier que nous aimons les suédois pour leur facilité de brutalité, et « Melek-Taus » de clôturer l’aventure de la façon la plus véhémente qui soit. Accélération du tempo, guitares qui partent en vrille mélodique dans tous les sens, arrangements vocaux sobres mais efficaces, pour un épilogue qui nous laisse en plein milieu des sous-sols du château, en prise avec le maître des lieux. Et c’est à ce moment-là qu’on réalise que toute résistance est vaine, et que le salut ne repose que sur une morsure acceptée nous permettant de rejoindre le clan des suceurs de sang. Avec ce troisième album, VAMPIRE va faire encore un maximum de victimes, trop heureuses de rejoindre le clan de la nuit. Une nuit sombre mais joyeuse, une nuit Metal, une nuit Death, une nuit Thrash, peu importe, mais une nuit de décibels, et une aube qui nous enjoindra à rejoindre notre cercueil pour une journée de repos bien méritée.
Titres de l'album :
01. Prelusion
02. Rex
03. Inspiritus
04. Wiru-Akka
05. Pandemoni
06. Moloch
07. Rekviem
08. Serafim
09. Anima
10. Melek-Taus
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39
Plus de 400 bpm pur le deuxième extrait ? Pas hyper convaincu mais ça reste tout de même impressionnant par moments ! &nb(...)
08/03/2024, 06:03
Jay Weinberg remplace dans ce groupe le mec qui est parti dans un autre groupe remplacer le mec qui est parti pour le remplacer dans son ancien groupe.Clair.
07/03/2024, 18:37