Le label Frontiers a regagné ma confiance depuis longtemps, et c’est ainsi que chaque album que la maison de disques italienne met sur le marché mérite une chronique selon moi. Entre les supergroupes montés par Serafino et les valeurs sûres continuant leur parcours, le résultat est toujours digne d’une écoute sans que je n’ai à chercher les tenants et aboutissants de l’affaire. Mais parfois, sans vraiment chercher la petite bête, il m’arrive de douter. Dans le cas du nouveau concept international HER CHARIOT AWAITS, c’est un nom qui a attiré mon attention et suscité ma méfiance, celui de Pilar Giménez García, surnommée « Ailyn ». En effet, la présence au chant de l’ancienne vocaliste de SIRENIA m’a quelque peu chagriné, m’attendant sans doute à une resucée symphonique ou gothique briseuse de tympans et usant ma patience. Mais la tête pensante du projet m’a rassuré de son passé, et c’est donc circonspect mais sans véritables aprioris que j’ai tendu l’oreille sur ce premier éponyme. Et grand bien m’en a pris, puisque le nom de SIRENIA ne signifie pas grand-chose dans ce nouvel univers. Merci à Mike Orlando d’avoir chapeauté ce projet, et merci également à Serafino d’avoir présenté le guitariste et la chanteuse, qui ensemble nous offrent une bonne tranche de Hard Rock moderne et décomplexé. La genèse du groupe remonte à un peu plus d’un an, Mike étant en rupture de ban avec ADRENALINE MOB depuis la tragédie de la tournée 2017 qui coûta la vie au bassiste David "Z." Zablidowsky et au tour manager Jane Train, et Pilar ayant quitté le navire SIRENIA en 2016. L’entente entre les deux fut si évidente que Mike se décida à mettre sur pied un nouveau projet en attendant un futur plus stable, et se mit à composer des chansons correspondant à la tessiture et au style de sa nouvelle partenaire. Le résultat est un modèle de Hard Rock contemporain, direct, gorgé de technique personnelle, mais suffisamment catchy pour plaire au plus grand nombre.
Outre Mike à la guitare et Pilar au chant, on retrouve le batteur Jeff Thal (frère de Ron Thal de BUMBLEFOOT), et le bassiste de session Brian Gearty complétant le line-up, et autant dire que l’osmose entre les quatre musiciens est terriblement palpable. Dans un registre qui tient plus de l’expérience de Mike que de celle de Pilar, HER CHARIOT AWAITS se situe dans une frange plutôt alternative du Hard-Rock américain, basé sur des refrains hauts en couleurs et des couplets explosifs. On pense même parfois à une version électrifiée du NO DOUBT le plus puissant, spécialement lorsque le beat se veut jumpy et l’ambiance festive (« Stolen Heart », nuancé toutefois de quelques arrangements MANSON pour corser le tout). Visiblement très à l’aise dans son nouveau costume de party-girl, Pilar s’en donne à cœur joie et chante plus libérée que jamais, s’accordant de tous les registres imposés par son partenaire. Les deux nouveaux collaborateurs ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges l’un envers l’autre, Pilar se déclarant « honorée de faire partie de cette nouvelle aventure, qui lui a permis d’explorer une nouvelle facette de son chant », tandis que Mike affirme que « c’était un vrai plaisir d’écrire et de jouer ces chansons avec une chanteuse aussi talentueuse que Pilar, et d’exploiter une facette plus commerciale du Rock ». Le mot est lâché, qui sonnera vulgaire pour certain, mais le but est avoué, et le résultat concret. Her Chariot Awaits est en effet un projet tout à fait commercial, sans faux-semblant ni hypocrisie, et si le côté artistique lèsera sans doute ceux qui attendaient beaucoup de ce partenariat explosif, les autres se satisferont très bien de cette musique accrocheuse, sans autre ambition que de divertir l’auditeur.
N’étant ni un fan d’ADRENALINE MOB, ni un passionné de l’histoire de SIRENIA, j’ai fondu en écoutant ces hymnes au plaisir instantané, parfois plus profonds qu’une simple recherche de séduction massive. De temps à autres, Mike a d’ailleurs taillé une robe de soirée sur mesure à sa nouvelle chanteuse, lui écrivant le soyeux « Constant Craving » pour lui remémorer son passé symphonique. Mais ici, le but recherché est l’efficacité, et surtout, l’énergie, ce que l’entame directe et tonitruante de « Misery » prouve de son intro explosive qui permet à Pilar de lâcher un hurlement qu’on sent cathartique. Une libération pour nos deux musiciens ? Quelque part oui, et une catharsis simple et excitante, qui confère à ce projet un parfum de naturel très plaisant. Si le bilan est assez léger en termes de création, le carton est plein en délectation, pour peu que le Hard-Rock simple et moderne soit votre tasse de thé. Un Hard mois facile d’accès qu’il n’y paraît, et qui permet à Mike de méchamment se faire plaisir en solo, l’homme distillant quelques sextolets à rendre fous ses adversaires. La production, évidemment propre reste assez rêche pour que l’entreprise ne perde pas son cachet authentique, et le tempo varie selon l’inspiration, passant d’un pêchu mordant à un mid prenant. Difficile ainsi de résister à la pression juvénile d’un « Dead & Gone », tout comme il est impossible de rester indifférent aux syncopes de « Screaming Misfire », dégénérant punky sur les bords. A mi-chemin d’un Rock traditionnel et d’un alternatif contemporain, HER CHARIOT AWAITS lance tube sur tube, et la voix libérée, délivrée de Pilar fait vraiment plaisir, rappelant parfois DIAMANTE (« Say No »). En trois-quarts d’heure, toute faute de goût est évité, le guitariste ayant eu le flair de ne pas sombrer dans la redite, variant ses riffs et ses ambiances pour nous offrir une récréation fraîche et stimulante (« Line Of Fire »).
Si la voix de l’espagnole domine les débats, elle partage parfois la vedette avec Mike, sur les segments les plus tendus, comme ce « Turning The Page », au lick diabolique et à la dualité vocale hypnotique. Le réfractaire pourra arguer du fait que deux musiciens de cette trempe auraient pu prendre plus de risques et accoucher d’une œuvre plus ambitieuse, mais lorsqu’il se sera rendu compte que la tension tient de bout en bout et que le groupe est encore capable en fin d’album d’accoucher d’un titre comme « Take Me Higher » (qui rappelle un peu TOKYO TABOO avec son phrasé masculin rappé et son riff concentrique et obsédant), ses griefs resteront dans sa poche pour de bon. Un peu de tendresse (« Just Remember »), un final explosif et légèrement Pop (« Forgive Me Dear »), et l’exubérance de Her Chariot Awaits de s’imposer, transformant ce concept en projet musical viable et euphorisant. Une parenthèse peut-être dans la carrière des musiciens impliqués, mais une parenthèse qui leur redonnera certainement le sourire et de quoi voir l’avenir avec quiétude. Un party album de première classe !
Titres de l’album :
01. Misery
02. Dead & Gone
03. Screaming Misfire
04. Stolen Heart
05. Constant Craving
06. Say No
07. Line Of Fire
08. Turning The Page
09. Take Me Higher
10. Just Remember
11. Forgive Me Dear
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11