Je ne sais pas si vous avez suivi l’actualité métallique télévisuelle, mais est récemment passé l’excellent docu-série en trois volumes de Jeff Tremaine, Nöthin' But A Good Time: The Uncensored Story of '80s Hair Metal, consacré à la scène californienne. Si les trois épisodes ne m’ont pas appris grand-chose et m’ont laissé sur ma faim (peu de place accordée aux petits groupes et MÖTLEY bouffe un tiers du métrage), ils ont eu le mérite de me replonger dans cette époque fantastique que je n’ai connu que par procuration. Mais en voyant ces images, je ne peux m’empêcher de penser que je donnerais bien le peu de vie qui me reste en échange d’un voyage dans le temps et l’espace. Voir ces groupes légendaires sur scène, au Troubadour, au Whiskey, au Roxy, et rentrer chez moi des paillettes à la Kevin plein les yeux.
Las, je suis né en France, et un poil trop tard. Mais ce que l’histoire ne m’a pas accordé, la musique me le procure à intervalles réguliers.
En tombant sur cette nouveauté, je me dis que le destin réserve parfois de belles surprises, qui tombent pile au bon moment. Après avoir savouré ce documentaire, je n’avais qu’une envie : écouter un Hard-Rock racé, sexualisé à outrance, et juste assez provocateur pour effaroucher les demoiselles en beauté. Et ce ne sont pas les Etats-Unis qui m’ont exaucé, mais…la Suisse. Comme quoi, ce langage hédoniste est universel et international.
VOLTAGE ARC, ce sont quatre hirsutes qui sourient comme des benoîts en campagne. Toni Hörner (chant, aucun lien avec Yvette), Merlin Eichenberger (guitare), Moritz Hörner (basse, non plus) et Timon Forrer (batterie). Ces sympathiques sagouins, après un premier album autoproduit sorti en 2022 (In Your Face, c’est clair) nous sortent le grand jeu avec un deuxième long dont la pochette en dit long. Rose et bleu fluo évidemment, mais aussi tout un programme résumé en un seul titre : Sextasy.
L’extase par le sexe ? Je préfère le concret, et dans ce cas précis, l’extase par la musique. Car bien qu’ils soient suisses, ces musiciens sonnent plus californiens qu’une insulte de Nikki Sixx. Assez proche de ce que nos BLACKRAIN pouvaient proposer en début de carrière, Sextasy utilise donc les ficelles qui ont permis au Sunset de devenir la légende de tous les rockeurs permanentés, et nous fournit en riffs jusqu’à la fin de l’année. Quelque part entre KIX, DANGEROUS TOYS et MÖTLEY justement, VOLTAGE ARC dynamite le vintage pour le rendre flambant neuf, via une grosse bordée de tubes qu’on reprend sous la douche en se prenant pour Dee Snider.
Abordant le registre Hard-Rock avec la hargne d’un Heavy Metal mélodique, Sextasy fait trembler nos filets, et marque à chaque attaque. La première étant généralement la plus crue, « Rockin’ Man » joue l’avancée charnue et laisse la défense sur le cul. Je sais que je peux être simpliste parfois, et assez bon public, mais lorsqu’on me prend par les « nananananana » et les « wowwowwowwow », je fonds de bonheur et j’arbore un énorme sourire de rigueur. Et comme les suisses en collent partout, avec énergie, j’ai passé une petite heure sublime en leur compagnie.
Difficile de faire le tri dans cette symphonie à l’outrance juvénile. Comme leurs illustres modèles, les VOLTAGE ARC misent tout sur l’excès, mais aussi le savoir-faire. Car il faut du talent pour copier les plus grands, et encore plus pour afficher son propre maillot par tous les temps. Tout y passe, le mid tempo en moue lippue, la demie-ballade repue, le burner couillu, et le tracklisting étonne de sa diversité. Très bien produit (on se croirait vraiment revenu à Los Angeles entre 1988 et 1990), interprété avec fierté, ce deuxième long est un sacré cadeau fait aux afficionados, qui reconnaîtront en « Make It To The Top » la plus fidèle imitation de Vince Neil et Mick Mars de l’année.
Des indices sur la piste de DEF LEPPARD, des inflexions AC/DC, un chouïa de vague suédoise, et vogue la galère entre deux concerts. « I Thought I Saw It All », rude et âpre bat le rappel des groupies en goguette, « I Don’t Know You » siffle du SKIDROW sur l’avenue, alors que l’étrange « Throw It All Away » se déhanche comme un chanteur en transe de percussions qui repère déjà le bon poisson. Beaucoup de flair dans le choix des thèmes, des mélodies simples mais effectives, et surtout, une sacrée cohésion de groupe, ce qui permet de renforcer cet esprit collégial qu’on aime tant.
« What’s Used To Feel Good » accepte le rôle du quart d’heure tendresse entre deux jeunes femmes en liesse, et lâche une bonne dose d’émotion entre deux hits béton. Toni Hörner est d’ailleurs très crédible en musicien qui assume ses fêlures, et qui joue de sa sensibilité pour attirer les fans apitoyées.
Party band par excellence, VOLTAGE ARC envoie les watts et nous réchauffe de sa fougue. Difficile de ne pas les imaginer sur scène, en sueur, reluquer ta sœur en montant le volume des amplis. Les cotillons ne sont pas obligatoires mais conseillés, et inutile de prévenir les voisins au cas où vous jouiez cet album : ils vous rejoindront immédiatement. Comment en effet ne pas avoir envie de hurler à pleins poumons « Friday Night », lorsque la pénible semaine de boulot touche enfin à sa fin, ou « Turn It Up », injonction sérieuse à faire péter le bouton de volume de votre stéréo.
Un conseil d’ami, ou presque. Regardez le dit documentaire, en entier, et enchaînez immédiatement sur l’écoute de ce disque enflammé. Le cocktail est revigorant, et vous fait même oublier la morosité du présent. Parfois, se plonger dans le passé est thérapeutique. Et savourer Sextasy pendant une heure est bien meilleur que tous les antidépresseurs.
Titres de l’album:
01. Rockin’ Man
02. Make It To The Top
03. I Don’t Know You
04. Throw It All Away
05. Good Time
06. What’s Used To Feel Good
07. The Underground
08. I Thought I Saw It All
09. Life’s Now
10. Friday Night
11. Turn It Up
12. Sin City
13. Never Forget To Drink
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49